La Côte d’Ivoire a organisé le 12 juin 2025, à l’Expo universelle d’Osaka, un Forum économique international, présidé par le ministre du Commerce et de l’Industrie, Dr Souleymane Diarrassouba. Rassemblant investisseurs japonais, bailleurs et décideurs ivoiriens, l’événement a notamment mis en avant les secteurs agricoles, industriels et miniers en plein essor. Avec 332,8 millions de dollars d’échanges en 2024, la Côte d’Ivoire veut continuer à développer ses échanges avec le Japon, via le Plan national de développement 2021-2025.
Infrastructures, agroalimentaire, industrie… Tokyo renforce pas à pas sa présence en Côte d’Ivoire.
C’est un rendez-vous à forte portée symbolique pour Abidjan : du 9 au 15 juin 2025, la Côte d’Ivoire était à l’honneur de l’Expo universelle d’Osaka, avec une « Semaine ivoirienne » destinée à promouvoir les opportunités ivoiriennes auprès des milieux économiques nippons. Un événement qui s’inscrit dans une stratégie plus large de diversification des partenariats engagés par le gouvernement ivoirien, dans un contexte de reconfiguration des géopolitiques sur le continent.
Depuis près de soixante ans, Tokyo cultive une relation prolifique avec Abidjan. En marge des projecteurs braqués sur Pékin ou Washington, le Japon s’impose aujourd’hui comme un partenaire de confiance, alliant financements stables, soutien au développement et présence industrielle croissante.
Nouées en 1966, les relations ivoiro-japonaises se sont consolidées autour de secteurs clés : agriculture, infrastructures, environnement, éducation ou encore gouvernance. Aujourd’hui, le Japon figure au 14e rang des fournisseurs de la Côte d’Ivoire, et au 86e parmi ses clients, important principalement du cacao transformé, du bois, du cuivre, tandis qu’il exporte vers Abidjan véhicules, pièces mécaniques, machines et poissons.
Symbole de cette confiance mutuelle, Abidjan a accueilli en août 2024 la troisième édition du Forum économique public-privé Japon-Afrique. Un choix hautement stratégique, qui confirme le positionnement central de la Côte d’Ivoire dans la diplomatie économique japonaise en Afrique de l’Ouest.
Des financements ciblés pour des projets structurants
Depuis 2010, les engagements japonais en Côte d’Ivoire ont atteint 570 millions de dollars, dont 78 % injectés via l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA). Une enveloppe dédiée à des projets à fort impact local, en ligne avec la stratégie de transformation et de diversification économique lancée par le président Alassane Ouattara.
Parmi les réalisations majeures : l’échangeur de l’Amitié Ivoiro-Japonaise, inauguré en 2015 pour 35 millions de dollars, suivi d’un second accord signé en 2019 pour trois nouveaux échangeurs à Cocody (122 millions de dollars).
Mais l’infrastructure n’est qu’une facette de l’engagement japonais. Tokyo finance également des programmes de préservation forestière (11 millions de dollars), de soutien à la filière rizicole (6 millions de dollars), de renforcement de la gouvernance locale dans le Grand Abidjan (4,5 millions de dollars), ou encore de modernisation des équipements de l’Académie des Sciences de la Mer (5 millions de dollars).
Des entreprises japonaises qui s’ancrent dans le paysage économique ivoirien
Cette dynamique de coopération se traduit aussi par une implantation progressive des groupes nippons sur le sol ivoirien. Une dizaine d’entre eux opèrent désormais dans les secteurs clés : agroalimentaire (Ajinomoto), automobile (Toyota), énergie et infrastructures (Mitsubishi Corporation, Itochu).
L’accord signé en 2019 pour la création d’une usine de montage Toyota en Côte d’Ivoire marque un tournant stratégique dans l’industrialisation locale. Dans le sillage de cette initiative, d’autres groupes comme Mitsui & Co ont manifesté leur intérêt, notamment pour la construction de deux centrales thermiques de 1 000 MW à San Pedro.
Un accord bilatéral de protection réciproque des investissements, signé en janvier 2020, vient sécuriser ces ambitions industrielles et renforcer la crédibilité du partenariat.
Tokyo, l’autre poids lourd asiatique avec Pékin
À l’heure où les États-Unis envisagent de réduire leurs engagements en Afrique, la Côte d’Ivoire entend diversifier ses débouchés économiques, notamment pour ses produits à haute valeur ajoutée comme le cacao transformé. Tokyo, de son côté, y voit une opportunité de concurrencer les investissements en provenance de Chine, tout en assurant un accès privilégié à des ressources clés.
Dans un paysage international en recomposition, l’axe Tokyo-Abidjan gagne en épaisseur. Sans tambour ni trompette, mais avec constance et méthode.