ParMariata DIENG
L’intermédiaire en bourse Amen Invest vient de publier son analyse sur les réalisations du secteur bancaire coté au premier semestre de l’année en cours.
Les dépôts
Reflétant la réticence des différents acteurs économiques, les dépôts de la clientèle auprès des banques cotées en bourse ont affiché une hausse modérée de 2,5% par rapport à décembre 2015 pour s’établir à 48,173 milliards de dinars. Dans ce cadre, la BIAT conserve la part de marché la plus élevée avec 17,3% des dépôts du secteur.
Une avancée remarquable a été réalisée par l’UBCI, qui a vu ses dépôts dépasser la barre des 2 milliards de dinars, grâce principalement à une évolution de ses dépôts à terme de 45%. Avec 7,2% de croissance sur le semestre, Attijari Bank est parvenue à se classer parmi les meilleures performances du secteur. La banque a préservé sa vigueur commerciale projetant ses dépôts au-delà de 5 milliards de dinars à fin juin 2016 contre 2,799 milliards à fin décembre 2009. Cette performance lui a permis de se hisser progressivement dans le classement aux dépens de l’ATB et de la BH et de viser la 4ème position actuellement occupée par l’Amen Bank.
Cette dernière vient d’afficher une timide progression de ses dépôts de 1,6%, une décélération qui s’intègre dans le cadre de la nouvelle stratégie adoptée par la banque à partir de 2015, visant une meilleure maîtrise de son coût des ressources.
Les crédits
L’encours net des crédits a marqué une évolution plus rapide que celle des dépôts, soit une croissance de 5,2% à 50,126 milliards de dinars. Cette évolution a profité principalement aux professionnels. Elle a concerné les crédits à moyen et long termes octroyés au secteur des services, ainsi que les crédits à court terme pour le secteur industriel.
Par ailleurs, les crédits aux particuliers ont affiché une reprise assez vigoureuse des crédits à la consommation, au premier semestre 2016, reflétant l’amélioration de la capacité d’endettement des ménages suite aux augmentations salariales enregistrées depuis la fin de l’année 2015.
La BH et Attijari Bank ont enregistré les taux d’évolution des crédits les plus importants du secteur avec respectivement 10,8% et 10,3%, ce qui témoigne du maintien de leurs politiques commerciales expansionnistes.
La BIAT, qui a vu ses crédits à la clientèle croître au taux de 7,5%, occupe pour la première fois la position de leader en termes de crédits, une position qui a été prise par la BNA depuis 2011. La BIAT détient ainsi une part de marché de 14,13%.
Deux banques seulement ont affiché une légère régression de leurs encours de crédits, il s’agit de la WIB (-1,3%) et de l’AB (-0,4%). Pour la deuxième année consécutive, Amen Bank continue de privilégier la qualité de ses actifs au détriment du volume.
Le Produit net bancaire
Malgré la baisse des investissements et l’absence de gros projets, les banques Tunisiennes continuent à afficher des évolutions plus que satisfaisantes de leurs revenus. Après une croissance de 6% sur toute l’année 2015, le PNB des banques cotées a enregistré une évolution de 9,6% sur le premier semestre 2016.
En effet, la régression de la marge d’intérêt du secteur de 3,8%, notamment sous l’effet de la révision à la baisse du TMM de 55 points de base en novembre 2015, a été largement compensée par la progression des gains sur portefeuille titres de 31%.
Conscientes de l’essoufflement de l’activité classique d’intermédiation bancaire, les banques ont misé sur l’activité de placement. Elles ont profité du besoin croissant de financement du Trésor public, pour investir massivement dans les Bons de Trésor leur procurant un rendement intéressant tout en leur permettant de se refinancer auprès de la BCT.
À l’exception de la BT et de l’ATB, toutes les banques cotées ont enregistré des hausses remarquables de leurs portefeuilles titres. Ce sont les banques publiques qui ont observé les taux de croissance les plus élevés, leur permettant ainsi de voir leurs revenus de portefeuilles titres grimper de plus de 48%.
L’AB possède désormais le portefeuille titres le plus important, dépassant ainsi l’ATB qui jouissait de la position de leader au vu de son orientation historique vers les opérations de marché.
Comme en juin 2015, la BIAT maintient sa 1ère position avec un PNB de 278,3 MDT, en hausse de 10,6%, suivie de la BNA et d’Attijari Bank. La BTE a profité de sa petite taille par rapport aux autres banques cotées pour afficher une des plus fortes évolutions du secteur (+43,4%). Une croissance qui émane d’une stratégie de plus en plus agressive afin d’améliorer son positionnement dans le secteur.
Résultat brut d’exploitation (RBE)
Sur le plan de l’efficacité opérationnelle, les charges opératoires du secteur se sont établies à 653,6 MDT au 30 juin 2016, en accroissement de 8,9% sur une année glissante. Suite à l’amélioration du produit net bancaire du secteur de près de 10% conjuguée à une évolution moins rapide des charges opératoires, les banques Tunisiennes cotées sont parvenues à réaliser un RBE de 844,5 MDT à fin juin 2016 contre 768,1 MDT à fin juin 2015, soit une hausse de 9,95%.
Cette progression devrait permettre aux banques de faire face aux exigences en matière de provisionnement lié aux crédits à la clientèle. Toutefois, les charges opératoires continuent de peser sur la rentabilité de certains établissements bancaires de la place.
A l’exception de la BT, la WIB et l’AB, les charges de gestion représentent en moyenne 54% du PNB. Comme à la fin du premier semestre de l’exercice 2015, la BIAT a réalisé le RBE le plus important du secteur avec 158 MDT en progression de 12,2% et confirme ainsi sa position de 1ère banque. Par ailleurs, la BH a profité de l’évolution de son PNB de plus de 17% pour afficher le deuxième meilleur RBE et gagner ainsi trois rangs.
Résultat net (RN)
En ce qui concerne le résultat net du secteur (hors BNA), une légère croissance de 3,59% a été notée. Le meilleur résultat net de la période a été affiché par la BIAT qui enregistre un accroissement de 22,4% de son bénéfice semestriel à 80,6 MDT.
De l’autre côté du classement, AB a accusé une baisse de 39,5% de son bénéfice semestriel. En dépit d’une légère évolution de ses revenus, la banque a fait le choix de maintenir un effort conséquent de provisionnement afin d’améliorer la qualité de ses actifs. La constatation d’une dotation semestrielle de 46,1 MDT contre 28,1 MDT sur la même période de 2015, a fortement limité la croissance des bénéfices.
Par ailleurs, les résultats semestriels ne peuvent servir de base pour évaluer la rentabilité des banques étant donné le caractère approximatif des dotations aux provisions et de l’impôt à cette date. Se baser sur les états définitifs serait donc pertinent.