Deux jours après le renversement du président Umaro Sissoco Embaló par le haut commandement militaire, la transition politique s’accélère en Guinée-Bissau. Ce vendredi 28 novembre, le président de la Transition, le général Horta N’Tam, a nommé par décret Ilídio Vieira Té — ancien ministre des Finances du régime déchu — au poste de Premier ministre. Il cumulera cette fonction avec celle de ministre des Finances, chargé de conduire l’action gouvernementale.
Cette nomination survient dans un climat institutionnel encore instable, même si un retour progressif au calme s’observe à Bissau. Les administrations tentent de se réorganiser et les activités reprennent timidement, tandis que la population suit avec prudence l’évolution de la situation.
Le président déchu Umaro Sissoco Embaló, arrivé à Dakar hier soir selon un communiqué du ministère sénégalais de l’Intégration africaine et des Affaires étrangères, fait face à de vives accusations politiques. Son principal rival à la présidentielle, Fernando Dias, l’accuse d’avoir sciemment créé les conditions du chaos pour masquer une défaite électorale annoncée, alimentant davantage les tensions dans un pays coutumier des ruptures institutionnelles.
La communauté internationale, les organisations de défense des droits humains et les partenaires de coopération observent de près les premiers gestes de la junte. La désignation d’un Premier ministre civil, issu de l’appareil précédent, est perçue comme un signe d’ouverture, mais jugée insuffisante sans une feuille de route précise vers un retour rapide à l’ordre constitutionnel.
Au-delà du politique, les défis demeurent immenses : urgence humanitaire, fragilité économique, attentes sociales élevées. La transition sera évaluée à l’aune de sa capacité à restaurer la légitimité démocratique, garantir les libertés fondamentales et répondre aux besoins d’une population éprouvée par des crises répétées.

