Le Sénégal franchit une nouvelle étape dans la concrétisation de sa stratégie nationale pour un habitat durable et inclusif. La Banque nationale pour le développement économique (BNDE) et le Fonds pour l’habitat social (FHS) ont signé un protocole d’accord ce vendredi 31 octobre, marquant ainsi la mise en œuvre opérationnelle du Fonds vert pour l’habitat social, un mécanisme financier innovant destiné à soutenir la transition écologique du secteur du logement.
La cérémonie de signature, présidée par Momath Talla Ndao, secrétaire d’État au Logement, s’est tenue à Dakar en présence de Mamadou Faye, directeur général de la BNDE, et d’Ibrahima Diop, administrateur du FHS. Cet accord, à travers un Mémorandum d’entente (MoU), scelle une alliance stratégique entre le secteur bancaire et les institutions publiques pour financer des projets à fort impact social et environnemental.
3 milliards FCFA pour bâtir un modèle de logement bas carbone
En s’engageant à mobiliser 3 milliards FCFA (environ 4,9 millions USD) dans le cadre du Fonds vert, la BNDE affirme son ambition d’être un acteur moteur de la finance durable au Sénégal. En effet, l’institution prévoit non seulement de dégager une ligne de financement dédiée, mais également de structurer un véhicule financier innovant destiné à attirer des ressources longues, notamment issues des marchés verts et climatiques.
« Cet engagement traduit notre conviction que la finance verte peut être un levier concret de justice sociale et de transition écologique », a déclaré Mamadou Faye, DG de la BNDE, soulignant la cohérence de cette démarche avec les priorités nationales en matière de durabilité et d’équité territoriale.
La banque indique qu’elle mettra également à disposition l’expertise technique de ses équipes pour identifier des projets conformes aux standards environnementaux internationaux et adaptés aux réalités locales : bâtiments économes en énergie, matériaux locaux, et intégration des énergies renouvelables.
Un Fonds vert au cœur de la transition écologique
Le Fonds pour l’habitat social (FHS), initiateur du projet, a conçu ce dispositif comme un outil de financement de l’habitat durable au bénéfice des populations à revenus modestes. Son ambition est double : réduire l’empreinte carbone du secteur du bâtiment en favorisant des matériaux biosourcés et une efficacité énergétique accrue, d’une part, et d’autre part, renforcer l’inclusion sociale en rendant accessibles des logements écologiques à des ménages jusqu’ici exclus du marché immobilier.
Ce mécanisme repose sur une gouvernance multipartite : l’État, les banques, les promoteurs immobiliers, et les partenaires techniques internationaux y collaborent dans une logique de cofinancement vert.
Des ressources issues des mécanismes climat et carbone pourront également y être mobilisées, apprend-on, en complément des fonds publics et des investissements privés.
Le FHS : garant du foncier et de la commercialisation
Le FHS jouera un rôle central dans la mise en œuvre du programme. Il aura, en effet, à charge le foncier, en assurant la disponibilité des terrains destinés aux projets d’habitat social ; le rachat et la commercialisation des productions réalisées par les promoteurs financés ; la cohérence stratégique avec le Programme national d’accès au logement et de renouveau urbain (PNALRU), pilier de la politique publique en matière d’urbanisme et d’équité territoriale.
Selon Ibrahima Diop, administrateur du FHS, « Ce partenariat illustre notre volonté d’allier innovation financière, inclusion sociale et responsabilité environnementale. Il s’agit d’un signal fort envoyé aux investisseurs et partenaires internationaux sur la maturité du marché de l’habitat durable au Sénégal. »
Une convergence entre économie, écologie et justice sociale
Au-delà de son volet financier, cette initiative traduit un changement de paradigme dans la gouvernance du logement. Elle s’inscrit dans une approche intégrée où la construction durable devient un instrument de croissance inclusive et de résilience climatique, conformément aux engagements du Sénégal dans le cadre de l’Accord de Paris et des Objectifs de développement durable (ODD).
L’alignement entre le secteur financier, les politiques publiques et les acteurs de la transition écologique crée une dynamique vertueuse : un logement plus propre, plus accessible et économiquement viable.
Pour les investisseurs institutionnels, les marchés financiers et les partenaires internationaux, le Fonds vert pour l’habitat social constitue désormais une plateforme d’investissement durable à fort potentiel de rentabilité sociale et environnementale.
Une impulsion décisive pour la coopération internationale
Ce partenariat BNDE–FHS arrive à un moment charnière, alors que plusieurs bailleurs multilatéraux, dont la Banque africaine de développement (BAD) et la Banque mondiale, encouragent le développement de fonds verts nationaux.
En misant sur la finance climatique et la construction bas carbone, le Sénégal consolide sa position de leader régional en innovation environnementale et ouvre la voie à de nouvelles synergies public-privé.
Vers une architecture durable du futur
Avec ce premier financement de 3 milliards FCFA, la BNDE et le FHS posent les bases d’un modèle reproductible : un habitat qui réconcilie économie, environnement et équité sociale.
Ce partenariat symbolise aussi l’émergence d’une nouvelle architecture du développement, où chaque logement construit devient un pas vers une société plus juste, plus résiliente et plus durable.

