- Les Fintechs africaines ne représentent que 2% des 13 000 start-up de la finance recensées dans le monde
- Parmi l’écosystème des start-up, la Fintech est le secteur qui attire le plus les investisseurs en Afrique. Il a représenté 39% des levées de fonds sur le continent en 2018
- Avec seulement 28% de la population disposant d’un compte bancaire en Afrique, les Fintechs répondent à des problématiques majeures du continent. Elles permettent notamment l’inclusion financière en élargissant l’accès aux services financiers
- Une dynamique de développement des Fintechs à trois vitesses est observée en Afrique, selon les régions
- Des modèles de coopération entre les Fintechs, les banques et les opérateurs télécoms émergent sur le continent
- Des efforts restent à fournir pour alléger les contraintes réglementaires en Afrique et permettre de consolider le développement des Fintechs sur le continent
- Au Maroc, l’écosystème Fintech est encore embryonnaire mais dans un contexte de mutations accélérées
Réalisé en partenariat avec Casablanca Finance City, le rapport « Digitalizing Africa: the rise of Fintech Companies » livre ses enseignements sur l’émergence de l’écosystème des Fintechs africaines, start-up fournissant des offres de services financiers et bancaires basées sur des solutions technologiques innovantes, bousculant les acteurs traditionnels de la banque et de l’assurance. Le rapport présente ainsi les clés afin de promouvoir le développement de ces start-up porteuses d’opportunités pour le continent.
Un contexte favorable au développement des Fintechs en Afrique
Les Fintechs se sont rapidement développées grâce à trois grandes tendances mondiales :
- La révolution digitale en marche, incarnée notamment par 3 technologies de pointe (Big data, intelligence artificielle et blockchain)
- L’évolution des habitudes et comportements d’une nouvelle classe de consommateurs
- L’impact de la crise financière mondiale sur les institutions financières traditionnelles, qui a entrainé une perte de confiance vis-à-vis des acteurs traditionnels de la finance.
Les États-Unis et l’Europe représentent les régions les plus actives. L’Asie, grâce à des pays comme l’Inde et la Chine, est en train de rattraper son retard. L’environnement y est propice grâce à une maturité des marchés, une disponibilité des talents et un cadre réglementaire favorable. L’Afrique, quant à elle, accuse un certain retard, en raison notamment des difficultés en matière de formation des talents ou encore de la rigidité des cadres réglementaires. Néanmoins, le secteur des Fintechs est tout de même le plus actif dans l’écosystème des start- up du continent. Diverses raisons expliquent leur succès :
- Les faibles taux de bancarisation
- Une forte pénétration du mobile et de l’Internet (avec 344 % de taux d’augmentation en équipements mobiles entre 2007 et 2016 et 58% de taux de développement du haut débit mobile entre 2015 et 2016)
- Une population urbaine jeune et technophile (le continent concentre la population la plus jeune au monde, avec une moyenne d’âge de 19 ans en 2019)
- Une diaspora impactant le niveau de fonds rapatriés sur le continent (avec 65 milliards de dollars de fonds envoyés chaque année par la diaspora africaine dans le pays d’origine). Par ailleurs, l’Afrique dispose d’avantages non négligeables pour combler l’écart :
- L’intérêt croissant des organismes bancaires et des opérateurs téléphoniques
- Les nombreux efforts des gouvernements africains pour soutenir l’émergence du secteur (options de financement adaptées aux besoins des Fintechs)
Une dynamique de développement à trois vitesses
Malgré un contexte favorable, on constate une forte disparité dans le développement des Fintechs africaines. A travers l’analyse de 170 Fintechs dans 8 pays d’Afrique, trois écosystèmes différents se distinguent :
1. Les « leaders » d’Afrique anglophone (basés au Nigeria, Ghana, Afrique du Sud et Kenya) :
La région est la plus dynamique en matière de développement des Fintechs. Gouvernements et banques affichent leur soutien aux Fintechs en investissant temps et efforts pour leur permettre de se développer. Les acteurs traditionnels de la finance misent sur ces start-up pour se différencier, soit en collaborant directement avec elles, soit en leur permettant de se développer en dehors de leurs murs.
2. Les « prometteurs » d’Afrique francophone (installés au Sénégal et la Côte d’Ivoire) :
Considéré comme une solution viable pour relever certains défis du continent comme l’inclusion financière, les gouvernements dans la région manifestent la volonté d’accompagner le développement des Fintechs. Les avancées dans le secteur restent néanmoins limitées en raison d’un manque de coopération des acteurs traditionnels de la finance et des opérateurs télécoms, qui craignent de souffrir de la concurrence des Fintechs.
3. Les « émergents » d’Afrique du Nord (basés au Maroc et en Tunisie) :
Malgré certaines initiatives encourageantes lancées par les autorités publiques, le cadre
réglementaire demeure relativement rigide et ne permet pas aux Fintechs de se développer
facilement. La majorité d’entre elles opèrent dans les paiements ou les transferts d’argent.
Alors que l’essor des sociétés Fintechs en Afrique suit une tendance positive, un alignement
des différentes initiatives sera nécessaire pour accélérer et consolider cette croissance.
L’humain, l’attractivité du pays et l’accès au financement, indissociables leviers pour la construction d’écosystèmes de Fintechs performants
En s’appuyant sur les expériences réussies sur le continent, il en ressort que le développement des Fintechs nécessite une approche intégrée, combinant trois leviers stratégiques :
- Le développement des talents de demain dans la région, en privilégiant un système éducatif valorisant l’innovation, l’esprit d’initiative et la créativité, en permettant notamment aux apprenants de mener des projets en parallèle de leur parcours scolaire ou académique. La sensibilisation précoce à l’usage des nouvelles technologies est également à préconiser à l’ère du tout digital.
