La BCM dans la médiane entre le tandem BCEAO – Bank Al Maghrib et la Banque d’Algérie.
Le Conseil de politique monétaire de la Banque Centrale de Mauritanie (BCM), réuni le 15 août 2025 sous la présidence de Mohamed-Lemine Dhehby, gouverneur de la BCM, a décidé d’abaisser le taux directeur à 6 %, fixant le taux de facilité de prêt à 6,5 % et celui de dépôt à 2 %.
Cette décision s’inscrit dans un contexte de désinflation marquée : l’inflation en glissement annuel est passée de 3,0 % en juillet 2024 à 1,3 % en juillet 2025. Dans ces conditions, le maintien du précédent niveau de taux induisait un écart croissant entre taux nominaux et taux réels, renforçant le caractère restrictif de la politique monétaire. Avec un taux directeur de 6 % et une inflation à 1,3 %, le taux réel implicite demeure supérieur à 4 %, traduisant une orientation encore restrictive.
Le corridor monétaire reste large : le taux de prêt à 6,5 % et le taux de dépôt à 2 % encadrent la liquidité bancaire, décourageant l’arbitrage passif et préservant l’incitation à un financement interbancaire discipliné.
Mise en perspective régionale
Comparée à d’autres autorités monétaires de la région, la BCM conserve un niveau de taux intermédiaire. La Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) maintient depuis septembre 2022 un taux directeur de 3,0 %, dans un environnement où l’inflation de l’UEMOA s’est repliée sous 3 %. Bank Al-Maghrib au Maroc opère à 3,25 %, avec une inflation proche de 2 % à mi-2025. En revanche, la Banque d’Algérie conserve une politique nettement plus restrictive avec un taux directeur fixé à 7 %, afin de gérer à la fois la liquidité excédentaire issue des revenus hydrocarbures et les pressions inflationnistes internes.
La comparaison fait apparaître trois profils distincts : une UEMOA et un Maroc ancrés dans une politique de taux bas, une Algérie sur une ligne restrictive, et une Mauritanie située dans une position médiane, avec des taux nominaux supérieurs mais neutralisés par une inflation faible, ce qui conduit mécaniquement à des taux réels élevés.
Conclusion technique
La baisse décidée par la BCM relève d’un recalibrage destiné à éviter un durcissement monétaire excessif. Elle rapproche les conditions domestiques de la dynamique des prix tout en maintenant une orientation de prudence. L’écart persistant avec les pratiques de la BCEAO et de Bank Al-Maghrib reflète les contraintes spécifiques de la Mauritanie : système bancaire étroit, exposition aux flux miniers et besoin de marges de sécurité plus importantes .