[youtube P4s3UNOAiSU] Le lundi 19 octobre 1987, le Dow Jones affichait une perte de 508 points, soit 22%, à la Bourse de New York. Un triste record qui efface celui, de sinistre mémoire, enregistré le 29 octobre 1929 quand l’indice a glissé de 12,9%.
Il faut noter qu’entre ces deux périodes (1929-1987), la Bourse a évolué sans crises majeures. Celle de 1987 est la cause conjuguée de la déréglementation (suppression des réglementations plafonnant les taux d’intérêt, suppression de la barrière des nationalités à Londres), de l’accélération de la transmission de l’information (il n’y avait pas encore Twitter mais…), permettant aux intervenants d’opérer sur n’importe quelle place financière, en traversant les fusaux horaires, et, en troisième lieu, la multiplication de produits financiers sophistiqués.
Voilà la genèse d’un marché international de capitaux qui échappe au contrôle des Etats et où le marché actions était confronté au moment du crash à une baisse drastique des rendements, poussant les investisseurs à aller placer leurs fonds dans d’autres compartiments. En 1987, au moment du crash, 1000 milliards de dollars de transactions journalières étaient enregistrées contre à peine 15 milliards de transactions commerciales. En 2013, ce sont plus de 5 300 milliards de dollars de capitaux qui sont échangés par jour, soit trois à quatre fois le PIB de l’Afrique. Un chiffre certainement sous estimé puisque, d’après la Banque des réglements internationaux, ce sont 4 000 milliards de dollars qui étaient échangés sur le Forex (marché de change) en 2010, avec une part du lion (84% des transactions) qui revenait au dollar américain, loin devant l’euro, le yen, et les monnaies suisse et anglaise en recul.
Pour en revenir à la crise d’octobre 1987, les raisons liées fondamentalement au contexte de la déréglementation, de la technologie et des produits sophistiqués (dérivés primes, seconds et tertiaires) sont alimentées par la spéculation qui a provoqué une cassure nette entre la sphère réelle et la sphère financière (Quoique cette séparation paraît n’être qu’une valeur pédagogique car quoi de plus réel que la salle delta de UBS ?).
Guerre des monnaies: le coup de sang de James Baker
Déjà à l’époque, il était question du train de vie américain: déficit jumeaux, endettement excessif…et aussi le taux de change du billet vert destinataire de la signature des accords du Louvre sensés maintenir une parité apaisée entre le billet vert et le yen. Sous évalué pour les besoins de l’économie américaine, le billet vert était un instrument de développement et de promotion des exportations américaines. Pour mettre fin à la situation, l’Allemagne de l’Ouest, pays à balance commerciale excédentaire et à monnaie forte, augmente les taux d’intérêt, provoquant une mémorable colère du secrétaire d’Etat américain, James Baker. « Nous ne resterons pas les bras croisés face à ces pays qui veulent freiner la croissance mondiale », déclare-t-il.
Il n’en fallait pas plus pour que les marchés s’emballent avec, déjà à l’époque, des techniques de gestion de portefeuilles faisant recours aux algorithmes et aux robots. L’information (ou sa perception) circulant à grandes vitesses, beaucoup d’intervenants ont anticipé une éventuelle hausse des taux d’intérêt américains. Ce qui montre l’intérêt de la stabilité monétaire et tout le danger lié aux risques de dévaluation. Imaginez la peur bleue des investisseurs à la BRVM ou à la BVMAC qui vivent avec les rumeurs d’une possible dévaluation du Franc CFA distillées à petites doses depuis quelques années.