Les assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (BAD), tenues à Abidjan, se sont conclues le 30 mai 2025 par une image forte : la poignée de main franche entre le président sortant, Akinwumi Adesina, et son successeur, Sidi Ould Tah. Ce geste, hautement symbolique, scelle la fin d’une décennie de gouvernance nigériane et ouvre une nouvelle ère sous leadership mauritanien.
Élu dès le troisième tour avec 76 % des suffrages, Sidi Ould Tah a bénéficié d’un soutien massif des pays africains, traduisant une volonté claire du continent de voir la BAD davantage ancrée dans les priorités africaines. Sa prise de fonctions officielle est attendue pour le 1er septembre 2025.
Ancien président de la BADEA, Ould Tah est perçu comme un technocrate chevronné, doté d’une fine connaissance des mécanismes de financement du développement et des défis propres aux économies africaines. Son élection intervient dans un contexte où la BAD est appelée à accroître son efficacité opérationnelle, à renforcer l’effet de levier de ses engagements et à mieux répondre aux priorités continentales : industrialisation, souveraineté alimentaire, transition énergétique, intégration régionale et résilience face aux chocs climatiques et sécuritaires.
Les attentes sont donc à la hauteur des défis. De nombreux observateurs espèrent que Sidi Ould Tah insufflera un nouveau dynamisme à l’institution, en mettant l’accent sur des approbations plus ambitieuses, une gouvernance plus inclusive et une présence renforcée sur le terrain. L’enjeu pour le nouveau président sera aussi de préserver l’unité du capital politique de la banque, en maintenant la confiance des actionnaires non régionaux tout en répondant aux aspirations croissantes des États africains.
Avec cette transition, la BAD entame une nouvelle phase de son histoire, sous le regard attentif de ses partenaires et des marchés, dans un contexte mondial où les financements concessionnels sont de plus en plus rares, et où l’innovation financière devient un impératif stratégique.