Par Olivier Nadzoué, Libreville
L’Etat du Cameroun sollicite une nouvelle fois le marché financier. Lancé le 24 novembre 2014, l’emprunt obligataire par appel public à l’épargne « ECMR 5,5% net 2014-2019 » qui a été présenté aux opérateurs économiques va servir au financement partiel des projets inscrits dans la loi de finances 2015.
Selon le Ministre des Finances, Alamine Ousmane Mey, les projets à financer par les fonds levés concernent les secteurs des infrastructures routières, portuaires et énergétiques. Une liste détaillée des projets à financer ainsi que leurs coûts n’est pas disponible pour étayer l’objet de l’emprunt. L’on se souvient que lors du premier emprunt obligataire en 2010, malgré son existence, la liste des projets à réaliser communiquée lors du road show n’a pas été respectée et l’autorité de régulation a laissé faire.
On peut alors s’interroger sur la crédibilité du contenu de la note d’information produite par l’Etat et qui est le document contractuel entre ce dernier et les investisseurs. On observe que le taux de cet emprunt est le plus bas des trois emprunts déjà enregistrés par la Commission des Marchés Financiers du Cameroun (CMF), l’autorité du marché financier du Cameroun. En 2010, l’Etat du Cameroun a levé des fonds à 5,6%, en 2013 à 5,9% et en 2014 à 5,5%.
Interpellé par les opérateurs économiques sur cette baisse de 0,4% par rapport au dernier emprunt, le Ministre des Finances l’attribue à la qualité de la signature de l’Etat. Or, tous les emprunts n’ont pas encore été totalement remboursés. L’Etat du Cameroun n’a pas récemment fait l’objet d’une notation spécifique qui puisse justifier une telle baisse. Les marchés financiers de la CEMAC ne disposent pas encore d’une courbe des taux permettant un tel ajustement.
Selon un analyste, cette baisse du taux aurait pour but de respecter le taux de sortie de l’opération fixé par l’Etat en prenant en considération la commission d’arrangement à verser à la SCB Cameroun, filiale du groupe bancaire marocain Atijariwafabank.