Invité spécial de l’ex-Premier ministre français et maire de Bordeaux, Alain Juppé, le ministre-conseiller du Chef de l’Etat sénégalais, chargé des investissements, Mamadou Diagna Ndiaye, a fait un vibrant plaidoyer pour un retour massif des investissements de l’Union européenne dans le continent africain.
Pour le conseiller spécial du Chef de l’Etat sénégalais, chargé des investissements, le repli des entreprises européennes répond comme en écho à la réduction de l’aide au développement allouée à l’Afrique. Selon les chiffres publiés par l’OCDE, l’aide au développement a reculé de 4% en valeur réelle en 2012, après avoir baissé de 2% en 2011. Une première cause explicative est à trouver dans la crise financière et les turbulences dans la zone euro .Ces impondérables ont amené les gouvernements de nombreux pays à appliquer des mesures d’austérité et à amputer les budgets alloués à l’aide selon Mamadou Diagna Ndiaye.
Un redéploiement notable de l’aide des pays les plus pauvres vers les pays à revenu intermédiaire.
Défini par Mo Ibrahim et Kofi Annan, respectivement président de la fondation qui porte son nom pour la promotion de la bonne gouvernance et ancien SG de l’ONU, comme le « nouvel atelier du monde », le continent africain semble avoir fait l’objet d’un désengagement de l’Europe et de la France a déploré le conseiller spécial. A contrario poursuit-il, la Chine pour répondre à ses besoins énormes de matières premières, a multiplié les investissements en Afrique. Puis, profitant du vide laissé par le retrait, au cours des dernières années, d’entreprises occidentales, l’Inde, les pays arabophones, et la Chine se sont installés, ont investi et mené des partenariats réciproquement avantageux. Les Chinois a-t-il renchéri, ont compris que l’Afrique était au cœur des mutations importantes. Ils y commercent, investissent et y forment des élites africaines y compris dans la maitrise de la langue chinoise. Des opérateurs économiques autochtones issus de pays émergents (nigérians, Sud-africains, ou marocains) qui ont compris cette dynamique se lancent eux aussi à l’assaut du continent.
D’un continent sans espoir à une Afrique en forte croissance
Entre 2001 et 2010, le continent africain a connu une croissance économique moyenne du PIB de 6,5%. Pendant ce temps, les échanges commerciaux entre l’Union Monétaire Ouest Africaine et l’Asie en valeur relative sont passés de 11% en 2004 à 21% en 2010. Dans le même temps, la part de la zone euro s’est repliée de 58% à 23% entre 2004 et 2010. En raison de ses énormes potentialités encore inexploitées, le continent africain s’impose comme l’un des grands enjeux du XXIème siècle. L’Afrique émerge peu à peu, une émergence tardive certes, mais progressive et irréversible. Il s’y ajoute que l’Afrique est le plus jeune continent du monde avec 200 millions de jeunes âgés entre 15 et 24 ans qui deviendront 400 millions en 2045. Selon le rapport 2013 de l’Institut national d’études démographique(IND) le continent passera de 1,1 milliard aujourd’hui à 2,4 milliards d’habitants en 2050, ce qui impliquera des besoins d’urbanisation, d’industrialisation et d’infrastructures. Cette participation du ministre conseiller sénégalais a permis de repositionner le géant ouest-africain comme pays de destination de l’investissement privé. Mamadou Diagna Ndiaye a su convaincre ses interlocuteurs sur le fait que l’Afrique est passée d’une perception de continent sans espoir (Hopeless Africa) marquée par la misère ,la pauvreté et les guerres à la position de plus en plus enviée de continent en croissance(Rising Africa) comme l’a largement reconnu le journal international de référence, « The Economist ».