Le 26 juillet 2025, Elections Cameroon (Elecam), par la voix du président de son Conseil, Enow Abraham Egbe, a rendu publique la liste des 13 candidats que cet organe de gestion des élections au Cameroun a validée sur les 84 dossiers qu’il avait reçus depuis la convocation, le 11 juillet 2025, du corps électoral par le chef de l’Etat sortant, Paul Biya. Sans surprise, peut-on dire, la candidature de ce dernier a été retenue aux côtés de celles d’autres hommes politiques qui sont considérés des acteurs majeurs depuis le retour au multipartisme au Cameroun en 1990.
Parmi eux, ses anciens alliés, Bello Bouba Maïgari, de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP), Issa Tchiroma Bakari, du Front national pour le salut du Cameroun (FNSC). L’on se souvient que, quelques jours avant la convocation du corps électoral, ces deux anciens membres du gouvernement avaient démissionné de leur poste de ministre du Tourisme, pour le premier, et de ministre de l’Emploi, pour le second. Les deux excipaient « de l’impossibilité de rencontrer Paul Biya, notre allié, depuis des années ». Et concluaient que « le pays n’est plus dirigé par notre allié ».
A côté de ces deux anciens compères (les deux ont milité dans l’UNDP aux premières heures du multipartisme), l’on retrouve d’anciens candidats à l’élection. Notamment Joshua Osih du Social Democratic Front (SDF), considéré comme l’héritier de Ni John Fru Ndi, de regrettée mémoire, le founding father de ce parti politique créé le 26 mai 1990 à Bamenda. Une autre héritière a passé les mailles du filet tendu par Elecam. Il s’agit de Patricia Hermine Tamaino, la veuve d’Adamou Ndam Njoya, fondateur de l’Union démocratique du Cameroun (UDC). C’est d’ailleurs sous la bannière de ce parti politique qu’elle va concourir le 12 octobre 2025.
Kamto recalé, Cabral Libii échappe
La période précédant la publication de cette liste des candidats à la présidentielle était animée par la situation de deux postulants dont les dossiers faisaient l’objet de polémique. D’abord Cabral Libii. Sa candidature, au-delà, sa fonction de président du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN) étaient contestées par Robert Kona, le fondateur de cette formation politique. Depuis près de deux ans, les requêtes de ce dernier sont rejetées par la justice qui conforte Cabral Libii dans sa posture. Même la dernière tentative de référé d’heure en heure au cours du processus de dépôt des dossiers de candidatures s’est achevée par un échec. Pour autant, Robert Kona garde l’espoir que « la Cour suprême devant laquelle j’ai porté le dossier va me donner raison ».
Si Cabral Libii a échappé à la guillotine, mais surtout aux pièges qu’il estimait tendus par le minsitre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, tel n’est pas le cas pour Maurice Kamto, président démissionnaire du Mouvement pour renaissance du Cameroun (MRC). Pour n’avoir pas concouru aux élections municipales et législatives de février 2020, il ne pouvait pas candidater pour la présidentielle de 2025. Pour contourner les dispositions du code électoral camerounais qui soumet toute candidature à une présidentielle à la présence dans les rangs de son parti politique d’au moins un élu local, le « tireur de pénalty » de 2018 a jeté son dévolu sur le Mouvement africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie (Manidem) d’Anicet Ekane qui a un seul conseiller municipal. Malheureusement, il y a quelques jours, un communiqué de presse du Comité directeur de ce parti contestait l’accord conclu entre son président et Maurice Kamto. C’est dans ce contexte que le Manidem a présenté un second candidat qui a annulé celle de l’ancien ministre délégué auprès du ministre de la Justice (2004-2011).
Risques de soulèvements
En prévision de ce rejet, ces derniers temps, les partisans de Maurice Kamto avaient multiplié les appels à un soulèvement populaire. Du coup, jusqu’à la direction de sécurité des Nations unies, tous les services consacrés étaient sur les dents. Confirmant ainsi les craintes des agences de notation, notamment Fitch Ratings et Moody’s, ainsi que le Fonds monétaire international (FMI). Tous évoquaient les risques de soulèvement liés à la présidentielle d’octobre 2025 qui pourraient impacter l’économie du pays.
Pour rappel, après la publication de cette première liste, les candidats déboutés vont désormais se tourner vers le Conseil constitutionnel qui devra trancher en dernier ressort au plus 10 jours après sa saisine.
Cameroun : 13 candidatures validées pour la présidentielle d’octobre 2025

Bernard Bangda
Bernard Bangda est un journaliste camerounais, spécialisé dans l’investigation et passionné d'économie, des questions d'insécurité transfrontalière, de criminalité environnementale et de changement climatique. Il compte plus de 20 ans dans la pratique du journalisme. Il apporte fraîcheur et originalité grâce à des sujets inédits ! Journaliste web depuis 10 ans, il a rédigé plus de 500 articles pour plusieurs médias en ligne.
Lectures recommandées
Ajouter un commentaire