Avec 135 200 millionnaires et 21 milliardaires cumulant près de 2 500 milliards de dollars d’actifs investissables (chiffres 2023), l’Afrique représente aujourd’hui une part notable de la richesse mondiale — et le nombre de millionnaires devrait croître de 65 % d’ici dix ans, selon l’Africa Wealth Report 2024 de Henley & Partners/New World Wealth. L’Afrique voit ainsi émerger une nouvelle génération de fortunes, notamment grâce à des secteurs en plein boom comme l’agro-industrie, le secteur financier, l’industrie extractive et le numérique. Face à cette concentration inédite de capitaux, une question structurelle se pose : comment transformer cette richesse en levier industriel durable ?
Une réponse discrète mais de plus en plus stratégique émerge à travers les family offices, artisans silencieux mais essentiels pour façonner les grandes dynasties industrielles africaines de demain. OBARA Capital, hedge fund structuré en multi-family office, incarne cette révolution silencieuse en Afrique francophone.
De la gestion de patrimoine au capital structurant
Longtemps perçus comme de simples gestionnaires d’actifs familiaux, les family offices changent de visage. En Afrique, ils ne se contentent plus de préserver le capital : ils l’investissent stratégiquement dans des entreprises industrielles, accompagnent des projets structurants, organisent les transmissions familiales et participent à l’émergence de filières locales. En Afrique francophone, les family offices restent encore à un stade embryonnaire.
« Ce sont souvent des cellules informelles, intégrées à l’entreprise familiale, ou des structures hybrides qui mêlent patrimoine personnel et capital d’exploitation », observe Bernard Ayitee, CEO d’OBARA Capital, un hedge fund structuré justement comme un multi-family office, fondé en 2018, avec pour ambition d’être les « orfèvres qui façonnent le capitalisme familial africain ».
« Mais une évolution est en cours. Au départ, la logique prédominante était la préservation du capital à travers une accumulation transgénérationnelle, tandis qu’on assiste à une demande accrue de nos interlocuteurs quant à des opportunités d’investissement industriels susceptibles de constituer un véritable levier de transformation économique et sociale pour le continent », souligne Orphée Tiehi, chargé d’affaires Family Office au sein d’OBARA Capital.
Des dynasties industrielles africaines en gestation
Environ 60 family offices sont actifs sur le continent à ce jour, avec des projections à 70 d’ici fin 2025 et 90 d’ici 2030, selon un rapport de Deloitte pour 2024. Ces chiffres illustrent une mutation : là où l’économie informelle domine encore largement, les family offices veulent poser les fondations d’un capitalisme intergénérationnel plus structuré. Soucieuses d’ancrer leur influence dans le temps et de diversifier leurs actifs, plusieurs familles africaines illustrent cette évolution.
Au Nigeria, le groupe Dangote se déploie dans le ciment, la logistique et bientôt la pétrochimie. En République démocratique du Congo, la famille Rawji a bâti Rawbank, l’une des banques les plus solides de la région. Au Kenya, la famille Chandaria, initialement active dans la fabrication, investit aujourd’hui dans la fintech et l’agritech. En Afrique du Sud, la famille Motsepe, à travers African Rainbow Capital, diversifie ses investissements dans des secteurs stratégiques comme l’éducation, la santé et les services financiers, contribuant à l’essor d’un tissu économique innovant.
Pour le CEO d’OBARA Capital, ces initiatives incarnent une réalité : « Dans des environnements où les marchés restent peu profonds et où les critères d’investissement des institutionnels internationaux sont parfois incohérents avec les enjeux industriels et stratégiques africains, ils sont parfois les seuls à pouvoir financer durablement des projets industriels ambitieux dans une logique de long terme et sans prime de risque injustifiée. »
En Afrique francophone, une dynamique encore en construction
Si les exemples les plus médiatisés viennent souvent d’Afrique anglophone, des familles d’entrepreneurs francophones franchissent elles aussi un nouveau cap, en structurant leurs investissements autour de véhicules dédiés pour financer des projets concrets à forte valeur ajoutée. On observe par exemple la mise en place de holdings régionales investissant dans des unités de transformation agroalimentaire (anacarde, cacao, coton), des PME du BTP et de la logistique, ou encore des initiatives numériques à fort potentiel. Certaines de ces structures participent aussi au financement d’infrastructures stratégiques, comme des entrepôts logistiques, des centrales hybrides ou des hubs agricoles régionaux.
« Ce qu’on observe sur le terrain, ce sont des familles qui, il y a dix ans, géraient leur fortune de manière intuitive. Aujourd’hui, elles créent des véhicules dédiés, embauchent des profils financiers pointus et se dotent d’une vision à dix ou vingt ans. Beaucoup cherchent à passer un cap : structuration de holdings familiales, prises de participation dans des PME à fort potentiel… elles veulent contrôler leur destinée économique. C’est là que les family offices prennent tout leur sens, en leur permettant non seulement de devenir des dynasties industrielles multigénérationnelles, mais aussi d’être les porte-flambeaux d’un capitalisme africain ambitieux et conquérant », met en avant Bernard Ayitee.
Catalyser l’expertise pour un capitalisme africain patient, productif et visionnaire
Pour soutenir cette mutation, encore faut-il disposer des expertises nécessaires localement. L’Afrique de l’Ouest francophone manque encore d’expertises pointues en ingénierie financière et patrimoniale ainsi que d’une offre d’asset management dédiée. OBARA Capital, en misant sur l’ingénierie patrimoniale, les investissements à impact et l’excellence professionnelle, veut s’imposer comme l’un des fers de lance de cette nouvelle économie familiale africaine.
« Il est temps que les familles africaines deviennent les architectes de leur propre puissance économique », conclut Bernard Ayitee.