La 13ᵉ édition de la CGECI Academy s’est ouverte à Abidjan sous le signe de la souveraineté économique, une thématique éminemment actuelle pour l’Afrique. L’événement, porté par la Confédération Générale des Entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI) regroupant près de 4 000 entreprises représentant un chiffre d’affaires cumulé de 22 000 milliards FCFA, se tient les 29 et 30 septembre à Abidjan autour d’échanges axés sur l’action concrète.
La cérémonie inaugurale, présidée par le Premier ministre ivoirien Robert Beugré Mambé, a réuni de hautes personnalités parmi lesquelles Louise Mushikiwabo, Secrétaire générale de l’Organisation Interministérielle de la Francophonie (OIF), Dr. Sidi Ould Tah, président de la Banque Africaine de Développement (BAD) – ovationné par le public –, ainsi que Karim Zidane, ministre marocain délégué à l’Investissement, accompagné d’une importante délégation de la Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM), pays invité d’honneur. Étaient également présents Baïdy Agne (Conseil National du Patronat, CNP Sénégal) et Célestin Tawamba du Groupement Inter-Patronnal du Cameroun, (GICAM).
Pour Ahmed Cissé, président de la CGECI, « la souveraineté économique, c’est la capacité pour un pays de mettre en œuvre sa propre politique de développement ». Le ministre ivoirien du Commerce et de l’Industrie, Souleymane Diarrassouba, a pour sa part insisté sur l’urgence de valoriser les ressources africaines, rappelant que plus de 70 % des matières premières quittent encore le continent à l’état brut et que les dépenses de R&D restent limitées à 0,5 % du PIB, contre une moyenne mondiale de 2,2 %.
Le secrétaire général de l’OIF, Louise Mushikiwabo, a élargi la perspective en soulignant que l’espace économique francophone pèse à lui seul 16,5 % du PIB mondial. La jeunesse de cet espace, a-t-elle averti, peut être soit une bombe à retardement, soit une mine d’or – à condition que la souveraineté économique devienne une réalité tangible.
Les panels ont ensuite donné le ton. Pour Karim Zidane, la souveraineté économique ne peut être envisagée sans intégration continentale et mise en avant de l’initiative privée. Paulo Gomez a cité la création de l’Africa Finance Corporation (AFC), financée à hauteur de 500 millions de dollars par les réserves de la Banque centrale du Nigeria, comme un exemple concret de souveraineté. Le ministre ivoirien des Finances, Adama Coulibaly, a de son côté rappelé que « la souveraineté, c’est l’aptitude d’un État à contrôler ses choix fondamentaux », mais qu’elle suppose stabilité macroéconomique, réformes structurelles, et ouverture aux IDE comme aux partenariats stratégiques.
Ethiopis Tafara, vice-président de la SFI pour l’Afrique, a insisté sur le rôle du secteur privé, catalyseur de création d’emplois dans l’agriculture, la santé ou l’industrie manufacturière. Il a mis en lumière le paradoxe d’un continent disposant de 65 % des terres arables non exploitées mais important encore 80 % de ses besoins alimentaires.
Tout juste nommé à la tête de la BAD, Dr. Sidi Ould Tah a, pour sa première participation à un forum de ce type, présenté les quatre axes de sa vision : mobiliser les financements avec effet de levier, réformer l’architecture financière africaine, transformer la démographie en atout en formalisant l’informel, et bâtir des infrastructures résilientes. « L’Afrique compte seulement 25 milliardaires contre un millier en Asie, mais nous allons créer une coalition du secteur privé africain », a-t-il annoncé.
Dans son discours d’ouverture de l’événement , le Premier ministre Beugré Mambé a réaffirmé l’ambition ivoirienne : produire davantage ce qu’elle consomme, transformer localement ses matières premières et bâtir une politique de « champions nationaux », avec un accompagnement ciblé selon les catégories d’entreprises.