A travers son Africa Tour 2025, Casablanca Finance City (CFC) affirme une ambition claire : faire de Casablanca un pivot financier et stratégique de l’intégration économique africaine. De Cotonou à Lomé, puis Accra, cette tournée ouest-africaine met en lumière des économies en mutation rapide, des hubs logistiques en pleine montée en puissance et une nouvelle géographie du capital sur le continent.
Dans un contexte africain marqué par une recomposition accélérée des chaînes de valeur, une quête accrue de souveraineté capitalistique et une concurrence renforcée entre hubs financiers régionaux, Casablanca Finance City entend consolider son rôle de plateforme d’interconnexion continentale. Le CFC Africa Tour 2025, qui a conduit la délégation marocaine au Bénin, au Togo et au Ghana, s’inscrit dans cette dynamique : aller au contact des écosystèmes locaux, décrypter les trajectoires de croissance et transformer les complémentarités économiques en opportunités d’investissement concrètes.
L’axe Bénin–Togo–Ghana n’a rien d’anodin. Il concentre des économies en mouvement, des ports devenus structurants pour le commerce régional et des États qui misent dans cette politique économique. Dans cette interview accordée à Financial Afrik, HichamChaoudri Directeur des affaires institutionnelles et de la coopération africaine au sein de Casablanca Finance City Authority, fait le point sur les enjeux de cette dernière mission de CFC en 2025.
Quels sont les enjeux du choix de l’axe Togo-Bénin-Ghana ?
Le CFC Africa Tour a été pensé pour connecter notre communauté aux institutions, aux agences d’investissement et aux acteurs locaux, afin de favoriser de nouveaux partenariats et projets. Cette deuxième édition nous a conduits au Bénin, au Togo et au Ghana : trois économies particulièrement dynamiques, où les réformes ambitieuses et le positionnement géostratégique créent un environnement particulièrement porteur pour les entreprises de la communauté CFC souhaitant renforcer leur présence en Afrique de l’Ouest. Au Bénin, l’agriculture reste un moteur économique central, tandis que les investissements massifs dans les infrastructures, dont le Port de Cotonou, créent un corridor logistique stratégique pour la sous-région. Le Togo se distingue par la digitalisation, le développement de l’agro-industrie et l’affirmation du Port Autonome de Lomé comme hub logistique majeur, soutenu par un environnement des affaires favorable et une croissance attendue autour de 5 %. Au Ghana, la stabilité politique et les réformes budgétaires renforcent son rôle de pôle d’investissement régional, avec une croissance projetée à 6,3 % et des initiatives comme la 24-Hour Economyou le programme Big Push Agenda qui stimulent le développement de secteurs porteurs tels que la fintech, les infrastructures et les énergies renouvelables. Cet axe met ainsi en lumière une Afrique de l’Ouest résolument connectée et ouverte aux investissements, offrant à nos membres des opportunités concrètes pour s’implanter, se développer et contribuer à l’intégration économique régionale.
À Lomé, les acteurs institutionnels et privés évoluent dans un marché en pleine recomposition. Quels catalyseurs locaux identifiés par CFC rendent aujourd’hui Lomé stratégique pour déployer son narratif d’intégration surafricaine ?
Le Togo se positionne en effet comme un acteur clé pour renforcer l’intégration économique en Afrique. Le premier facteur est bien entendu la transformation économique profonde engagée par le pays. En quelques années, le pays s’est hissé au rang de premier réformateur d’Afrique de l’Ouest selon le rapport B-READY 2024 de la Banque mondiale. Cette progression illustre une volonté politique forte : moderniser le cadre réglementaire, simplifier les procédures et stimuler la compétitivité du secteur privé. Pour CFC, c’est l’assurance d’un environnement institutionnel solide et fiable pour accompagner l’expansion de nos membres. Le Port Autonome de Lomé, figurant aujourd’hui dans le Top 100 mondial, constitue également un atout logistique de premier plan pour le Togo. Avec plus de 30 millions de tonnes manutentionnées en 2024 et une progression notable du transbordement, il s’impose comme un hub logistique incontournable en Afrique de l’Ouest. Sa 2/4 connectivité avec les pays côtiers comme avec les marchés enclavés, tels que le Burkina Faso, le Niger ou le Mali, en fait un levier essentiel de l’intégration commerciale africaine. À cela s’ajoute l’attractivité croissante du pays sur la scène internationale. En 2025, des investisseurs américains, européens et asiatiques ont renforcé leur présence dans la logistique, la tech, les infrastructures ou encore les énergies renouvelables, une dynamique portée par la Feuille de route Togo 2025. L’ensemble de ces éléments font du Togo un partenaire solide sur lequel nos entreprises membres peuvent s’appuyer comme solide relais de croissance en Afrique de l’Ouest.
Le roadshow intervient dans un contexte où plusieurs pays renforcent leur souveraineté capitalistique et diversifient leurs partenariats financiers. En quoi la proposition de CFC répond-elle à cette quête de compétitivité, notamment face aux hubs anglophones et aux nouvelles initiatives régionales ?
