Par Jacques Leroueil, Kigali
Célébrée depuis 2005, la 10e édition de Kwita Izina qui s’est tenue ce mardi dans la localité de Kinigi (Province du Nord), aux pieds des volcans de la Virunga, aura encore une fois fait le plein avec plus de 6.000 visiteurs et un parterre d’intervenants (parmi lesquels la PDG du Rwanda Development Board, Valentine Rugwabiza, ainsi que le Premier Ministre, Pierre Habumuremyi) venus se relayer à la tribune pour promouvoir l’écotourisme des gorilles de montagne. Un plaidoyer qui n’est pas qu’un simple exercice de style.
La cérémonie de Kwita Izina-qui consiste chaque année à donner des noms aux nouveaux bébés gorilles- est aujourd’hui la vitrine incontestée du premier produit touristique qu’offre le pays des Mille Collines : ses gorilles de montagne. Seul pays au monde avec l’Ouganda et la République démocratique du Congo à accueillir ces populations de primates (près de 700 individus recensés sur l’ensemble des 3 pays limitrophes), le Rwanda a su pleinement capitaliser sur cet atout pour attirer les touristes et leurs précieuses devises. De 62 millions de $ en 2000, les recettes touristiques approchent aujourd’hui les 300 millions de $ ; une industrie en forte croissance « où les revenus générés proviennent à 85 % du tourisme des gorilles », comme l’a opportunément rappelé Valentine Rugwabiza lors de son allocution. Rien d’étonnant dès lors à ce que cette activité- très rentable- soit devenue une véritable marque de fabrique de la destination Rwanda. Au risque de renvoyer à l’arrière-plan les autres potentialités touristiques du pays. Conscientes des enjeux, les autorités cherchent ainsi à sortir de cette quasi monoactivité et à développer de nouveaux produits à destination d’une clientèle internationale de plus en plus exigeante. L’écotourisme des gorilles de montagne au Rwanda ne devrait cependant pas perdre de sitôt son statut privilégié de pompe à devises. Au pays des Mille Collines, les gorilles continueront de peser lourd encore longtemps.