Les perspectives 2020 de l’Afrique subsaharienne vues par la Banque Mondiale ne sont pas rassurantes. La région devrait enregistrer une croissance de 2,9% en 2020, plus faible que prévue, mais meilleure que les 2,4% enregistrés en 2019. Pendant ce temps, la croissance mondiale ne devrait pas dépasser 2,5% contre 2,4% en 2019 quoique avec de fortes interrogations sur le « gonflement sans précédent de la dette dans le monde et le ralentissement prolongé de la croissance de la productivité« , indique la Banque Mondiale dans son rapport sur les perspectives mondiales daté de janvier 2020 . Les économies avancées devront marquer le pas et passer de 1,6 à 1,4% de croissance en raison de la « faiblesse persistante du secteur manufacturier ». Les économies émergentes et en développement verront quant à elles la croissance s’accélérer à 4,1 %, contre 3,5 % l’an dernier
L’Afrique subsaharienne, elle, est plombée par ses trois mastodontes: l’Afrique du Sud où la croissance attendue ne devrait pas dépasser 0,9% en 2020, le Nigeria où celle-ci devrait atteindre 2,1% et l’Angola cantonné à 1,5%.
A l’inverse, l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) devrait, avec 6,4%, enregistrer la croissance la plus forte du continent en 2020. Pour sa part, le Rwanda, porté par les réformes, devrait voir son PIB augmenter de 8,1%. Le Kenya, moteur de l’économie numérique, devrait lui aussi atteindre 6% de croissance.
La grosse inquiétude pour la partie subsaharienne du continent réside sur son modèle de développement, avec une croissance par tête d’habitant devant être la plus faible au monde doublée d’une hausse généralisée des charges de la dette publique et, accessoirement, des dépenses de sécurité nécessaires à la lutte contre le terrorisme au Sahel et au Nigeria. Le taux de croissance par habitant reste très faible en Afrique et dans les pays émergents comparée aux moyennes à long terme et progressera trop lentement pour atteindre les objectifs d’élimination de la pauvreté. « C’est en Afrique subsaharienne, où vivent 56 % des pauvres de la planète, que la croissance du revenu devrait être la plus lente », indique la Banque Mondiale.
Les prévisions de la Banque Mondiale mettent en exergue une augmentation de la dette des pays émergents passée de 115% du PIB en 2010 à 170 % du PIB en 2018. A la dette élevée et à la faible progression de la croissance par tête d’habitant, il y a un troisième facteur souvent minoré dans les diagnostics: la productivité. Celle-ci représente moins d’un cinquième de celle observée dans les économies avancées, voire seulement 2 % en ce qui concerne les pays à faible revenu.