Le mouvement actuel vers une plus grande souveraineté capitalistique est une évolution positive pour le continent et traduit une volonté commune, celle de maîtriser davantage la création de valeur en Afrique et de capter une part plus importante de la richesse créée. Comme expliqué, l’ensemble de nos actions convergent vers un but que nous partageons avec nos parties prenantes africaines : accélérer l’intégration économique de l’Afrique. Le CFC Africa Tour est un exemple tangible de la façon dont nous bâtissons des ponts entre les forces économiques du continent tout en accompagnant des acteurs internationaux dans leur expansion en Afrique. L’intégration que nous portons se veut complémentaire des initiatives régionales : nous cherchons à relier, à faire circuler davantage les capitaux, les expertises et les innovations entre les différentes zones économiques. C’est d’ailleurs dans cet esprit que nous avons lancé l’appel de Casablanca, organisé conjointement avec la Banque africaine de développement, en juillet 2025. Cette plateforme, dédiée au secteur privé africain, a été pensée pour faciliter la circulation des capitaux, des expertises et des projets structurants à l’échelle continentale, tout en renforçant les synergies entre hubs financiers et initiatives régionales. En somme, CFC répond à cette quête de compétitivité en jouant un rôle d’accélérateur : accélérateur de croissance pour les entreprises africaines, accélérateur d’investissement pour les acteurs internationaux qui croient en l’Afrique, et accélérateur d’intégration pour un continent qui, plus que jamais, veut maîtriser son destin économique.
L’objectif affiché du CFC Africa Tour est aussi de susciter l’implantation de sièges régionaux. Quels engagements ou incentives spécifiques CFC met-il en avant pour convaincre les groupes africains et internationaux de choisir Casablanca comme base continentale ou sous-régionale ?
Notre première force c’est notre position géographique. Le Maroc, situé au carrefour de l’Europe, de l’Afrique et du Moyen-Orient, constitue une porte d’entrée naturelle vers le continent africain. Cela semble être une évidence mais cette localisation privilégiée constitue un premier argument en faveur de l’attractivité de CFC comme hub régional pour les entreprises souhaitant piloter leurs opérations africaines depuis un environnement stable et connecté. 3/4 Au-delà de cet aspect, pour attirer l’implantation de sièges régionaux, nous mettons en avant une offre structurée autour d’engagements concrets. D’abord, nous proposons un cadre réglementaire et fiscal aligné sur les meilleures pratiques internationales. Pour vous donner un exemple, les entités ayant acquis le statut CFC bénéficient de l’exonération totale de l’impôt sur les sociétés pendant les cinq premières années d’activité, d’un taux préférentiel sur l’impôt sur le revenu, et de la liberté de transfert des devises. Ces conditions créent un environnement sécurisé et compétitif pour piloter leurs opérations en Afrique. En outre, nous mettons au service des membres de notre communauté des dispositifs d’accompagnement leur permettant une implantation ‘clé-en-main’ grâce à des démarches administratives facilitées, que ce soit pour la création de la société ou pour l’installation de leurs collaborateurs étrangers, à travers un système de guichet unique. Aujourd’hui, plus de 30 nationalités sont représentées au sein des employés de la communauté CFC. Une fois implantées, les entreprises membres de CFC bénéficient de notre réseau unique, réunissant acteurs économiques et institutions, pour dynamiser leurs activités et se développer à l’échelle du continent. Grâce à des initiatives comme le CFC Africa Tour, nous concrétisons notre objectif en aidant nos membres à se développer davantage, plus vite et plus efficacement, en les connectant aux bons partenaires et aux bons marchés. Question 5 : Au terme des étapes Bénin-Togo-Ghana, quels signaux tangibles (accès au capital, projets, fonds, listings, décisions d’implantation…) considérez-vous comme les plus prometteurs à court terme pour CFC Africa Tour 2025, et selon quel calendrier réaliste les marchés peuvent-ils en attendre les retombées ? Nous nous efforçons de créer des passerelles concrètes et d’ouvrir de nouvelles opportunités de croissance entre les centres économiques du continent. Au Bénin, la visite de la Zone Économique Spéciale de Glo-Djigbé a mis en évidence le développement rapide de l’industrialisation, notamment dans le textile, l’agroalimentaire et l’industrie pharmaceutique. Les entreprises ont pu se projeter concrètement sur les perspectives locales et mieux appréhender les maillons stratégiques de leurs secteurs. Au Togo, les potentiels sont énormes, et nous espérons que les partenariats noués lors du roadshowgénéreront des retombées positives durables pour nos économies. La visite du Port de Lomé a permis de mieux cerner les infrastructures et les chaînes de valeur, renforçant la position du Togo comme moteur du commerce et de l’intégration régionale. Au Ghana, les initiatives gouvernementales comme celles déjà citées montrent la volonté d’améliorer le climat des affaires et de stimuler l’investissement privé. Ces échanges ont mis en lumière des secteurs à fort potentiel pour les investisseurs : fintech, infrastructures, tourisme, eau, construction, agro-industrie et énergies renouvelables, tout en soulignant la solidité et le dynamisme de l’économie ghanéenne. Dans l’ensemble, le CFC AfricaTour a montré que l’Afrique de l’Ouest est une région dynamique, où il faut travailler main dans la main avec les acteurs publics et privés pour faire émerger des projets solides et durables. Chez CFC, notre mission reste claire : simplifier le doing business, connecter les écosystèmes et donner une vision limpide des opportunités de croissance, afin que chaque entreprise puisse avancer à son rythme et choisir le moment idéal pour déployer ses projets.

