Dans un communiqué publié le vendredi 28 juin, le Gouvernement malien répond à la note du FMI (qui circule sur internet) dénonçant un remaniement destiné à écarter le ministre des finances, Tiéna Coulibaly, jugé trop « orthodoxe’ et qui serait, selon la presse, gardien de la transparence et des bonnes pratiques budgétaires.
En réponse, le Premier Ministre malien a reçu en audience, le 25 juin 2013, une délégation des Partenaires Techniques et Financiers composée des Ambassadeurs d’Allemagne et du Danemark, des Représentants du Fonds Monétaire International (FMI), de la Banque Mondiale et de l’Union Européenne.
Cette délégation voulait des clarifications sur le récent réaménagement du gouvernement et l’avenir du respect des procédures budgétaires. Le projet de réseau national de sécurité que le Mali s’apprêtait à signer avec l’entreprise chinoise ZTE a particulièrement irrité la délégation occidentale et le FMI. Idem pour un accord de prêt que le gouvernement s’apprête à signer avec Exim Bank (Chine) pour l’achat de 600 camions au profit d’opérateurs économiques . La délégation s’inquiète aussi de la vente, par le gouvernement, d’un patrimoine de l’Etat au centre ville de Bamako.
Marchés par entente directe
En réponse, le premier ministre malien, a rappelé la souveraineté de son pays sur le remaniement ministériel. (NDLR: peut-on parler de souveraineté quand son budget est financé à 90% par le FMI et les bailleurs , notamment reçus à la primature?). Concernant l’attribution du contrat à ZTE, rien n’était encore décidé, a répondu le gouvernement malien (NDLR: y-a-t-il dans les clauses des prêts accordés récemment au Mali à Bruxelles, quelque chose qui l’oblige à recourir strictement aux entreprises de l’UE et à celle des bailleurs?).
Par ailleurs, l’achat des véhicules, réalisé par entente directe, serait destiné à la restauration du parc automobile de la primature et de la présidence (attention aux dépenses somptuaires) et à la constitution d’un parc pour la commission dialogue et réconciliation. Autre dépense dénoncée, la réhabilitation du Palais de Koulouba pour 4,4 milliards de FCFA confiée à une entreprise chinoise. « c’est une dépense de souveraineté » répond le premier ministre qui rappelle que la décision n’est pas encore entérinée.
Les enjeux
La polémique n’est pas éteinte pour autant. Le FMI et les bailleurs de fonds voudraient bien profiter du grand marché de la reconstruction au Mali. Sauront-ils contrer les entreprises chinoises et leurs offres compétitives, souples et assorties de lignes de crédit à taux sacrifiés? Si le FMI a passivement ou activement heurté la souveraineté du Mali c’est bien parce que à la base, le Mali ne dispose plus de souveraineté sur son budget, sur le financement et de ses projets et de son agenda politique (élections). La démarche du FMI exprime un rapport de force et le réflexe d’un VRP qui a encore peur des entreprises chinoises. Ceci dit, la réalisation de ces marchés par entente directe est inquiétante pour un pays qui vient de débloquer de haute lutte les premiers décaissements suite auxengagements de Bruxelles. De premiers décaissements coincidant avec l’éloignement du ministre des Finances.