En road show en ce moment à Londres, Frankfurt et New York, le très médiatisé Seth Terkper, ministre ghanéen des Finances, peine à vendre son Eurobond de 500 à 750 millions de dollars (voire 1 milliard si la demande est conséquente) aux investisseurs internationaux.
Le peu d’appétit au risque de l’ancienne Gold Coast (notée B par Fitch) explique le report de l’émission qui devait intervenir au plus tard le 6 août. Le ministre qui a commis l’imprudence de dire que les dépenses publiques augmenteront même si les revenus pétroliers ne seront pas au rendez-vous, a injecté une nouvelle dose d’adrénaline au marché qui l’a répondu avec un nouveau record du taux de l’eurobond ghanéen, atteint le 26 juillet. Du coup, M. Terkper s’est accordé une semaine supplémentaire sous le conseil de la Standard Chartered, de la Citibank et de Bank of America.

En attendant, le spread lié à l’eurobond ghanéen émis en novembre 2015 et échu en 2023 s’est donc envolé. Le coupon se négociait à 10,43% à la mi-journée de ce 3 août, ce qui veut dire d’une part que les investisseurs exigent plus de gages pour passer la nuit avec le papier Ghana et, de l’autre côté, la pression vendeuse est forte. Il va sans dire que la nouvelle émission en cours de préparation risque de frôler les 11%, soit largement au dessus du seuil de soutenabilité d’un pays sevré d’une de ses mamelles nourricières (pétrole) et confronté à l’incertitude du marché du cacao.
Le Ghana constitue avec le Mozambique et l’Angola le trio subsaharien présentant le spread de dettes le plus élevé. Les investisseurs internationaux s’inquiètent ouvertement de la baisse des recettes pétrolières et de la forte propension de l’Etat à recourir à l’endettement (5 tentatives d’émission en quatre ans). En avril 2015, le FMI est dû venir à la rescousse, accordant 1 milliard d’euros au pays assorti de conditionnalités dont l’interdiction des avances statuaires de la Banque Centrale. Apparemment, cette dernière condition est entrain de voler aux éclats. Et avec elle, le plafond de 5% sensé contenir le déficit budgétaire.