Après le lancement, cet été, d’un campus rassemblant en Suisse les acteurs les plus innovants de l’économie de la confiance, le leader des solutions de traçabilité profite de son implantation en Afrique pour perfectionner la lutte contre les trafics qui minent les finances publiques et affectent la santé et la sécurité des populations.
50 000 mètres carrés de baies vitrées et d’espaces verts ; une capacité d’accueil de 1 300 collaborateurs ; près de quarante entreprises présentes (Ruag, SGS, Alpian, Fortinet, Visium, etc.), dont une quinzaine de start-up : en inaugurant, au début de l’été, son flambant neuf campus Unlimitrust, SICPA avait mis les petits plats dans les grands. Implanté à Prilly, dans la proche périphérie de Lausanne (Suisse), le site se veut le premier du genre à être entièrement dédié à « l’économie de la confiance ». Un concept assumé par SICPA, le leader mondial des encres de sécurité et des solutions d’authentification, d’identification et de traçabilité, qui souhaite avec ce campus « créer un écosystème dynamique et collaboratif pour stimuler l’innovation et encourager la confiance dans les transactions physiques et numériques ».
« Dans un monde où le rythme de l’innovation s’accélère, le campus Unlimitrust incarne la volonté de SICPA de créer un monde plus sûr et plus fiable pour tous, à travers la collaboration et la mise en commun d’expertises multiples », selon le président de l’entreprise suisse, Philippe Amon. Au-delà des équipes de SICPA en charge de l’innovation, l’incubateur fédère au sein d’un seul et même lieu plusieurs initiatives, destinées à faire émerger de nouvelles technologies assurant la protection et la traçabilité des produits : ainsi de la Trust Valley, un projet axé cybersécurité dont SICPA est l’un des fondateurs ; du Trust Village, soutenu par les autorités locales pour accompagner les jeunes pousses suisses ; ou encore de l’Economy of Trust Foundation, qui a pour ambition de développer les collaborations à l’international et de former les gouvernants à l’économie de la confiance.
SICPA choisit le Maroc pour développer de nouvelles solutions
Autant de promesses d’internationalisation qui ne sont pas restées lettre morte. A la fin du mois de septembre, SICPA a en effet annoncé la conclusion d’un accord entre le groupe suisse et la Fondation marocaine MAScIR (Moroccan Foundation for Advanced Science, Innovation and Research). Rattachée à l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) de Rabat, la Fondation MAScIR vise, depuis sa création en 2007, à la promotion et au développement de pôles de recherche technologique dans les domaines des matériaux et nanomatériaux, de la biotechnologie, de la microélectronique et des sciences de la vie. C’est donc tout naturellement que les dirigeants des deux entités se sont rapprochés, dès février dernier, pour mutualiser leurs efforts en faveur de l’émergence d’une économie de la confiance sur le continent africain.
Concrètement, le contrat de projet de recherche dévoilé il y a quelques jours porte sur le développement d’une nouvelle solution de marquage et de détection, dont les contours n’ont pas été précisément dévoilés. Une innovation qui sera, promettent cependant les deux parties, estampillée « Made in Morocco » et qui devrait permettre aux acteurs publics comme privés de renforcer leur arsenal technologique dans la lutte contre les fraudes, la contrefaçon et les produits non-conformes. Si rien n’indique que cette solution sera réservée aux seuls groupes et gouvernements africains, il ne faut pas voir un hasard dans le fait que SICPA ait choisi le Maroc pour développer ses futurs produits, car le continent multiplie les initiatives pour limiter le poids du commerce illicite.
L’Afrique se mobilise contre l’économie illicite
Santé, énergie, alimentation… : dans chacun de ces secteurs, le commerce illicite reste, en Afrique, florissant. Un phénomène qui n’est d’ailleurs pas circonscrit au continent, le phénomène touchant aussi l’Europe et l’Asie. Quelques chiffres donnent la mesure d’un phénomène qui, pour être relativement méconnu, n’en menace pas moins les perspectives économiques et sociales du continent tout entier. En Afrique, près d’un médicament sur trois est une contrefaçon ; plus de 130 milliards de dollars de carburants sont volés chaque année ; la fraude alimentaire s’élèverait à près de 40 milliards de dollars par an ; etc. Et pour chaque boite de médicaments contrefaits, chaque baril de carburant volé, chaque produit alimentaire tombé du camion, ce sont autant de recettes fiscales en moins pour les États concernés – et donc, autant de moyens d’actions amputés pour les pouvoirs publics.
A titre d’exemple, les seuls vols de pétrole auraient coûté plus de 5,2 milliards de dollars au Nigéria en 2021. Autant de raisons qui ont conduit SICPA à préconiser, dans un rapport publié en début d’année, un renforcement des systèmes de traçabilité anti-fraude comme il en existe déjà sur certains produits comme l’alcool et le tabac. Avec des résultats spectaculaires à la clé : en adoptant des solutions de marquages fiscaux sur ce type de produits, la Tanzanie a enregistré une augmentation de 60 % des taxes sur l’alcool, le Togo une hausse de 35 %, le Kenya une hausse similaire. Sur le segment du cacao, l’une des principales sources de revenus du pays, la Côte d’Ivoire vient de lancer un système de traçabilité.