Il se joue en Centrafrique la perte prochaine de l’influence nébuleuse de la Françafrique. En effet, depuis le début de sa coopération militaire avec le gouvernement centrafricain de Faustin-Archange Touadéra il y a trois ans, la Russie est de plus en plus présente dans le pays, de l’instruction militaire à la protection des mines et de la présidence.
La République centrafricaine est devenue en quelques mois un symbole fort de la présence russe sur le continent. A six jours de la présidentielle, l’on assiste à un regain de tension dans le pays avec, de façon spectaculaire, la fusion de 3 groupes armés autrefois opposés sur le terrain. Cette situation a engendré des affrontements armés dans plusieurs coins du pays, provoquant des mouvements de populations dont certaines ont fui vers les pays voisins, notamment le Cameroun, le Soudan et le Tchad.
Faisant face à cette situation, les troupes russes sont venues en renfort sur le terrain puis ont mené des opérations de ratissage. A l’heure où nous mettions sous presse, nos sources sur le terrain nous indiquent que l’entrée et la sortie de Bangui sont contrôlées par les forces russes et les forces armées centrafricaines.
Dans la même foulée, l’on assiste à un ballet des avions porteurs de troupes à l’aéroport de Bangui.
Selon plusieurs témoins, outre les troupes Russes, le Rwanda qui assure la sécurité du président Touadera dans le cadre de la mission de l’ONU vient de faire atterrir deux bataillons ainsi que les éléments d’élites des forces armées centrafricaines formées au Rwanda. Les rebelles, de leur côté, confirment plusieurs pertes dans leurs rangs.
L’ancien président François Bozizé, écarté du scrutin présidentiel du 27 décembre par la Cour Constitutionnelle, reste introuvable. Son parti, le Kwa Na Kwa (KNK), dément son implication dans une quelconque manœuvre de déstabilisation du pays. La Coalition de l’opposition démocratique (COD-2020) regroupée autour de François Bozizé exige le report du scrutin.
Souvent reproché d’être peu efficace, la Mission de l’ONU en Centrafrique (Minusca), avec plus de 11 000 Casques bleus présents sur le territoire, continue de clamer que la situation est sous contrôle. Le pouvoir quant à lui campe sur sa position et maintient la date des élections présidentielles et législatives.
La France est vue par certains leaders panafricains de la société civile comme l’un des bénéficiaires d’un éventuel renversement du président démocratiquement élu à 6 jours de la tenue des élections générales.
C’est pourtant l’ancienne métropole, aux côtés de la Russie, des États-Unis, de l’Union européenne et de la Banque mondiale qui a appelé François Bozizé et les groupes armés à déposer les armes. Au regard de ce qui précède, il sied de noter que la RCA est au cœur d’un enjeu géopolitique qui dépasse son environnement politique et frontalier.