Par Me Jemal M. Taleb.
Après l’économie et le social, la diplomatie
Les appels me sont venus d’un peu partout pour me féliciter du succès diplomatique de la Mauritanie, suite à l’élection du Dr Sidi Ould Tah à la tête de la Banque africaine de développement. En voici un, venu du Cameroun, qui résume la tonalité de tous :
« Bonsoir cher frère Jemal, je te dis félicitations pour la haute diplomatie mauritanienne, en ce qui concerne l’élection du frère mauritanien à la tête de la Banque africaine de développement. Je sais que c’est une grosse mobilisation de votre diplomatie… pour arriver à ce résultat politique d’envergure. »
Une chose en rappelant une autre, j’ai pensé à la prophétie d’un autre Camerounais, mon ami Gaston Kelman. Dans le livre Les hirondelles du printemps africain, qu’il a consacré à la Mauritanie il y a une vingtaine d’années, il présentait ce pays comme un de ces volatiles dont rien n’arrêterait plus l’essor. Son amour de la Mauritanie le rend parfois aveugle, au point de ne plus être objectif.
Le dernier succès mirobolant de la diplomatie mauritanienne, illustré par l’élection d’un citoyen de ce pays à la tête de la BAD, est le troisième étage de cette fusée, qui a connu un certain succès dans les secteurs économique et social, auxquels on peut ajouter sa stabilité politique. Depuis le début des années 2000, les progrès réalisés par ce pays surprennent tous les observateurs.
Avec l’accession du Docteur Sidi Ould Tah à la tête de la BAD, pour la première fois, un Mauritanien se hisse à un poste international aussi prestigieux. Et cela s’est fait avec une époustouflante litanie de superlatifs. Comme le souligne si bien Samba Kamara, membre du directoire de campagne du lauréat :
« Pour la première fois, ces trente dernières années dans l’histoire de la BAD, un candidat a été élu au troisième tour du scrutin. »
Trois petits tours et puis s’en vont, pourrait-on chantonner. Pour rappel, il en avait fallu treize en 1995, neuf en 2005 et six en 2015 pour départager les candidats et faire jaillir la fumée blanche de ce conclave profane.
« Pour la première fois, un candidat a été élu avec le score de 76 % », alors que le meilleur résultat à ce jour était de 65 %, a rappelé Samba.
Cette élection n’est évidemment pas un acte fortuit ou isolé. Elle vient couronner une diplomatie initiée par le président de la République, Mohamed Ould El-Ghazaouani, qui a fait de son pays le seul partenaire constant à la fois des Européens et des Américains dans la région, tout en restant fidèle à ses voisins.
Grâce à sa méthode, on observe la confiance que ses pairs africains et l’Union africaine lui accordent. Il est évident que sa stature auprès des États voisins a joué dans leur basculement en faveur de son candidat. Le ministre des Affaires étrangères, Mohamed Salem Merzoug, ainsi que le ministre des Finances, Sid Ahmed Ould Bouh, n’ont pas été en reste. Et l’on voit le résultat d’une équipe gouvernementale soudée et efficace.