Qualifiée d’unique démocratie dans le monde arabe par le très sérieux «The Economist » en juillet dernier, la Tunisie élit son parlement ce dimanche. Historique. Dans un monde arabe où la liberté d’expression subit la double oppression des modernistes au pouvoir et des salafistes en embuscade, la Tunisie post révolution apparaît comme une OVNI. Une sorte de laboratoire démocratique en parfait contraste avec l’Egypte, la Libye et la Syrie, trois pays où la brèche du printemps arabe, ouverte en décembre 2010 avec la fuite de Ben Ali, s’est refermée sur la logique de la force brute.
Il est bien rare en effet , dans ces contrées du monde arabe où les constitutions font cohabiter liberté de conscience et délit de blasphème, liberté religieuse et crime d’apostasie, qu’un peuple élise ses dirigeants sans interférence intérieure ou extérieure . En toute démocratie. Le parlement qui sortira du scrutin tunisien, dimanche 26 octobre , donnera une photographie des forces politiques en présence.
De l’avis des observateurs, le taux d’absention risque d’être élevé, exprimant le rejet du politique de la part des désillusionnés de l’après benalisme. La complexité du vote est un paramètre à prendre en compte. Il y a 1 317 listes de 190 partis politiques à l’assaut de 217 sièges. Si les islamistes d’Ennahda font figure de favori, ils devront disputer la première place à Nida Tounes.
La fragmentation du champ politique laisse entrevoir, à priori, la nécessité de larges coalitions pour gouverner. L’on se dirige (proximité géographique et historique oblige ?) vers une sorte de démocratie à l’italienne où en 70 ans, Berlusconi sera l’un des rares chefs de gouvernement à avoir mené un mandat jusqu’au bout.
Passé ce premier cap législatif, la Tunisie élira son gouvernement pour un scrutin dont le premier tour aura lieu le 23 novembre. L’exécutif sera bicéphal, partagé entre le président et le chef de gouvernement. Après l’élection de la constituante en 2011, ce sera la deuxième fois que les tunisiens iront aux urnes . En l’espace de trois ans, quatre chefs de gouvernements se seront succédés sans envergure pour certains. Le faible niveau du politique a sans doute fait baisser la proportion de la population attachée à la démocratie, tombée de 63 à 48% en trois ans d’après le sondage du centre américain Pew Research Global Attitudes.