- L’amélioration du climat des affaires, en proposant un environnement attractif pour les investisseurs et en minimisant le poids de la bureaucratie et des autres freins à l’investissement. Les autorités publiques doivent jouer un rôle de « facilitateur » pour attirer des entreprises désireuses d’investir dans les start-up et favoriser le développement de leurs entrepreneurs.
- L’amélioration de l’accès au financement, en incitant les acteurs du système financier (banques, fonds d’investissements et bailleurs de fond) à répondre aux besoins des start-up africaines, puis à envisager leurs perspectives et stratégies d’expansion. Cet encouragement à l’investissement passe nécessairement par une sensibilisation autour de l’importance de l’écosystème des Fintechs pour l’économie réelle (contribuant notamment à l’inclusion financière des populations vulnérables).
« Dans un continent où le niveau d’utilisation des services financiers est relativement faible, l’Afrique a démontré une capacité surprenante à développer des solutions innovantes adaptées à ses spécificités. Le continent a toutes les cartes en main pour devancer les économies développées en matière de Fintech, à condition que responsables politiques, institutions financières et entrepreneurs adoptent une approche concertée. Les problématiques auxquelles ils doivent répondre ne concernent pas les technologies en elles- mêmes, mais les clés pour bien les exploiter et la législation pour soutenir la croissance et l’entreprenariat ».
Déclare Tom Cool, Associé Consulting chez PwC au Maroc
Zoom sur le Maroc : un écosystème Fintech encore embryonnaire mais en pleine mutation
Le Maroc est un marché très dynamique au sein duquel le secteur de la Fintech se popularise. Les Fintechs émergent, et gouvernement, institutions financières et opérateurs télécoms s’y intéressent de plus en plus.
Plusieurs initiatives récentes et l’évolution du cadre réglementaire en attestent.
L’adoption par Bank Al-Maghrib de la loi 103-12 en est un exemple emblématique. Elle
permet aux services non bancaires (notamment les opérateurs télécoms) d’offrir des
solutions de paiement mettant fin au monopole des banques, pour promouvoir l’inclusion
financière.
Le Maroc est par ailleurs l’un des seuls pays sur le continent à déployer de nombreux efforts pour faire adopter une loi facilitant l’activité de financement participatif (crowdfunding).
Au Maroc, l’accès au financement pour les start-up est également un enjeu majeur en
évolution.
Le Fonds Innov Invest lancé par la Caisse Centrale de Garantie (CCG) pour renforcer l’offre
de financement ciblant les startups innovantes en est l’illustration. Il a nécessité un prêt de
50 millions de dollars auprès la Banque mondiale.
Ce projet permet au gouvernement d’accompagner deux types de structures (incubateurs et accélérateurs), qui reçoivent un financement pour les start-up de leurs portefeuilles respectifs. Seulement, on ne dénombre encore que très peu de Fintechs en faisant partie.
Si tous les éléments semblent réunis pour permettre le développement d’un écosystème Fintech performant au Maroc, la mise en œuvre des initiatives doit impérativement s’accélérer si le pays veut jouer un rôle clé dans le développement du secteur.
À propos de PwC au Maroc
Avec 276 000 personnes réparties dans 158 pays, les entités membres du réseau PwC aident les entreprises de toutes tailles, publiques et privées, à créer de la valeur en développant des missions de conseil, d’audit et d’expertise comptable.
Au Maroc, PwC développe cette approche à travers deux entités juridiques, membres du réseau international PwC : PwC Maroc (Audit, Expertise comptable et Conseil fiscal) et PwC Advisory (Stratégie et Consulting, Transactions et Conseil juridique).
PwC Maroc et PwC Advisory travaillent en étroite collaboration avec l’ensemble des autres entités membres du réseau international PwC. Elles peuvent ainsi faire bénéficier leurs clients des expertises techniques et sectorielles de l’ensemble du réseau et apporter des prestations à haute valeur ajoutée.
PwC au Maroc rassemble aujourd’hui 15 Associés et plus de 200 collaborateurs. Ceci lui permet d’offrir
à ses clients, depuis Casablanca, une réactivité, une proximité et une connaissance accrue du tissu
économique local.
Fortes de leurs compétences sectorielles et de leurs expertises métiers, les équipes de conseil de PwC
au Maroc constituent un pôle d’excellence qui a vocation à accompagner leurs clients partout au
Maghreb et en Afrique francophone, du conseil et de la stratégie à l’exécution, en passant par
l’expérience client, avec des expertises fortes et reconnues dans les services financiers, le secteur
public, l’énergie, les projets d’infrastructure, l’agribusiness et les télécoms.
En 2019, PwC au Maroc a annoncé l’acquisition du cabinet Optimum Conseil, renforçant ses activités de conseil « People & Organisation ». Après lancement en 2015 de la marque Strategy& (anciennement Booz & Co) et le lancement de son offre Experience Center en 2018 pour accompagner la transformation digitale et culturelle de ses clients marocains et africains, PwC au Maroc poursuit donc le développement de ses activités, dans le souci d’inscrire son offre toujours au plus près des besoins réels de ses clients et partenaires.
« PwC » fait référence au réseau PwC et/ou à une ou plusieurs de ses entités membres, dont chacune constitue une entité juridique distincte. Pour plus d’informations, rendez-vous sur le site www.pwc.com/structure