Wajih BELAID est un jeune entrepreneur tunisien issu d’une famille modeste et symbole de la méritocratie de l’école tunisienne. Après une maitrise en études supérieures commerciales de l’Ecole Supérieure de Commerce (ESC) de Tunis en 2007 couronnée par un master en management auprès de la même école en 2008, ce jeune passionné de l’informatique se lance dans la recherche de l’emploi. La Tunisie n’en offrait presque plus à ses jeunes bien formés mais confrontés à la précarité. Plusieurs mois d’intenses recherches plus tard, il est embauché en tant que logisticien par une multinationale en Transport. Rapidement promu chef logistique, Wajih finira sa carrière après 12 années d’expérience en tant que Supply chain Manager. Puis c’est le grand virage.
Au terme de ses longues années d’expérience, Wajih BELAID a eu la courageuse idée de devenir entrepreneur et de mettre au profit de ses rêves toutes ses compétences. Ainsi, au moment où les les jeunes de son âge pensaient à quitter le pays, Wajih BELAID mobilise ses économies et son énergie pour créer l’une des plus jeunes startups de vente en ligne. En 2014, Promodeal est portée sur les fonts baptismaux. C’est l’occasion de vivre de visu les défis de l’entrepreneur, les rigueurs de la procédure, les contours de la législation et aussi de tester l’infrastructure technique mise en place. Le plus dire, se souvient-il, fut de convaincre le tunisien d’acheter en ligne. Adapter une population habituée au cash aux nouvelles tendances commerciales internationales n’était pas une mince affaire. Le défi est relevé. Aujourd’hui, Promodeal existe et génère assez de flux pour garantir les salaires d’une dizaine d’employés directs et de 22 employés indirects.
En 2020, en dépit de la crise du COVID qui a découragé la majorité des investisseurs, Wajih BELID lance une nouvelle entité d’import-export pour promouvoir le label «Made In Tunisie».
En deux ans, la nouvelle entreprise a eu un indice d’évolution à deux chiffres mettant en valeur plusieurs produits 100% tunisiens fabriqués par des industriels locaux.
Le parcours entrepreneurial de Wajih BELAID ne s’arrête pas là.
A la fin de l’année 2020, il y a eu question de développement mobile partout dans le monde. «L’heure est venue pour les consommateurs tunisiens d’avoir leur propre application développée à 100% par des tunisiens et s’adaptant au comportement d’achat local sans barrière de langue ou de fonctionnalités compliquées».
Avec un groupe de jeunes fraichement diplômés des universités les plus prestigieuses au niveau national, le nouveau rêve intitulé «YALLA FID» s’est concrétisé. «Yallafid est un concept totalement innovant. C’est plus qu’une plateforme de vente en ligne ou une place de marché ordinaire. Yallafid gère la relation client de bout en bout, avant-vente, vente et après-vente. La plateforme est faite pour renforcer la relation client dans un contexte 100% africain ».
La nouvelle plateforme se positionne donc dans ce qui constitue l’objectif de tous les marketeurs: améliorer la relation client. Pour Walid, les spécificités culturelles sont essentielles. «Le consommateur africain est au centre de notre application. Il est temps qu’il ait sa propre solution digitale pour gérer ses programmes de fidélité. Notre application garantit une réelle transition digitale 100% africaine». L’adaptation aux comportements d’achat et de communication du consommateur africain est intégrée dés la conception. « Yallafid offre une réelle opportunité de choix avec de multitudes programmes de fidélités permettant d’offrir ses points de fidélités et de les convertir d’une enseigne à une autre. «
Au moment du lancement de l’application, l’utilisateur affinera son flux de données en choisissant les enseignes qu’il souhaite voir durant son expérience sur l’outil. Il peut évidement ajouter ou enlever les familles de produits qu’ils désirent ».
