Prises de participations, arrivées de nouveaux acteurs, montée de nouveaux risques (catastrophes, terrorisme) réflexes protectionnistes sous fond de redistribution des cartes. En 2013, l’Afrique a forcément gagné de l’assurance.
La prise de participation, fin novembre 2013, de Wendel dans le groupe marocain Saham à hauteur de 13,33% (à la suite d’une augmentation de capital de 100 millions d’euros) fait partie des grosses annonces du secteur de l’assurance en Afrique. Le fonds d’investissement français qui s’allie ainsi avec un grand acteur panafricain (Saham détient CNIA Saada, leader de l’assurance automobile au Maroc et Colina, présent dans une douzaine de pays africains) a annoncé en marge de l’opération un investissement de 2 milliards d’euros dans les quatre prochaines années en Afrique. Un montant qui représente quatre fois ce que le sud-africain Old Mutual (2,4 milliards de dollars de primes émises en 2012) , acquéreur de Océanic Life Insurance au Nigeria en février 2013, compte mobiliser pour l’Afrique dans les cinq prochaines années.
C’est dans cette même tendance du regain d’intérêt pour l’Afrique qu’il faut situer le rachat de l’assureur ghanéen, Express Life Insurance par le groupe britannique Prudential dirigé par l’ivoirien Tidiane Thiam. C’est la première fois que le groupe britannique (46,4 milliards de dollars de primes en 2012 à comparer avec les 600 millions de dollars de primes de l’ensemble des pays de la CEMAC) s’aventure en Afrique subsaharienne, qui plus est, au Ghana, dans une société spécialisée de l’assurance des personnes à faibles revenus.
Cet appétit pour le risque africain est partagé par les groupes pré-existants. Du camerounais Activa, qui a ouvert, fin octobre, une agence au Liberia, à Colina qui obtenu le feu vert pour opérer au Congo-Brazzaville, ultime étape avant le Nigeria et le Rwanda, en passant par la British American Investment Company (Kenya) Limited, qui compte racheter Real Insurance pour d’un coup assurer une présence en Tanzanie, au Malawi et au Mozambique, par le groupe Sunu qui a acquis sa première filiale non vie au Sénégal (rachat de CGA, Compagnie Générale d’Assurance) les enjeux sont énormes. Pourvu que cette course à la taille (expansion géographique, augmentation de primes) s’accompagne, souhaitons-le, des bons vieux réflexes prudentiels et obligatoires d’un secteur qui reste fragile de par les responsabilités lui incombant.
Pour les observateurs, si la branche de l’assurance vie, prise en elle-même, connaît une croissance fulgurante en Afrique ( cession de rattrapage par augmentation du pouvoir d’achat et approfondissement des marchés financiers), l’assurance dommage n’est pas en reste. La preuve, augmentation du rythme de construction des routes, des autoroutes, des malls, des centrales électriques ou encore, récemment au Cameroun, d’un pont sur le fleuve Wouri (marché à l’occasion duquel Activa a démontré sa suprématie en remportant 85% du lot contre 15% pour Axa et, surtout, 0% pour Chanas). La redistribution des cartes est plus prononcée sur le marché camerounais où l’acteur de référence, Chanas, miné par des s querelles de leadership en interne, a perdu du terrain face à ses poursuivants immédiats dont Activa que d’aucuns présentent d’ailleurs comme le nouveau leader du secteur.
En dépit de cette heureuse mue, la tentation du protectionnisme est toujours de mise chez les certains régulateurs nationaux à l’instar du Ghanéen (non membre de la zone CIMA) qui a publié récemment une circulaire obligeant les ministères, les entreprises publiques et les collectivités à souscrire uniquement auprès des assureurs détenus entièrement ou partiellement par l’Etat. Comme si le débat sur l’Etat -assureur n’est pas encore clos.
Ce sont là autant de dynamiques qui seront abordées lors des 38e assemblées générales de la FANAF prévues les 17 et 21 février 2014 à Ouagadougou sous la houlette du président Protais Ayangma lequel, en deux mandats, a permis à la profession de vivre de profondes réformes. Son successeur (Adama Ndiaye du Sénégal est le seul candidat en lice au 29 décembre 2013) devra poursuivre la dynamique et aborder la délicate question des primes en retard, de l’augmentation de capital.
Actuellement, 1 milliard de FCFA suffit pour monter une société d’assurance en zone CIMA .La montée des risques (l’attentat du Wesgate Mall au Kenya a obligé les assureurs à débourser 113 millions de dollars sous forme d’indemnités. Dans ce même pays, l’incendie qui a ravagé l’aéroport Jomo Kenyatta a occasionné 30 millions de dollars d’indemnisations) montrent bien la nécessité d’une telle augmentation de capacité des assureurs.augmentation qui, forcément, sonnera le glas de beaucoup de petites compagnies et entraînera le secteur vers la consolidation tant attendue.
2 commentaires
Nous saluons l’ouverture de plus en plus réelle des marchés nationaux notamment ceux de la CIMA à l’entrée des groupes marocains qui font une percée en AfriqUE C’est tout à l’avantage de nos exploitations qui gagnerons en terme de perception de l’activité d’assurance , d’avènement de nouvelles et bonnes pratiquezs mais surtout il faut saluer le courage de certaines compagnies de ces marchés qui ont compris qu’il faille sauver leurs exploitations à l’heure où se développent des absorbtion et fusions que de disparître comme d’autres moins visionnaires ont disparu plutôt que de se faire absorber.c’est pourquoi il est plus qu’utile pour les petites compagnies de suivre cette politique qui aura l’avantage de transférer la souscription des grands risques complexes tels l’aviation les barrages hydroélectriques avec de fortes retentions sur le marché local, les risques pétrôliers qui étaient jusqu’ici gérés en fronting à cause de la faible capacité de nos ma
Merci pour votre intervention. Nous sommes d’avis que l’intégration économique africaine se fera à travers les grands vecteurs d »échanges que sont les banques, les compagnies d’assurances et les projets communs.
La rédaction