Par le Professeur Abderrahmane Mebtoul, Professeur des universités, expert international, Docteur d’Etat (1974) en gestion, expert-comptable de l’Institut Supérieur de Gestion de Lille, France.
Le cours officiel du dinar est passé (cours achat) de 4,94 dinars pour 1 dollar en 1970 à 5,03 dinars en 1980. En 2001, il s’établissait à 77,26 dinars pour 1 dollar et à 69,20 dinars pour 1 euro. En 2005, les taux étaient de 73,36 dinars pour 1 dollar et de 91,32 dinars pour 1 euro ; en 2010, de 74,31 dinars pour 1 dollar et 103,49 dinars pour 1 euro ; en 2015, 100,46 dinars pour 1 dollar et 111,44 dinars pour 1 euro ; en 2016, les mêmes taux ont été observés ; en 2017, ils étaient de 110,96 dinars pour 1 dollar et 125,31 dinars pour 1 euro ; en 2018, 116,62 dinars pour 1 dollar et 137,69 dinars pour 1 euro ; en 2019, 119,36 dinars pour 1 dollar et 133,71 dinars pour 1 euro ; en 2020, 128,31 dinars pour 1 dollar et 161,85 dinars pour 1 euro.
Avant les accords avec le FMI en 1993, la cotation était administrative, rendant les comparaisons avec la période actuelle peu significatives. Les ajustements par rapport au marché ont débuté vers 1993-1994. L’écart entre le cours officiel et celui du marché parallèle évoluait entre 30 à 35 % vers 1995 et entre 40 à 50 % dans les années 2000. En 2021, le 18 mai, le dollar s’échangeait à 179 dinars et l’euro à 210 dinars sur le marché parallèle.

Fin juin 2025, l’euro franchissait la barre symbolique des 260 dinars sur le marché informel : 259 dinars à l’achat et 263 dinars à la vente contre un cours officiel de 152 dinars, soit un écart de 73,30 %. Le dollar s’échangeait à 225 dinars à l’achat et 229 dinars à la vente contre un cours officiel de 129 dinars, soit un écart de 77,51 %.
Concernant la sphère informelle, la circulation fiduciaire hors banques a augmenté de 12,93 %, passant de 5 437,6 milliards de dinars fin 2019 à 6 140,7 milliards fin 2020, représentant 34,73 % de la masse monétaire M2. En 2022, elle était de 33,35 % contre 33,47 % en 2021. En 2023, la circulation fiduciaire atteint 8 300,76 milliards de dinars, soit 59,49 milliards de dollars au taux de 135 dinars pour 1 dollar. En 2024, elle représentait toujours plus d’un tiers de la masse monétaire.
- Raisons principales de l’écart entre cours officiel et marché parallèle
- Faible productivité, surfacturation des projets, et dépendance aux hydrocarbures.
- Baisse des transferts des résidants à l’étranger et pratiques informelles.
- Déficits budgétaires croissants et compression artificielle de l’inflation.
- Demande en devises pour les importations de véhicules et les voyages.
- Allocation devises faible (100 à 750 euros/an/personne) incitant au recours au marché noir.
- Commerce informel et opacité des importations non réglementées.
- Agences de voyage et opérateurs en services touristiques sur le marché noir.
- Placement en actifs réels (immobilier, or, devises) pour se prémunir de l’inflation.
- Défiance vis-à-vis de la politique économique et anticipation de dévaluation.
- Quelles solutions ?
- Reconnaitre que le secteur informel est une réponse à la faiblesse du marché de l’emploi.
- Création d’emplois formels dans les secteurs à forte valeur ajoutée.
- Amélioration de l’éducation et lutte contre les inégalités.
- Allégement fiscal pour élargir l’assiette et réduire la fraude.
- Réforme du cadre réglementaire et de la gouvernance économique.
- Amélioration des services publics (sécurité, financement, propriété).
- Stabilité du taux de change via des politiques économiques cohérentes.
- Titularisation de la propriété et formalisation du commerce de détail.
- Réforme de la fiscalité douanière et des chaînes logistiques.
En conclusion, toute stratégie durable doit prendre en compte la réalité socioculturelle et restaurer la confiance sans laquelle aucun développement soutenable n’est possible.