La tentation de la force brute l’emporte sur le droit international
Les frappes américaines opérées dans la nuit du 21 au 22 juin sur les installations nucléaires iraniennes de Fordow, Natanz et Isfahan marquent un tournant d’une gravité extrême dans les tensions entre Washington, Téhéran et Tel-Aviv. Sous l’impulsion de Donald Trump, revenu à la Maison Blanche avec une posture guerrière, les États-Unis prennent une décision qui, en substance, équivaut à une déclaration de guerre contre la République islamique d’Iran, avec toutes les conséquences stratégiques, régionales et internationales que cela implique.
Trump, l’escalade calculée
Donald Trump a revendiqué ces frappes comme un succès militaire total : « Nous avons oblitéré les sites nucléaires pour empêcher toute capacité d’enrichissement futur », a-t-il lancé, tout en menaçant de frapper « de nombreuses autres cibles » si l’Iran venait à riposter. Une rhétorique de dissuasion à peine voilée, qui repose sur une logique de force et de surprise stratégique. Pour Trump, il s’agit de reprendre le leadership du « monde libre » par la démonstration de puissance militaire, au mépris des canaux diplomatiques ou des résolutions onusiennes.
Israël en soutien total, l’espace aérien fermé
Côté israélien, Benyamin Nétanyahou a salué « la décision courageuse » de son allié américain, confirmant une coordination totale entre les deux armées. Dans la foulée, l’État hébreu a fermé son espace aérien, signe d’un état d’alerte maximum, anticipant des représailles iraniennes ou des tirs de missiles par procuration, notamment depuis le Liban, la Syrie, ou le Yémen.
L’Iran encaisse, mais promet une riposte
Les premiers rapports en provenance d’Iran relativisent l’ampleur des dégâts : selon un élu de Qom, le site de Fordow n’a pas été sérieusement atteint. Mais cette communication de crise vise sans doute à éviter la panique et à conserver l’initiative. Les Gardiens de la Révolution, piliers du régime iranien, restent silencieux pour l’heure, mais l’Histoire récente enseigne que l’Iran riposte rarement à chaud, préférant des réponses asymétriques et différées. Déjà, les Houthis du Yémen — alliés de Téhéran — promettent que les États-Unis paieront les conséquences de leurs actes.
L’ONU et les capitales inquiètes
Antonio Guterres, secrétaire général des Nations Unies, a alerté sur une « escalade dangereuse » pouvant conduire à un embrasement généralisé du Moyen-Orient. Et pour cause : en s’attaquant à des sites nucléaires, les États-Unis franchissent une ligne rouge, brisant le fragile équilibre autour du Traité de non-prolifération (TNP). L’acte unilatéral, sans mandat international, fait fi du droit international, ce qui risque d’entraîner des fractures durables au sein du Conseil de sécurité.
Une guerre ouverte, une guerre globale ?
Plus largement, cette intervention américaine soulève des interrogations sur le basculement d’un conflit régional larvé — fait de cyberattaques, de sabotages, de frappes ciblées — vers une guerre ouverte aux multiples fronts : Israël, Liban-Sud, Détroit d’Ormuz, bases américaines au Golfe… Tous ces foyers peuvent désormais s’enflammer. La Chine, la Russie, mais aussi des puissances intermédiaires comme la Turquie ou l’Inde, seront sommées de prendre position.
Et l’Afrique ?
L’Afrique, souvent spectatrice de ces chocs de puissances, pourrait néanmoins subir les contrecoups d’un embrasement régional : hausse des prix du pétrole, perturbation des chaînes logistiques, pression sur les devises, et risques accrus pour les missions onusiennes au Sahel. Le continent n’est pas déconnecté des lignes de fracture géostratégiques, même lorsqu’elles naissent à des milliers de kilomètres.