Évidemment dans cet exercice, la question des partenaires et des marques mises en avant se pose d’elle même. « Nos partenaires pour cette application seront toutes sortes d’entreprise quelques soit leurs tailles et leurs budgets. L’accent est mis sur la simplicité et l’ergonomie », assure Walid. Led partenaires auront accès à une plateforme digitale pour optimiser la proximité client grâce à des programmes de fidélité personnalisables pour dynamiser le réseau client existant ou développer le portefeuille de nouveaux prospects. Plus simplement, une petite entreprise ou un commerçant pourra gérer son portefeuille client, le dynamiser au besoin et lancer ses programmes de prospection sur la plateforme. Aucune compétence technique n’est requise pour cela. « Et tout est dans l’intérêt du consommateur qui peut voir le petit artisan du quartier lui offrir un réel programme de fidélité totalement digital ».
À préciser que le concept n’impose pas de pourcentage sur le CA réalisé pour, explique le concepteur, «ne pas léser les partenaires et éviter que cela ne se répercute sur le consommateur final».
L’application Yallafid s’inscrit dans la nouvelle donne postcovid marquée par une accélération de la transition numérique. Toutes les conditions sont réunies en Afrique pour réussir le virage numérique. «De nos jours, la population africaine est fortement connectée, les infrastructures sont en cours de développement et sont assez efficaces dans certains pays. L’accent est mis actuellement sur les services digitaux à apporter à cette population qui cherche une technologie basée sur des compétence 100% africaine ».
Toutes les analyses comportementales le démontrent, la pandémie a accéléré l’inclusion digitale du consommateur africain. « On constate une réelle métamorphose des habitudes des consommateurs de plus en plus demandeurs d’applications digitales de tous genres pouvant améliorer leurs comportements d’achats à travers des plateformes efficaces mais qui restent jusque-là internationales et pas forcément adaptées aux contextes locaux ».
La pandémie, poursuit Wajih, a souligné « la nécessité de développer une plateforme qui nous unit, une plateforme qui reflète nos valeurs, qui s’adapte aux écosystèmes économiques africains basés dans la majorité des pays sur l’agriculture, l’artisanat et les petits industriels».
Dans un continent où 98% des entreprises sont PME et où la moyenne d’âge n’excède pas 30 ans, l’innovation rime avec la capacité à répondre aux besoins de l’écosystème des petites entreprises et aux jeunes. «Une petite entreprise africaine doit pouvoir dans un futur proche exposer sa marchandise en ligne en toute simplicité et apporter aux consommateurs locaux des services à forte valeur ajoutée ».
Quant à la jeunesse, elle reste le moteur de l’innovation. «Les pays africains misent sur la jeunesse et il y a des outils technologiques adaptées. Nous avons acquis assez d’expérience pour travailler en toute autonomie au service de l’économie de notre cher continent. A travers les plans de développement de la majorité des pays africains, on constate une réelle prise de conscience de l’importance de la connectivité. Il est temps de parler de l’autonomie du continent africain en termes d’outils digitaux ».
En dépit du contexte de récession économique, la Tunisie continue d’être un laboratoire des Fintech. Le pays est classé parmi les premiers pays africains en termes de la qualité de ses compétences en IT, ce qui n’en fait pas un marché saturé. «Généralement, dans le domaine informatique, on ne parle pas de saturation mais plutôt d’ouverture aux marché internationaux.Aujourd’hui, il est important de voir que les compétences tunisiennes sont mobilisées pour apporter leurs soutiens et accompagnement aux pays africains. En tant qu’entrepreneur tunisien, je préfère servir le marché africain avec des compétences africaines ».
Dans ce contexte fécond, les perspectives à l’horizon 2030 sont radieuses. « 2030 c’est demain, notre plan d’évolution est déjà tracé. Notre objectif pour les 10 prochaines années est de donner accès aux consommateurs africains à des services tant attendus comme l’accessibilité aux catalogues de produits en ligne, la digitalisation de compte client sur smartphone et d’accorder ainsi la chance aux partenaires locaux quelque soit leurs tailles de présenter leurs produits et services en ligne ».
Wallafid fera le tour de l’Afrique à travers des partenaires locaux dans chaque pays, pour l’intérêt de l’Afrique. «La centralisation du trafic d’offre et de demande peut ainsi déboucher sur les services plus économiques pour le consommateur africain comme les livraisons groupés ou l’inclusion bancaire ». Pour aller plus loin, le concept mis en place peut accélérer la formalisation de certaines activités et apportera une brise d’air frais aux économies africaines.