Par le Ministre Directeur de Cabinet, Président du Comité Stratégique de Simandou, M. Djiba Diakité.
Depuis 2021, sous l’impulsion et le leadership du Président de la République, Son Excellence le Général Mamadi Doumbouya, la Guinée a choisi un chemin exigeant : reprendre la maîtrise de ses ressources stratégiques pour en faire le socle d’un développement diversifié et durable. Dans un monde où les interdépendances se recomposent, il ne s’agit pas seulement d’assurer la souveraineté sur nos richesses, mais d’en faire un levier de transformation économique et sociale pour le bien-être de la population.
Le projet intégré mine-infrastructures de Simandou illustre cette volonté et dépasse le cadre national. Après plusieurs décennies de blocages, ce gisement de fer est désormais engagé dans une trajectoire claire : extraction responsable, corridor ferroviaire de plus de 650 kilomètres en double voie, port polyvalent mines-marchandises, mais aussi engagements fermes en matière de transformation locale à travers la mise en œuvre d’une industrie sidérurgique.
L’une des clés du succès à long terme de ce projet repose sur l’accélération du développement du capital humain de la Guinée en créant des filières techniques et universitaires renforcées à travers Simandou Academy, à l’image du prytanée militaire de Guinée. Nous voulons notamment démultiplier les établissements de référence sur le territoire guinéen, construire des infrastructures modernes, adaptées aux exigences d’une éducation d’excellence et, enfin, établir des partenariats stratégiques avec les plus grandes écoles, universités et entreprises à travers le monde.
Simandou n’est pas conçu comme une simple mine, mais comme le point de départ d’un programme de développement socio-économique durable et responsable : « Simandou2040 ». C’est une vision pour le développement de tout lepays. En cela, nous voulons que Simandou devienne un modèle africain de mondialisation réinventée, capable de conjuguer souveraineté nationale, industrialisation locale et ouverture au commerce international. En d’autres mots, nous voulons que le fer soit pour la Guinée ce que le pétrole a été pour Dubaï !
La même logique a guidé la reprise de contrôle d’actifs stratégiques dans la bauxite et la création de la Nimba Mining Company qui a pour objectif à long terme de devenir un holding stratégique à travers différents secteurs (bauxite, or, raffinerie, services industriels, etc.). Par cette décision, nous avons voulu rappeler que souveraineté va de pair avec fiabilité : la Guinée défend ses intérêts tout en veillant au respect mutuel des engagements contractuels et à la transparence des partenariats. C’est parce que la Guinée assume cette responsabilité qu’elle attire aujourd’hui des investisseurs de long terme, engagés non seulement dans l’extraction mais aussi dans la transformation locale.
Cette ambition se traduit déjà dans d’autres filières. En janvier 2025, nous avons lancé la construction de la plus grande raffinerie d’or du continent, à Conakry. Cette infrastructure permettra à la Guinée de capter localement la valeur ajoutée d’un secteur jusque-là exclusivement tourné vers l’extérieur. Dans le même esprit, le projet de raffinerie d’alumine de SPIC, à Boké, incarne notre volonté de transformer sur place la bauxite et de créer une filière industrielle complète, génératrice d’emplois et de savoir-faire. Ces initiatives traduisent une même logique : transformer nos ressources brutes en produits finis et bâtir ainsi une économie industrielle.
Mais la Guinée n’est pas seulement une puissance minière : elle est aussi une terre agricole et halieutique d’avenir. Avec des millions d’hectares de terres arables et, en tant que château d’eau de l’Afrique de l’Ouest, notre potentiel agricole est immense. Élevage, riz, maïs, café, cacao, fruits tropicaux : ces filières peuvent non seulement assurer notre autosuffisance alimentaire, mais aussi ouvrir des débouchés régionaux. C’est un levier majeur de diversification, au service de la sécurité alimentaire, de l’emploi rural et des exportations.
Ces transformations s’accompagnent d’une crédibilité nouvelle. L’obtention de la première notation souveraine de la Guinée cette année, à B+ perspective stable, a marqué notre entrée dans la communauté financière internationale. Le rebasing de notre PIB a révélé la contribution croissante des services, de l’agriculture modernisée et des industries émergentes. Mais surtout, il a provoqué un saut visible dans notre classement régional : la Guinée est désormais la deuxième économie d’Afrique de l’Ouest francophone. Ce n’est pas un artifice statistique, c’est la reconnaissance que notre économie a franchi un cap et qu’elle occupe désormais une place de premier plan dans la sous-région.
Notre conviction est simple : la souveraineté n’est pas un repli, et l’ouverture n’est pas une dépendance. La souveraineté nous donne la liberté de définir nos priorités. L’ouverture nous apporte les capitaux, les technologies et les savoir-faire nécessaires pour les réaliser. C’est cette articulation que la Guinée met en œuvre depuis 2021 : transformer ses ressources en industries, ses industries en emplois, et ses emplois en prospérité durable.
À l’heure où nous célébrons ce 2 octobre l’anniversaire de notre indépendance, sous le thème « S’inspirer du passé pour construire le futur ensemble : la souveraineté économique », il nous appartient de prolonger cet héritage. Après le soleil des indépendances qui a marqué le XXᵉ siècle, voici venu le soleil de notre souveraineté politique et économique, enfin assumée.