Entrepreneur visionnaire, Mohamed Salem Baira est le fondateur et directeur général d’Ibtikar Technologies, une entreprise mauritanienne de référence dans le domaine de la transformation numérique. Fort de plus de dix ans d’expérience dans les technologies de l’information, il a fait de sa passion pour le digital un levier d’impact social et économique. « Nous sommes un groupe d’ingénieurs passionnés par les défis de la transformation digitale en Mauritanie et en Afrique de manière générale », explique-t-il à Financial Afrik, en marge du Fintech Mauritanie Hackathon organisé à Nouakchott du 17 au 23 juillet 2025.
Sous sa direction, Ibtikar a développé le système Houwiyeti, qui permet aujourd’hui aux citoyens mauritaniens de commander en ligne leurs documents officiels — passeports, extraits de naissance ou de mariage — sans se déplacer. Une avancée majeure dans la modernisation des services d’état civil, mise en œuvre en partenariat avec l’Agence nationale des registres de la population et des titres sécurisés (ANRPTS). Ce projet phare a d’ailleurs été salué publiquement par plusieurs acteurs régionaux, notamment le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko, en visite officielle à Nouakchott. « Ce que nous avons compris très tôt, c’est que la transformation digitale n’est pas une option. C’est une nécessité. En Mauritanie comme ailleurs sur le continent, la demande est très forte, bien supérieure à l’offre. Il y a là un véritable levier de développement économique et d’impact social », souligne M. Baira.
Dans cette même logique d’innovation, Ibtikar a lancé en avril 2025 la plateforme Khidmaty, portail des services publics digitalisés. Conçue avec le Ministère de la Transformation numérique, l’Agence numérique de l’État (AN-État) et l’Agence de Promotion des Investissements en Mauritanie (APIM), cette solution modulaire permet aujourd’hui d’obtenir en ligne une large palette de documents : extrait de casier judiciaire, carte grise, résultats scolaires, démarches liées à la création d’entreprise ou encore à la demande d’agrément au Code des investissements. Une plateforme conçue pour accueillir des services développés également par d’autres entités.
« Nous avons adopté une architecture ouverte et modulaire pour encourager l’écosystème local à co-développer des solutions. Il faut sortir d’une logique fermée pour favoriser la co-innovation au service des citoyens », affirme le dirigeant. Interrogé sur les perspectives d’investissement dans le secteur technologique, Mohamed Salem Baira reste confiant : « Le digital est un champ d’opportunités. Il faut créer un environnement des affaires propice, structurer les incubateurs, soutenir les start-ups locales et attirer des partenaires étrangers. Le rôle des États est crucial pour créer ce terreau fertile à l’émergence de champions africains de la tech. »
Un développement régional en perspective
À la tête d’une équipe de plus de 50 professionnels, Ibtikar Technologies se positionne désormais pour étendre ses activités dans la sous-région. « Nous avons développé des produits testés et éprouvés en Mauritanie, mais entièrement adaptables aux réalités de la région. Beaucoup d’échecs viennent du fait que les solutions importées ne tiennent pas compte des spécificités locales. Nous, nous concevons des technologies ancrées dans notre environnement africain. »
Durant le Fintech Hackathon, IBTIKAR a pu détecter de nouveaux talents parmi les jeunes porteurs de projets : « J’ai été agréablement surpris par le dynamisme des équipes et la pertinence des solutions proposées. C’est très prometteur. La jeunesse ne se contente plus de pointer les problèmes, elle cherche à proposer des solutions concrètes. Ce changement de mentalité est essentiel. » En bon mentor, Mohamed Salem Baira adresse un message fort à la jeunesse africaine : « Mon conseil, c’est de partir d’une problématique qui vous touche personnellement, puis de chercher à y répondre avec rigueur et créativité. C’est ainsi que se forge l’expertise. La transformation numérique, ce n’est pas seulement de la technique, c’est avant tout un engagement à améliorer la vie de nos concitoyens. »
Mais l’écosystème n’est pas sans défis. Le manque de financement reste un frein majeur. « Il faut que les acteurs publics et privés prennent plus de risques. Il faut croire aux projets portés localement. Et il faut plus d’initiatives comme ce Hackathon, qui permettent d’identifier les talents et de leur offrir un cadre d’expression. »
En guise de conclusion, Mohamed Salem Baira lance un appel aux synergies panafricaines : « Nous devons nous découvrir, nous inspirer mutuellement, bâtir ensemble. Je tends la main à tout partenaire désireux de relever les défis de la digitalisation en Afrique. Rendez-vous sur notre site https://ibtikartech.com, et travaillons ensemble pour une Afrique numérique performante et inclusive. »