Quatre mois après avoir infligé une amende de 800 millions d’euros pour atteinte à l’environnement, le Tchad a décidé de retirer cinq permis d’exploration à la compagnie pétrolière publique chinoise (CNPC), accusée de violer systématiquement la législation environnementale, et de porter le litige devant la justice, a-t-on appris de source officielle.
Le gouvernement a pris un décret pour retirer les 5 permis de recherches octroyés à la CNPC, a déclaré le ministre du Pétrole, Djerassem Le Bemadjiel lors d’une conférence de presse à Ndjamena samedi soir.
Depuis vendredi 8 août, le tribunal de première instance de Ndjamena a été saisi d’une autre plainte pour dégradation de l’environnement et mise en danger de la vie d’autrui.
En mai, le Tchad avait suspendu tous les travaux d’exploration de la CNPC pour les mêmes motifs et réclamé à la compagnie chinoise de payer une amende d’1,2 milliard USD pour le préjudice subi.
Plusieurs dizaines de sites ont subi des déversements nocifs à l’environnement, avait alors indiqué le ministre du pétrole, en accusant la compagnie d’avoir recours systématiquement à ces pratiques inacceptables.
Le gouvernement tchadien a en outre annoncé son intention de porter plainte contre la China National Petroleum Company en France et à Ndjamena.
Les négociations à l’amiable ne sont plus possible. Tous les efforts ont été vains (…) Dès la semaine prochaine une délégation gouvernementale se rendra a Paris pour déposer plainte auprès du tribunal de commerce pour refus de paiement d’amende, a affirmé le secrétaire général du gouvernement, Abdoulaye Sabre, lors de la même conférence.
Une deuxième plainte a été déposée au tribunal de première instance de Ndjamena pour dégradation de l’environnement et mise en danger de la vie d’autrui, a-t-il ajouté, précisant que les responsables de la CNPC sont concernés par la plainte et interdits de quitter le territoire tchadien.
Les autorités tchadiennes ont déjà été en conflit avec des compagnies chinoises exploitant du pétrole dans leur pays.
Ainsi, en mars, les syndicats de salariés tchadiens d’un consortium chinois d’exploration pétrolière opérant également dans le sud du pays avaient appelé à la grève pour dénoncer leurs conditions de travail et réclamer des augmentations de salaire.
Le Tchad a commencé à exploiter ses gisements pétroliers en 2003. Selon des sources officielles, la production était de l’ordre de 120.000 barils/jour en 2011.
Les revenus pétroliers lui ont permis de moderniser son armée, de se doter d’un meilleur réseau routier et de construire de nombreux bâtiments publics. Mais certains membres de la société civile demandent au régime d’employer davantage cette manne pour l’amélioration des conditions de vie de la population.