Propos recueillis par André Gakwaya, Kigali.
Le Centre d’Excellence du Rwanda qui sera ouvert en août prochain apportera des réponses aux questions de développement, selon le Président Directeur Général de cet Institut Panafricain des Sciences Mathématiques, Thierry Zomahoun (TH). Lire ci-dessous l’interview qu’il a accordée à l’Agence Rwandaise d’Information (ARI), partenaire de Financial Afrik dans la région des Grands Lacs, en marge du récent 26ème Forum Mondial sur l’Economie (WEF) de Kigali.
Comment ce présente le centre d’excellence du Rwanda?
Nous sommes un Réseau de Centres d’Excellence (CE) dont la mission principale est de former les jeunes scientifiques africains. On est entrain de préparer l’ouverture de (CE) pour le mois d’août. Nous allons choisir la date en collaboration avec les leaders du pays et le Gouvernement. Mais je crois que l’ouverture se passera au mois d’août prochain.
Le Centre formera certes des jeunes rwandais. Formera-t-il aussi d’autres jeunes universitaires de tous les pays africains ?
Tout à fait. Le Centre va être cofinancé par le Gouvernement du Rwanda avec d’autres partenaires internationaux. La mission du Centre que nous avons, c’est de former des jeunes rwandais et des jeunes de tous les pays africains qui auront été admis au niveau de Master. Et plus tard au niveau de Doctorat en Sciences Mathématiques appliquées à la réalisation des grands problèmes de développement auxquels le Rwanda, la région et le contient africain sont confrontés.
Ceux que nous formons, on ne les forme pas seulement à acquérir des connaissances théoriques. On les forme à utiliser les compétences, le savoir scientifique, les appliquer aux domaines de la santé, de l’énergie, de l’épidémiologie, des finances, de nouvelles TIC. Puisqu’on a réalisé que la manière dont la science était enseignée ne permettait pas aux jeunes de percevoir qu’à travers l’éducation en sciences mathématiques, vous pouvez apporter une contribution significative au développement de votre nation.
L’Afrique dispose d’énormes ressources naturelles, dont la plupart ne sont pas transformés sur le continent. Parce que nous n’avons pas assez d’ingénieurs, assez de techniciens. Pour les avoir, il faut avoir une bonne base scientifique. Et toute base scientifique repose sur les sciences mathématiques.
Il y a un terme tout à fait nouveau pour le commun du public. Quand vous parlez de 4ème révolution industrielle, qui peut comprendre ? Faites-en le lien avec les Objectifs de votre Institut.
La 4ème révolution industrielle est celle qui utilise et maximise l’usage de la technologie numérique pour la transformation socio-économique du contient africain. Et comme vous le savez, l’Afrique a la capacité de mener cette révolution. L’Afrique ne doit pas rester un continent de consommateurs passifs puisque nous avons été des consommateurs sous la 1ère, 2ème et la 3ème révolution industrielle. Maintenant, nous sommes à une étape où nous voulons absolument que l’Afrique mène la marche dance ce secteur. Parce que nous avons la jeunesse. C’est ce que nous avons de plus important. Pendant que beaucoup d’autres continent et d’autres régions sont en vieillissement, l’Afrique a des jeunes, et sera demain dans les prochaines décennies, le contient qui a le plus fort taux de concentration de jeunes.
Ces jeunes ont soif de connaissances. Ces jeunes sont curieux. Ces jeunes veulent résoudre les problèmes auxquels le continent est confronté. Et tout ce que ces jeunes veulent, c’est tout juste une opportunité d’avoir la meilleure formation scientifique et technique. L’opportunité d’avoir un cadre de recherche pour qu’ils fassent des recherches et des découvertes. L’opportunité d’avoir accès au secteur privé. Et c’est tout ça qu’AIMS fait à travers tout ce programme.
Nous formons des jeunes. Nous les mettons en contact avec le milieu de l’entreprise. Nous essayons de contribuer à la mise en place des Centres d’Innovation comme le Centre d’Innovation de Kigali. Ceci pour que les jeunes décident de former leur propre entreprise, puissent aller chercher des ressources dans ces Centres d’Innovation. Des ressources en termes d’expertises, d’innovation, de ressources financières. Parce qu’il va y avoir des capitaux privés qui vont circuler dans cet environnement.
En guise de rappel, vous parler de 1ère, 2ème, 3ème révolution industrielle, c’est quoi au juste ?
TH: La 1ère révolution industrielle est celle qui consiste à utiliser la machine à vapeur pour la production. Et cette révolution industrielle a eu lieu pendant une période de l’esclavage en Afrique. Ça veut dire clairement que l’Afrique n’a pas bénéficié de cette 1ère révolution industrielle.
La 2ème révolution industrielle est celle qui a consisté à utiliser l’énergie électrique pour une production à plus grande échelle. Cette 2ème révolution industrielle a coïncidé avec le colonialisme au cours duquel l’Afrique n’a pas toujours profité de ça.
La 3ème révolution industrielle qui a introduit les nouvelles technologies de l’information et sur laquelle la 4ème révolution est entrain d’être construite, nous pensons qu’il est temps pour l’Afrique, non pas de rattraper, mais qu’il est temps pour l’Afrique, de mener la marche. Il est temps d’apporter une nouvelle opportunité à d’autres régions.
Et que signifie les deux vocables AIMS et Nexteinstein, votre organisation ?
AIMS signifie African Institute for Mathematics Sciences. C’est un réseau de Centres d’Excellence qui forme, qui conduit des recherches en Sciences Mathématiques, Sciences Mathématiques Fondamentales et Sciences Mathématiques Appliquées aux défis et aux genres de développement auxquels le contient africain est confronté. Donc, le Nexteinstein initiative, c’est une initiative panafricaine qui consiste à établir dans 15 pays africains des Centres d’Excellence , des Centres de Recherche et des Centres d’Innovation sur le continent au service du développement africain.
Et quels sont ces 15 pays où seront installés ces Centres d’Excellence ? Et le Centre d’Excellence du Rwanda, est-il le premier à être installé en Afrique ?
Non. Le Centre d’Excellence du Rwanda est le sixième installé sur le contient. Je n’ose pas citer les autres pays. Il y a des critères que nous considérons au niveau des pays pour y installer ces Centres.
Mais les six pays où sont installés les Centres d’Excellence en Sciences Mathématiques sont l’Afrique du Sud, le Sénégal, le Ghana, la Tanzanie, le Cameroun et bientôt le Rwanda.
Dans ces cinq premiers pays, tous ces Centres y sont opérationnels ?
Oui. Dans ces pays, tous les Centres sont opérationnels à travers tous les volets d’activités. Le volet formation post-grade, le volet recherche, formation des enseignants.
Et où trouvez-vous des Professeurs?
Nous avons nos Professeurs qui viennent de 31 pays au monde, y compris d’Afrique et de l’Occident, et des meilleures universités au monde. Et nous avons un pool important de chercheurs, de professeurs et de scientifiques qui viennent enseigner dans nos universités.