Parakou a résonné ce samedi des chants et acclamations des militants venus assister à l’investiture du duo présidentiel porté par la mouvance. Sous les applaudissements nourris, Romuald Wadagni a été officiellement désigné candidat, aux côtés de Mariam Chabi Talata, actuelle vice-présidente de la République.
Dès les premières minutes de son discours, le ton était marqué par sa sincérité et son ancrage personnel. L’actuel ministre de l’Économie et des Finances, parfois perçu comme un technocrate réservé, a choisi de se raconter, évoquant ses souvenirs d’enfance dans la cité des Kobourou :
« Enfant, j’accompagnais mon père, alors directeur départemental du Plan du Borgou. Les routes étaient longues, très souvent en mauvais état, parfois impraticables. À bord d’un véhicule communément appelé 404 bâchée, qu’il fallait bien souvent pousser pour la faire démarrer, nous devions changer une roue à presque chaque trajet. »
Et d’ajouter, avec émotion :
« Vous l’avez compris, j’étais bien souvent le compagnon de route de mon père, et vous devinez donc ma grande émotion ce matin, en parcourant seul cette route pour venir ici, dans cette ville qui m’a également vu grandir. »
Ces mots, empreints de simplicité, ont trouvé un écho particulier parmi les militants. Plusieurs d’entre eux, interrogés à la fin de la cérémonie, disaient avoir découvert « un autre Wadagni » : non plus seulement le ministre à succès, salué pour la stabilité financière du pays, mais un homme attaché à ses racines et à la vie ordinaire des Béninois.
Né à Lokossa en 1976, Romuald Wadagni a connu une enfance loin des cercles de pouvoir de Cotonou. Son père, Nestor Wadagni, docteur en mathématiques, lui a transmis la rigueur et le sens du service public ; sa mère, entrepreneure, lui a appris le goût du risque et la valeur du travail. Adolescent, il passait ses vacances à découvrir les métiers manuels et à participer aux travaux champêtres de ses grands-parents.
Cette éducation austère, complétée par vingt années de pratique du judo, a forgé un tempérament de constance et de discipline. C’est cette même détermination qu’on lui reconnaît dans sa gestion des affaires publiques : rigueur, méthode et exigence de résultat.
La cérémonie d’investiture a, elle aussi, mis en lumière cette idée de continuité et d’unité. Les quatre partis de la mouvance – Renaissance Nationale, Moele Bénin, Bloc Républicain et Union Progressiste le Renouveau – ont uni leurs voix pour porter sa candidature. Wadagni a tenu à saluer leurs dirigeants, rappelant que « cette investiture n’est pas seulement celle d’un homme, d’une femme ou d’un camp politique. Elle est un moment qui appartient à toute la Nation béninoise ».
À Parakou, ce samedi, le public n’a pas seulement applaudi le technicien brillant. Il a redécouvert un homme de conviction et de proximité. Derrière le costume du ministre, c’est l’enfant du pays qui s’est révélé — humble, ancré, et prêt à écrire une nouvelle page de l’histoire nationale.