Par Hervé Gbagbo *
Le Sénégal continue de dépenser d’importantes sommes pour son approvisionnement en électricité. Ce montant qui est en recul pour l’année 2024 pose néanmoins des problèmes au budget de l’Etat. Pour l’avenir, une lueur d’espoir existe avec la mise en service en 2026 d’une portion du réseau sénégalais de transport du gaz naturel.
Le Sénégal, 2e marché de l’électricité en zone UEMOUA (derrière la Côte d’Ivoire) et 4e en Afrique de l’Ouest (derrière le Nigéria, le Ghana et la Côte d’Ivoire), dont la production électrique a atteint 7 404 Gigawattheures (GWh) en 2024, continue d’être confronté aux défis liés à l’équilibre financier de ce secteur. En effet, Compte tenu des tarifs en vigueur, la Société Nationale d’Electricité (SENELEC) a enregistré un chiffre d’affaires de 709,06 milliards de FCFA, alors que d’après les estimations de la Commission de Régulation du Secteur de l’Energie (CRSE), au regard de l’inflation et du prix des combustibles, ces revenus devraient plutôt s’élever à 923,78 milliards de FCFA, d’où un manque à gagner de 214,72 milliards de FCFA.
Dans ce cas de figure, le concessionnaire du service public pour le transport, la distribution et la vente d’électricité est en droit de demander un ajustement des tarifs, à moins que la CRSE ne définisse avec le gouvernement les modalités de compensation adaptées. C’est dernière solution qui a été retenue et une subvention de 214,72 milliards de FCFA a été validée. Si ce montant est important, il est toutefois en recul par rapport aux 249,28 milliards enregistrés en 2023 et au record de 298,463 milliards atteint en 2022, suite à la flambée des prix du pétrole brut et des produits pétroliers sur les marchés internationaux.
En tout état de cause, les subventions restent une problématique au cœur du budget de l’Etat du Sénégal, puisque système la loi de finance 2024 ne prévoyait qu’une enveloppe de 250 milliards de FCFA pour les subventions du secteur énergie (hydrocarbures et l’électricité), d’où la correction effectué la loi budgétaire suivante, cette ligne ayant été revue à 450 milliards de FCFA, afin de tenir compte du niveau réel des compensations. La perspective du démarrage de l’approvisionnement du marché domestique en gaz naturel, notamment le secteur de l’électricité, constitue donc une vraie lueur d’espoir. En effet, le Sénégal qui repose à environ 80 % sur les produits pétroliers pour produire son électricité a entrepris de basculer ces centrales au gaz naturel, afin de réaliser d’importantes économies sur l’achat du combustible.
A titre d’illustration, le coût d’acquisition du fuel-oil s’est élevé en moyenne à 436 031 FCFA/TM en 2024, soit environ 18,06 dollars US/mmBTU, alors que le gaz naturel est généralement échangé à moins de 7 dollars dans la sous-région (entre 6 et 7 dollars pour le Ghana, autour de 5 dollars en Côte d’Ivoire et 3 dollars pour le Nigéria). Ainsi, la mise en service du « Segment Nord » du réseau sénégalais de transport du gaz naturel prévue en 2026 constituera une étape majeure pour permettre au pays de retrouver l’équilibre financier de son secteur de l’électricité.
Bio Express de Hervé Gbagbo
Hervé Gbagbo est camerounais, ingénieur de Conception en Génie Industriel avec une expérience de plus 15 ans dans le secteur de l’énergie en Afrique. Expert, il a publié des articles sur les marchés de l’électricité en Afrique Centrale et de l’Ouest. Hervé Gbagbo a également contribué à plusieurs études de marché ; ce qui lui confère une certaine expertise dans ce domaine.