Les carnets de voyage de Maria Nadolu
Aprés nous avoir fait découvrir Bruxelles et sa compagnie de danse africaine, Chypre et sa réconciliation fragile chantée sur une note de piano, Maria Nadolu, nous entraîne dans son tour du Monde au coeur du South Bronx à la rencontre de Stephen Ritz, un personnage particulier qui a eu l’honneur d’être reçu par le Pape.
La nourriture : un problème ou une possibilité ?
A quelques kilomètres de Manhattan il y a le South Bronx: là-bas, la situation n’est pas aussi glamour que sur la 5th avenue: 37% des habitants sont en situation d’insécurité alimentaire, 75% des familles sont monoparentales. La pauvreté infantile touche 59% des enfants. Seuls 32% des étudiants obtiennent un diplôme. Le chômage des jeunes touche jusqu’à 28% de la tranche 18-29 ans.
Les résultats d’une enquête effectuée parmi les élèves montrent que 50% des enfants considèrent que le plus grand obstacle à leur réussite scolaire n’est pas les enseignants, ni les écoles, mais leur propre santé et bien-être.
Enseignant de South Bronx, Stephen Ritz est le fondateur de la fondation Green Bronx Machine (la Machine Verte Bronx). Il a eu le courage de chercher les solutions sans se laisser désarmer par tous ces problèmes. C’est lui qui a révélé ces chiffres récemment dans un TEDX au Manhattan en Mars 2015 ; depuis des années il fait tout pour les combattre, activement engagé afin de les changer.
Son credo : les étudiants ne doivent pas quitter leur communauté pour vivre, apprendre et gagner une meilleure vie. Aujourd’hui, il est reconnu en tant que El Capitan et son enthousiasme «Si se puede !» («Oui, on peut !» en Espagnol) est devenu viral, en se répandant au-delà de sa communauté.
Selon lui, la nourriture est un problème mais elle peut devenir aussi LA solution. Stephan s’est rendu compte que pour vivre et apprendre mieux, ses étudiants doivent manger mieux. Nous sommes ce que nous mangeons. L’option classique de Bronx, le plus pauvre district de la nation, c’était le fast food et les produits modifiés chimiquement, pauvres en vitamines. Aussi, les pourcentages de gamins affectés par l’obésité et le diabète restent parmi les plus élevés aux Etas Unis.
El Capitan a décidé de prendre la situation en mains, de transformer ses classes en jardins et d’y planter ses propres légumes et fruits. Au début, ils ont cassé l’asphalte pour amener de la terre et planter. Ils ont demandé et obtenu l’autorisation d’utiliser des bâtiments abandonnés et des lots vides afin de les transformer en jardins. Par la suite, ils ont continué à planter sur les murs.
«Les étudiants sains sont au cœur des écoles saines, et les écoles saines sont au cœur des sociétés résistantes » explique Stephan. De programmes after -school et alternatif à l’origine, Green Bronx Machine est devenue curriculum scolaire à part entière.
La classe de Stephan à Bronx a présenté la première paroi intérieure comestible du Département d’Education New York City qui génère suffisamment de produits pour les repas sains de 450 étudiants, formant la plus jeune main-d’œuvre certifiée à l’échelle nationale en Amérique. Cela ne change pas que les repas et les recettes, mais aussi bien les mentalités .«Si vous développez leurs palais, vous développez leurs esprits, et vous démultiplier leurs possibilités d’évoluer vers quelque chose de meilleur », explique Stephen avec cet engagement et cet enthousiasme indispensables à la matérialisation des rêves.
Aujourd’hui, ses étudiants voyagent de Boston à Rockefeller Center dans les Hamptons, gagnent des honoraires en route vers l’obtention du diplôme. La participation à ses classes a augmenté de 40 % à 93% par jour, et il a aidé à créer et financer 2200 emplois pour les jeunes. Son oeuvre reçoit de plus en plus de reconnaissance au niveau national et mondial ; les prix et les soutiens s’enchaînent;
En Février 2015, il a été reçu par le Pape, et ses enfants ont été invités à la Maison Blanche par le Grand Chef William Yosses. Stephan reste le même, avec ses manchettes roulées, en travaillant ses récoltes, pas que des légumes, mais aussi de jeunes citoyens responsables ; et il est prêt à aller chaque jour plus loin.
