Une page d’histoire s’est écrite le 24 mai 2025, au pied du Monument de la Renaissance africaine, l’une de ses œuvres les plus emblématiques. C’est là que Pierre Goudiaby Atepa a célébré ses 50 ans de carrière, entouré des grandes figures de la cité, dans une atmosphère à la fois solennelle et profondément symbolique.
De la Casamance de son enfance, où les baobabs structuraient déjà son imaginaire, à sa rencontre fondatrice avec le président-poète Léopold Sédar Senghor qui lui parla pour la première fois de l’art africain comme symétrie et rythme, Pierre Atepa a nourri sa vision d’une architecture enracinée. De ses années d’études à New York, il est revenu avec une conviction : l’ouverture ne prend sens que dans l’enracinement. Ce principe, il en fera la matrice d’une œuvre foisonnante, dispersée de l’Est à l’Ouest du continent.
« Je suis un architecte du développement », déclarait-il en janvier dernier, en recevant le Lifetime Achievement Award en marge des Financial Afrik Awards. Ce credo, il l’a porté tout au long d’une trajectoire jalonnée de douze œuvres majeures : du siège de la BCEAO à Dakar à la tour Mayombe à Brazzaville, en passant par l’aéroport international de Banjul ou encore le Fonds CEDEAO à Lomé.
L’événement du 24 mai fut l’occasion de dévoiler un livre et un documentaire retraçant cinq décennies d’engagement pour une architecture au service de la dignité africaine. Mais loin d’un exercice d’auto-célébration, l’homme a voulu transmettre : « Ce livre et ce documentaire, ce ne sont pas mes mémoires. Ce sont les balises d’un chemin. Un message à la jeunesse africaine : il est possible de rêver grand, de bâtir ici, chez nous, en respectant ce que nous sommes. »
Autour de lui, un parterre de personnalités politiques, diplomatiques, culturelles et financières, dont le gouverneur de la BCEAO et des architectes venus de tout le continent, venus saluer celui que beaucoup considèrent comme le père de l’architecture moderne africaine. Le président de l’Union des Architectes d’Afrique le résuma d’un mot : « Pierre Atepa Goudiaby n’a pas seulement bâti des structures, il a construit une vision. »
À travers ses réalisations, c’est un projet civilisationnel qu’il a porté : celui d’une Afrique qui puise dans ses racines pour inventer ses propres formes, loin des pastiches standardisés. Pour lui, chaque édifice doit raconter une histoire, réconcilier passé, présent et avenir