Les gérants de fonds réfutent l’idée qu’il y a eu un krach boursier en 2017
Après une première et une deuxième partie consacrées aux dynamiques du marché et aux raisons externes et internes expliquant la correction enregistrée à la BRVM en 2017, Daniel Aggre, Managing director and founder of Sikadvisory et Ahmed Diallo, abordent dans cette troisième et dernière partie les perspectives 2018. Résolument optimistes.
Afin de mieux comprendre la baisse du marché, une enquête a été menée auprès des gestionnaires de fonds de la sous-région Uemoa. L’objectif affiché : connaître le moment de l’année où les gérants de fonds ont senti la baisse du marché, les stratégies adoptées et les perspectives pour l’année 2018.
Il ressort de l’exploitation des informations que les gérants de fonds ont constatée pour la plupart, la baisse du marché à la fin du 1er trimestre 2017 (avril). Et d’autres en début du second trimestre.
Stratégie adoptée
Afin de comprendre les stratégies mises en place à la suite du repli du marché, il leur a été demandé de décrire la composition du portefeuille en début d’année et en fin d’année.
L’examen des résultats montrent que la part des actions dans le portefeuille des gérants de fonds a fortement diminué entre les deux périodes. Début 2017, ces parts variaient entre 35% et 81% de ceux des répondants. A la fin de l’année 2017, les parts des actions dans le portefeuille tombaient respectivement entre 20% et 66%.
Après avoir constaté la baisse du marché, les gestionnaires ont commencé à réduire leurs positions dans les actions. Les résultats obtenus montrent qu’au second trimestre 2017 certains ont réduit de 10% ou plus au second trimestre. Ils ont alors fortement désinvesti dans les actions pour injecter leurs ressources dans le marché des obligations. D’autres ont préféré garder des liquidités.
Ces décisions sont le résultat entre autres de la pression subie. A ce niveau, il est important de relever que les fonds dont les clients sont constitués d’entreprises et de particuliers ont subi la pression de ces derniers. De plus, la préparation des OPV annoncées et la baisse du cours des actions du marché ont accentué le désinvestissement.
Les ressources désinvesties ont servi à l’achat d’obligations et au renforcement des titres qui se sont bien comportés. Ou même à des investissements en dehors du marché de la BRVM. Toutefois, les gérants de fonds réfutent l’idée qu’il y a eu un krach boursier en 2017.
En effet, ils ont presque tous soutenus que le marché a juste connu une baisse due à des évènements externes (voir l’article sur Krach boursier ou simple correction de la BRVM en 2017 pour plus d’éléments).
L’enquête s’est également intéressée aux attentes des investisseurs pour l’année 2018. Il est ressorti que les investisseurs sont optimistes. En effet, ils s’attendent à une reprise du marché et misent sur une amélioration des indices de la BRVM entre 0 et 5% durant l’année 2018. Aussi, ils comptent mieux se positionner sur le marché des actions en tablant sur des croissances des portefeuilles de 10% durant l’année.
Les perspectives selon SIKA ADVISORY
Selon les analystes de SIKA ADVISORY, “l’année 2018, sera meilleure que l’année 2017.”
“Notre opinion est d’abord basée sur le fait que les spécialistes du marché y croient dans un premier temps.”, indiquent-ils.
Dans un second temps, l’activité boursière de la BRVM étant fortement liée à l’économie ivoirienne, la Côte d’Ivoire continue d’avoir la confiance de ses principaux bailleurs de fonds et du monde économique. Et-ce, malgré une année 2017 difficile, marquée par des revendications sociales et des mutineries.
En outre, le projet de loi du budget 2018 annoncé par le gouvernement ivoirien marque ainsi une augmentation du budget d’investissement à 1997.2 milliards de FCFA, soit 29.6% du budget de l’Etat et 7.6% du PIB. Par conséquent, l’année 2018 sera dominée par de grands projets d’infrastructures en collaboration avec les partenaires financiers.