Maintenant, il est en train de construire le Centre National de santé et bien-être au PS 55, dans le Bronx. «Si se puede ! (Oui, on peut ! ) Plus d’écoles, moins de prisons ; plus de livres, moins de fusils ; plus d’apprentissage, moins de vice ; oui on veut plus !» main en main avec trois de ses élevés jardiniers, il conclut presque en hurlant, électrifié, une de ses présentations au Manhattan TEDEX.
Entretien avec Stephen Ritz
PLEIN D’AMOUR (les majuscules lui appartient) à l’Afrique et à ses jeunes, répond Stephen Ritz à Fincial Afrik :
Quel est votre perspective sur l’Afrique et son potentiel ?
Je suis tellement inspiré par les gens et les étudiants d’Afrique que je rencontre ici aux Etats-Unis ! Ici, dans le Bronx, chez nous, nous avons une des plus grandes communauté africaines de New York! Des gens qui sont venus ici pour construire une vie meilleure. Non seulement, ils sont déterminés d’y apporter des changements, mais ils sont prêts à les partager chez eux, à la maison! Magnifique. Il y a un sens de la communauté, le respect des anciens et un respect pour la nourriture et l’éducation qui se traduisent bien parmi nos élèves ; Ces valeurs ont un impact général, un véritable effet multiplicateur. Mes parents africains sont très activement impliqués ! Ils apportent résilience, courage et détermination qui rendent mon travail si riche, robuste, et significatif: J’ aimerais venir en Afrique!
A votre avis, quelle est l’étape la plus importante dans le processus du changement des attitudes?
Afin de faire des changements, il faut être déterminé ! Ne vous concertez pas sur la crise, mais sur les opportunités ! Des petits changements et des petits pas s’additionnent rapidement! Commencer avec une conscience claire de la fin, mais divisez toujours en étapes séquentielles qui font sens. Célébrez souvent! Si je peux, tu peux, nous tous pouvons! C’est notre moment collectif!
Quelle est votre recommandation pour les éducateurs africains?
Je leur dirai que l’Afrique et toutes les cultures locales ont des défis spécifiques, mon conseil demeure constant : arrivez au tôt, restez tard, dites «s’il vous plaît» et «merci». Restez ouvert(e), honnête et disponible. N’ayez pas peur de prendre des risques! Faites ce qui est essentiel dans le contexte de ce que vous êtes payé à faire! Dream big!
Green Bronx machine évolue pour le moment au niveau national. Y a-t-il des perspectives de l’internationaliser ?
Nous avons toujours cru que ce que nous faisons pourrait avoir une importance nationale et internationale. Notre travail est enraciné dans l’éducation, aligné à la santé et au bien-être d’une manière qui impacte positivement l’environnement! C’est universel. Notre modèle est écologique, environnemental et intensément entrepreneurial : il utilise 90% moins d’eau et 90% moins d’espace, ce qui est, du nouveau, universellement applicable. Je suis étonné : peu importe où j’y vais, mon travail résonne le plus avec les pays en voie de développement qui réalisent immédiatement la valeur ajoutée, mais aussi avec les riches et les privilégiés parce qu’ils voient un modèle qui est tout à fait logique, et peut fournir nourriture d’une excellente qualité, ainsi que des possibilités économiques évolutives pour tous.
Plus important encore, en ce qui concerne l’Afrique, j’ ai des élèves et des parents qui apprécient ce que nous faisons et ils ont hâte d’apporter l’esprit, la technologie et l’évolutivité du travail que nous faisons ici dans leur pays d’origine, avec notre «si se puede» (oui nous pouvons) attitude! Nous serions ravis de venir en Afrique. En fait, notre COO a travaillé en Afrique pendant des années! Ensemble, nous pouvons développer quelque chose de plus!
Pensez-vous que des initiatives similaires peuvent être développés en Afrique?
Des initiatives similaires doivent être mises en œuvre en Afrique et partout dans le monde. Réaliser que la mère nature n’a pas de compassion, mais nous, en tant que êtres humains, on est là. Nous pouvons et nous devrons le faire justement! Les yeux de l’avenir nous regardent en arrière, demandant que nous obtenions ce droit. Le fait que j’ai des salles de classe remplies d’enfants et des parents prêts, désireux et capables de le faire et planter parle de soi-même, et révèle des possibilités infinies!
Personnellement, je le soutien son appel : «maintenant que vous en savez plus, j’ attends que vous souciez plus, et que vous faites plus.» J’espère que vous aussi.
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Chan chan !