La Banque Populaire du Maroc a décidé de créer sa compagnie d’assurances après dix ans de spéculations sur un probable mariage avec Atlanta ou CNIA. Présentées à l’époque comme des proies prometteuses, ces institutions moyennes, qui n’étaient adossées à aucune structure bancaire et offraient l’avantage d’un portefeuille déjà constitué, ont tour à tour échappé aux tentatives, timides, de la BCP.
Ainsi, Atlanta va céder 40% de son capital à la Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG )en 2004 -2005 avant de signer une introduction en Bourse réussie. Quant à CNIA, elle reviendra contre toute attente à l’homme d’affaires Moulay Hafid Elalamy en mars 2005 au terme d’une bataille où la BCP, indécise jusqu’au bout, ne mettra pas les moyens nécessaires à la victoire. Dans la foulée, le groupe Saham s’offrira Es Saada avec son patrimoine foncier et hôtelier, fusionnant les deux entités et donnant naissance à l’ensemble CNIA-Es Saada. La pilule sera amère pour l’ancien PDG de la Banque Populaire, Nourredine Oumary. La BCP ratera aussi la reprise des 49% cédées par l’ex ONA dans l’assureur Axa qui jouait à l’époque les premiers rôles.
L’arrivée de Mohamed Benchâaboun début 2008 allait recadrer les priorités de la Banque populaire. Ente restructuration et désengagement de l’Etat, la banque au cheval, qui avait déjà surpris le marché en reprenant la banque d’affaires Upline, s’offre le groupe d’origine ivoirienne Banque Atlantique à travers un partenariat à égales parts et droits de vote. L’on notera que la compagnie d’assurance de l’homme d’affaires Koné Dosangui, propriétaire de la Banque Atlantique, est restée en dehors de ce deal. Au passage, la banque rate la cible Colina revenue encore au groupe Saham.
Banque de premier plan, la BCP avait besoin d’une compagnie d’assurance pour faire face aux réalités d’un marché marocain où la bancassurance progresse à grande vitesse. Dénommée Taamine Chaabi, la nouvelle entité sera dotée d’un fonds d’établissement de 50 millions de dirhams dont 49 millions détenus par la Mutuelle Centrale Marocaine d’Assurances (MCMA) qui en assurera la gestion.Les feux verts des organes de tutelle et l’assentiment des professionnels ont été obtenus.
Le marché marocain est dominé par RMA Wataniya et Wafa Assurances, un duo appartenant à la troisième et première banque du pays. L’entrée en lice de la BCP va entraîner une sévère redistribution des cartes qui pourrait être fatale à quelques acteurs.