Par Nephthali Messanh Ledy, Envoyé spécial à Ahmedabad
C’est une semaine d’intenses activités que s’apprête à vivre Ahmedabad, la principale ville de l’Etat du Gujarat situé au Nord-ouest de l’Inde, dans le cadre des 52e Assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (BAD), et du Fonds africain de developpement. Au rang des principaux évènements, une session de la coopération Afrique-Inde, portant sur les partenariats pour la révolution verte 2.0.
C’est tout de même l’une des activités majeures de cette rencontre dont le thème central évoque une transformation souhaitée de l’agriculture pour la création de richesse en Afrique. Un thème qui, selon la BAD, souligne l’importance cruciale du secteur, tant en Afrique que dans le travail qu’elle accomplit.
En effet, séduite par le succès de l’Inde – un pays qui a triplé ses rendements agricoles par le biais de « la révolution verte » dans les années 60 _, l’institution qui tient ses assemblées annuelles du 22 au 26 mai, traduit son engouement à la question. C’est une « opportunité que l’Inde, berceau de la « révolution verte », partage l’expérience engrangée avec les milliers de participants attendus au plus important rendez-vous annuel de la Banque », selon un communiqué.
Pour la BAD qui avait déjà annoncé une augmentation de ses investissements dans le domaine agricole à plus de 24 milliards de dollars sur la période 2016-2025, l’idée est d’abord, d’accompagner cette transformation dans 15 chaînes de valeur prioritaires pour des produits de base de zones agro-écologiques précises, afin d’atteindre l’autosuffisance pour certains produits essentiels comme le riz, le blé, le poisson, l’huile de palme, l’horticulture et le manioc. Ensuite, monter dans la chaîne de valeur avec des produits essentiellement destinés à l’exportation comme le cacao, le café, le coton et les noix de cajou, assurer la sécurité alimentaire au Sahel grâce au sorgho, au mil et à l’élevage, et exploiter enfin le potentiel de la savane guinéenne pour la production de maïs, de soja et de viande.
En rappel, la BAD version Adesina croit toujours au potentiel d’accroître la valeur du rendement agricole annuel africain de 280 milliards de dollars en 2010 à 500 milliards de dollars d’ici à 2020. Pour le président – par ailleurs ex-ministre de l’agriculture et du développement du Nigeria -, le continent doit remettre l’activité agricole au cœur de son économie.
Pour mémoire, l’institution panafricaine avait déjà lancé en 2016 une stratégie intitulée « Nourrir l’Afrique : Stratégie pour la transformation de l’agriculture africaine ». Elle vise à déployer l’agriculture comme une activité commerciale misant sur la valeur ajoutée, « dont le secteur privé serait le moteur grâce à l’action du secteur public, et en recourant à des mécanismes financiers innovants », dans le but de mettre un terme à la faim et à la pauvreté rurale en Afrique jusqu’en 2025.
Quid d’une volonté politique
Les efforts entrepris de part et d’autres en Afrique pour booster l’agriculture restent toujours limités, et confrontés à un sérieux déficit coté gouvernance. Selon l’Africa Progress Panel 2014, le contient importe 35 milliards de dollars de produits alimentaires, « car l’agriculture locale est confrontée à une faible productivité, à un manque d’investissements chronique et à un protectionnisme régional ».
Et le rapport de proposer une hausse remarquable des investissements dans les infrastructures et la recherche qui, souligne-t-il, pourrait augmenter de façon spectaculaire les rendements et les revenus des agriculteurs. L’impératif des infrastructures sera d’ailleurs au centre d’une rencontre prévue dès ce lundi même.
Pour rappel, la réussite de la révolution verte en Inde a été l’œuvre d’un gouvernement qui est resté acteur de l’augmentation de la productivité. Les gouvernements successifs ayant mis en place des mesures qui ont permis d’accroître les rendements en investissant dans les engrais, la mécanisation, l’irrigation intensive des terres, les infrastructures, les centres de recherches agronomiques et en subventionnant les agriculteurs. L’autre défi d’un continent qui compte très peu de banques destinées exclusivement à l’agriculture.