Notamment, le projet de transport urbain (86,3 milliards FCFA), la construction des infrastructures du Train Urbain d’Abidjan (30 milliards FCFA), la construction et l’extension des aéroports de l’intérieur (30 milliards FCFA). Ou le projet de Renforcement des Réseaux de Transport et de Distribution (PRETD) (30,1 milliards) , pour ne citer que ceux-là.
La croissance Ivoirienne est projetée à +7.5%, celle du Sénégal devrait être autour de +7%. Les déficits budgétaires de l’union devraient décroître de -4.4% en 2017 à -3.3% en 2018, d’après les estimations du FMI.
Similitude avec le marché du Ghana et du Kenya
Sur la base de l’analyse technique. Notre région est le plus souvent comparée au marché Kenyan et Ghanéen. Ces deux marchés ont connu une forte baisse, ces deux dernières années pour le Kenya et ces 3 dernières années pour le Ghana. Pour les deux pays précités, le marché a enregistré une baisse de plus de 30% pour chaque pays et l’année suivante fut celle de la reprise.

Quant à la BRVM Composite, elle a enregistré une baisse de 21% sur les 2 dernières années (2016 et 2017). Et nous avons précédemment constaté que l’année 2017 ressemble étrangement à celle de 2011. Donc sur la base d’une analyse technique, 2018 devrait suivre la progression de 2012. C’est à dire une reprise mais pas de la même dimension.
Sur la base de l’analyse fondamentale, la forte baisse enregistrée par le marché, cette année, est venue corriger la surévaluation de nombreux titres cotées (VIVO ENERGY CI, SERVAIR ABIDJAN, SMB, TRACTAFRIC MOTORS…).
En effet, la forte croissance économique de la Côte d’ivoire au sortir de la crise post-électorale et le déficit d’analystes financiers sur le marché ont permis la création d’une certaine bulle.
Par ailleurs, les annonces de fractionnement ont été perçues par certains investisseurs comme une baisse du prix de l’action (cf tableau ci-dessous) Conséquence, le prix des actions splittée sur la période (2012-2016) à l’exception de SERVAIR ABIDJAN ont tous enregistré une forte croissance en moins de 2 mois sans aucune base réelle.
*A titre d’illustration,
Toutefois, la baisse du marché ces deux (2) dernières années ont ainsi permis de corriger certaine surévaluation des titres. Tout semble donc indiquer que l’année 2018 devrait commencer sur de bonnes bases.
De même, dans les perspectives de développement de la Bourse en cette année 2018, le Directeur de la BRVM, Edoh Kossi Amenouve a évoqué le 3ème compartiment dédié aux PMEs.
Plusieurs interrogations se profilent à l’horizon. Entre autres, comment les accompagner pour une réussite de leur cotation en Bourse ? Comment leur inculquer une bonne communication financière ?
Comment même améliorer la communication financière des entreprises cotées à la BRVM ?
Pour les analystes de SIKA Advisory, “si la communication financière des entreprises cotées est améliorée, elle contribuera à l’amélioration des plus-values à la BRVM dans les années à venir”.
Tant de questions qui feront l’objet de notre prochain article sur la communication financière à la BRVM .
Daniel Aggre, Managing director and founder of Sikadvisory et Ahmed Diallo (analyste financier)
Daniel K. AGGRE (photo) est financier de formation, titulaire d’une maîtrise en Économie pure, obtenue à l’Université de Cocody (Côte d’Ivoire) et d’un Master en Banque et Finance à London Metropolitan University en Grande Bretagne. Il a exercé 10 ans en tant qu’analyste financier spécialité marché des actions et Commercial de produits financiers dans la Société d’information Financière, Bloomberg.
Daniel AGGRE a une très bonne connaissance des marchés financiers Africains. En tant que responsable sub-saharan ex south africa, il a développé des produits financiers pour cette région. Daniel a travaillé à la city de Londres, à Genève et sur la place financière de Dubaï.
Il organise régulièrement des séances de formations aux techniques de la bourse à Abidjan. M. AGGRE est le Managing Director et founder du cabinet SIKAdvisory.