Avec une stratégie axée sur l’éducation financière, l’innovation digitale, l’élargissement de l’offre de produits et le plaidoyer pour des réformes fiscales et réglementaires, NSIA Asset Management entend jouer un rôle moteur dans la mobilisation de l’épargne africaine et son orientation vers l’économie réelle. C’est ce que déclare son directeur général Franck Olivier Diagou, le 4 novembre 2025, en marge de la cinquième édition de la cinquième édition de l’Africa Financial Summit (AFIS). Entretien .
AFIS 2025 a mis l’accent sur la mobilisation de l’épargne africaine. Quelles initiatives prépare NSIA Asset Management pour accélérer la mobilisation de l’épargne locale, notamment auprès des classes moyennes, des PME et des investisseurs institutionnels ?
La première initiative — et sans doute la plus importante — est la communication et l’éducation financière. Il est essentiel de positionner les OPCVM comme un outil d’épargne moderne, sécurisé et rentable, que chacun doit intégrer dans sa stratégie patrimoniale. Au sein de NSIA Asset Management, nous avons lancé un plan stratégique d’éducation financière accompagné de notre application mobile NSI Invest, qui permet l’ouverture de compte, la souscription, le suivi de portefeuille et la consultation des performances en toute autonomie. Nous avons sommes sur le point de nouer des partenariats avec des fintechs en Côte d’Ivoire mais aussi au Bénin et au Sénégal, comme Djamo (partenariat sur la Côte d’Ivoire et le Sénégal), pour permettre une souscription simple via mobile money. . L’idée est claire : aller vers l’épargnant, notamment les jeunes et les classes moyennes. Ces différents partenariat entrent dans une stratégie visant à rendre nos produits plus accessibles et ainsi réduire les barrières.
L’Afrique dispose d’une épargne abondante mais peu mobilisée. Comment expliquez-vous ce paradoxe ?
Le premier frein est la faible rentabilité des produits financiers traditionnels. Lorsque les rendements sont insuffisants, les épargnants préfèrent investir dans le commerce, l’immobilier ou l’informel, où ils estiment pouvoir obtenir des gains plus rapides. Notre rôle est donc d’offrir des produits plus performants, capables de rivaliser avec ces alternatives. Si nous parvenons à délivrer des rendements deux, trois ou quatre fois supérieurs aux dépôts bancaires, l’épargne basculera beaucoup plus naturellement vers les marchés financiers.
Ensuite, il faut travailler sur l’accessibilité : permettre d’investir via mobile money, de petites sommes, de manière simple et instantanée. Si un étudiant peut placer 1000 ou 2 000 F CFA depuis son téléphone avec un potentiel de rendement supérieur, le choix devient évident.
Mais cela passe aussi par la pédagogie : expliquer la diversification, la stabilisation des revenus, l’horizon long terme. Beaucoup nous disent : “Si j’investis dans l’achat d’un container , je gagnerai plus.” C’est vrai — mais pas sans risque.
Quelles réformes recommandez-vous pour renforcer l’intermédiation financière et attirer plus de capitaux ?
La première réforme concerne les incitations fiscales. Les gouvernements doivent comprendre que les gestionnaires d’actifs financent une partie importante de l’économie, au même titre que les banques. Les produits d’épargne longue devraient bénéficier d’un traitement fiscal attractif.
Ensuite, il faut innover dans les produits : proposer des fonds thématiques, sectoriels, immobiliers, adaptés aux différents profils d’investisseurs. Nous travaillons avec le régulateur sur des fonds immobiliers (FCPI), très demandés. Enfin, une harmonisation fiscale régionale est nécessaire pour éviter les distorsions entre pays, notamment dans l’UEMOA.
Quel rôle peuvent jouer les gestionnaires d’actifs dans le financement des infrastructures ?
Notre ambition est d’orienter l’épargne domestique vers des projets structurants : énergie, digital, santé, transport. Les fonds infrastructure, les fonds verts et le private equity sont des outils essentiels pour cela. Nous travaillons à créer des produits qui permettent aux citoyens d’investir dans leur économie, sans disposer de capitaux importants. C’est un modèle gagnant : l’investisseur bénéficie d’un rendement et le pays se développe.
Finalement, comment concilier prudence, rendement et inclusion financière ? Et quel rôle pour les nouveaux instruments ?
Les nouveaux fonds thématiques, les fonds verts, les sukuk, et les véhicules immobiliers offrent channeaux alternatifspermettant de réduire le risque et d’exposer les investisseurs à des classes d’actifs variées. Nous plaidons aussi pour l’introduction de produits dérivés, indispensables pour couvrir les risques de marché et améliorer la profondeur du marché financier régional. Aujourd’hui, ils manquent encore — et cela limite la sophistication et la résilience des portefeuilles. Notre vision est simple : diversifier, sécuriser, démocratiser l’investissement.

