L’article de Financial Afrik intitulé « Le Safari de la SFI en Afrique » (https://www.financialafrik.com/2013/07/15/le-safari-de-la-sfi-en-afrique-enquete/) avait relevé l’éloignement de la vocation de la SFI de ses missions premières, ses tarifs élevés et ses coûts de service. En réaction, la direction de la communication de l’institution, filiale de la Banque mondiale, nous fait parvenir ces précisions que nous publions en intégralité conformément au code d’éthique et de déontologie de la presse.
Cher M. Ibrahima Dia, Directeur général de Financial Afrik
Il y a encore quelques années, la compagnie Tobinco Pharmaceutical, la plus grosse compagnie importatrice de médicaments anti-paludiques et d’antibiotique au Ghana, était tributaire de ses importations provenant de l’étranger. Elle voulait fabriquer ses propres médicaments mais ne pouvait obtenir les crédits pour financer l’achat et l’importation du matériel nécessaire. Finalement, une lettre de crédit d’IFC, à travers la Merchant Bank Ghana, a permis à Tobinco de réaliser son projet.
Ceci n’est qu’un exemple parmi tant d’autres de l’impact du programme IFC pour la facilitation des échanges commerciaux (GTFP). Grâce à ce programme, qui permet aux banques d’assurer leurs arrières lorsqu’elles financent des opérations d’import/export, ce sont maintenant 4500 banques africaines, y compris en République centrafricaine, au Sierra Leone, au Libéria, entre autres, qui n’hésitent plus à financer le commerce africain.
C’est l’arrivée de matériel de fabrication au Ghana, d’équipement de construction au Libéria, ou d’engrais au Togo que facilite ce programme.
Il est donc malheureux que l’un de vos collaborateurs, clairement mal renseigné vu le nombre d’erreurs factuelles dans son article ‘Le Safari de la SFI en Afrique’, choisisse d’argumenter sur le fait qu’IFC fait des profits et facture ses services. Effectivement, IFC fait des profits, en toute transparence puisque ceux-ci sont publiés dans son rapport annuel, et réinvestit ses profits dans les pays en développement. Effectivement, IFC facture ses services, ceci surtout afin de s’assurer d’une collaboration sérieuse avec ses clients et de ne pas fausser le marché. Il se dit surpris de la prise de capital d’IFC dans certaines entreprises alors que c’est le modus operandi de l’institution depuis sa création – et un de ses instruments principaux pour aider au développement du secteur privé.
Votre collaborateur oublie aussi de mentionner la raison d’être et les résultats impressionnants de l’Asset Management Company (AMC) d’IFC, à laquelle il fait allusion. Rien qu’en Afrique subsaharienne, l’AMC, qui a pour vocation d’attirer les investisseurs institutionnels encore réticents à prendre des risques, a attiré plus de 650 millions en investissements. Cet argent est allé dans des projets comme la compagnie de chemin de fer Africa Railways Limited qui assure la connexion entre le Kenya et l’Ouganda, ou NBS Bank, la troisième banque du Malawi, pour lui permettre d’accroître son financement aux petites et moyennes entreprises, notamment les PME agricoles.
Vous auriez pu dire bien des choses en somme, et il est regrettable que votre article se soit contenté de on-dit.
Lucie Blyth
Chargée de Communication IFC
Liste des griefs relevés dans ‘Le Safari de la SFI en Afrique’ – inexactitudes
- Les statuts d’IFC prévoient que l’institution peut détenir jusqu’à 20% des parts du capital d’une entreprise. Selon le mode d’opération d’IFC depuis sa création, prendre des parts dans une entreprise est un moyen de l’aider à se développer. Il n’y a donc aucun conflit d’intérêt entre la participation actuelle d’IFC à ETI et sa mission première.
