Le dernier rapport sur l’Indice de performance des ports à conteneurs (CPPI), publié conjointement par la Banque mondiale et S&P Global Market Intelligence et couvrant la période 2020-2024, confirme le poids croissant des hubs africains dans la recomposition mondiale des chaînes logistiques. L’évaluation, qui repose sur l’analyse de 403 ports à travers plus de 175 000 escales de navires et 247 millions de mouvements de conteneurs, met en lumière des trajectoires contrastées, entre excellence nord-africaine, regain ponctuel en Afrique australe et émergence subsaharienne.
Sans surprise, deux mastodontes dominent le classement africain : Port-Saïd en Égypte, troisième port mondial avec un indice de 137,4, et Tanger Med au Maroc, cinquième port mondial à 135,8, véritables vitrines d’infrastructures modernes, d’investissements massifs et d’intégration numérique poussée. Derrière ce duo de tête se positionne Damiette, en Égypte, qui malgré un score négatif en 2024 figure parmi les ports affichant les plus fortes progressions régionales, traduisant l’effet structurant des expansions du terminal SCCT sur le canal de Suez. Dakar, avec un CPPI de 22,8, décroche le titre de meilleur port d’Afrique subsaharienne. L’écart avec les leaders nord-africains relativise cependant sa performance, même si le rebond est spectaculaire après un indice de -82 en 2023. L’amélioration est portée par les investissements de DP World, la mise en place d’un guichet unique douanier et le renforcement des connexions ferroviaires vers le Mali.
Cotonou au Bénin, Coega et Cape Town en Afrique du Sud, ainsi que Lagos et Tin Can Island au Nigeria, composent le reste du top 10 continental. Leurs scores, souvent négatifs, masquent néanmoins des progressions spectaculaires d’une année sur l’autre, reflet des réformes engagées, des effets de rattrapage après des crises conjoncturelles ou de l’absorption de flux détournés par les crises logistiques mondiales. Enfin, Qasr Ahmed, en Libye, ferme ce top africain avec un score encore modeste mais une dynamique ascendante, confirmant la volonté d’intégrer le pays dans les corridors méditerranéens.
Ce panorama souligne que si l’Afrique subsaharienne fait des percées notables, le centre de gravité de la performance portuaire africaine reste encore solidement arrimé à la Méditerranée, où Port-Saïd et Tanger Med s’imposent comme des références mondiales. Dakar et ses pairs devront encore capitaliser sur la modernisation, la digitalisation et l’intégration logistique régionale pour espérer rivaliser, à moyen terme, avec les géants nord-africains.
