Par Pr Amath Ndiaye – Économiste, FASEG-UCAD
Le Zimbabwe, neuvième producteur d’or du continent africain avec près de 47 tonnes par an, démontre une vérité économique simple mais essentielle : la richesse minière ne garantit pas la valeur d’une monnaie.
En 2008, le Zimbabwe a connu l’une des pires hyperinflations de l’histoire contemporaine, effaçant l’épargne des ménages et ruinant les entreprises. Les billets de plusieurs milliards de dollars zimbabwéens n’avaient plus aucune valeur réelle, forçant la population à se réfugier dans le dollar américain, devenu la monnaie de facto du pays.
Face à cette dollarisation incontrôlée, le gouvernement a tenté de restaurer sa souveraineté monétaire. En 2022, il a introduit des pièces d’or pour tenter de stabiliser la monnaie locale, puis, en avril 2024, une monnaie numérique adossée à l’or, baptisée ZiG (Zimbabwe Gold). Présenté comme un instrument de stabilité, le ZiG devait symboliser la renaissance économique du pays.
Mais la réalité a vite rattrapé l’ambition politique : en moins d’un an, le ZiG a perdu près de la moitié de sa valeur. Sur le marché parallèle, un dollar américain s’échange contre plus de 30 ZiG, contre 13,5 au moment de son lancement. L’expérience prouve une fois de plus que le métal jaune ne peut remplacer la crédibilité économique.
*L’or peut briller, mais il ne remplace jamais la confiance.*
Depuis la fin du système de Bretton Woods en 1971, aucune monnaie au monde n’est plus convertible en or. La valeur d’une devise repose désormais sur trois piliers fondamentaux :
1️⃣ la crédibilité de l’État émetteur,
2️⃣ la solidité de l’économie,
3️⃣ et la discipline monétaire et budgétaire.
Le Zimbabwe, miné par les déficits, la corruption et une gouvernance instable, cumule les faiblesses structurelles. Même adossée à des réserves d’or, sa monnaie reste incapable de rassurer les citoyens et les marchés. La confiance, une fois perdue, ne se décrète pas : elle se reconstruit par la transparence, la rigueur et la performance économique.
Contrairement à une idée répandue, les monnaies les plus solides du monde ne sont pas celles des pays les plus riches en or. Elles correspondent aux cinq devises composant le Droit de Tirage Spécial (DTS) du Fonds monétaire international : l’euro, le dollar américain, le yen japonais, la livre sterling, et le yuan chinois (renminbi).
Aucune de ces monnaies n’est adossée à un métal précieux. Elles tirent leur force de la taille de leurs économies, de la stabilité de leurs institutions, et de la confiance mondiale qu’elles inspirent. C’est cette confiance — et non l’or — qui constitue le véritable fondement de la valeur monétaire.
Ce n’est pas l’or qui fait la monnaie, c’est la crédibilité de l’économie qui en assure la valeur.