- En juillet 2008, IFC a accordé un prêt convertible de 100 millions de dollars au groupe Ecobank Transnational Inc (ETI). Il ne s’agissait pas de l’AMC puisque celle-ci n’existait pas encore. Ce prêt a été converti en parts en novembre 2009, IFC devenant alors actionnaire à hauteur de 11,9% dans ETI.
- Les fonds de l’AMC (ALAC Fund et Africa Capitalization Fund) ont pris une participation d’un montant de 100 millions de dollars au capital de ETI en juillet 2012, AMC devenant ainsi actionnaire de 7,26% dans ETI. Présentement, IFC et AMC détiennent respectivement 6.86% (après dilution de nos actions) et 7,26% des parts du capital d’ETI, soit un total de 14,12%.
- Nous n’avons pas soutenu d’opération d’import d’une valeur de EUR 180 millions au Togo.
- Selon ses statuts et les directives de son conseil d’administration, le mandat d’IFC est de prêter de manière rentable et nous prévoyons donc cette année fiscale, tout comme les précédentes, de faire un profit sur nos investissements en Afrique et dans le reste du monde. Ces bénéfices sont ensuite ou réinjectés dans d’autres investissements ou transmis à l’IDA/Banque mondiale pour des prêts aux pays les plus pauvres.
- Nous facturons les missions d’évaluation que nous menons dans le cadre de notre programme GTFP. En Afrique de l’ouest, nous facturons généralement 10.000 dollars. Lorsqu’il s’agit de cas complexes, par exemple dans le cas d’une banque avec de multiples filiales, il nous arrive de facturer davantage. Ces frais d’évaluation servent essentiellement à deux choses :
- A couvrir une petite partie de nos coûts
- A garantir une participation active de la direction de la Banque dans le programme, afin de s’assurer que le programme, une fois approuvé, sera effectivement utilisé
- D’une façon générale, nous facturons les prix de base du marché sur l’ensemble de nos garanties. En Afrique de l’Ouest, il se trouve que le prix du marché est dans les environs de 1.5%. Nos clients trouvent ce taux concurrentiel et équitable, et par conséquent, nos lignes de crédit sont utilisées activement.
- Nous continuons de prendre des risques directs sur le secteur privé africain en investissant régulièrement sur le continent dans toutes sortes d’entreprises, dans des secteurs variés.
- Nous n’exigeons de garantie d’Etat pour aucune de nos opérations, y compris nos lignes GTFP.
- Nous ne sommes pas les pionniers du marché de la confirmation bancaire et nous n’en avons certainement pas le monopole. Un des objectifs du GTFP est en fait de permettre aux banques de progressivement se défaire de la couverture de risque offerte par IFC. C’est dans ce sens que nous présentons aux banques notre programme, et GTFP est structuré afin d’atteindre cet objectif. Certains de nos clients sont parvenus à ce niveau de maturité et c’est un signe de succès pour notre programme.
Réponse de la rédaction de Financial Afrik
Le fait de s’inquiéter des répercussions de la position de l’IFC, comme actionnaire de référence dans une institution panafricaine centrale, ou encore de relever les niveaux de commissions et les factures de service,s fait partie des interrogations légitimes des banquiers africains, y compris des clients de cette institution. Par contre, loin de nous toute idée de contester l’utilité de l’IFC dans l’écosystème de la finance africaine. Qu’il y ait quelques imprécisions dans l’ article, nous le concédons et voudrions de ce fait nous en excuser auprès de nos lecteurs et de l’IFC en particulier. Par contre, l’enquête, conséquente dans sa ligne directrice, revêt toute son utilité dans le débat fécond du rôle des institutions internationales en Afrique.
Un commentaire
Il est difficile de croire que des conflits d’intérêts potentiels ne surgiront pas entre la participation actuelle d’IFC à ETI et sa mission première.
les interrogations soulevées par l’article (https://www.financialafrik.com/2013/07/15/le-safari-de-la-sfi-en-afrique-enquete/) sont legitimes.
très bon article.