Les pays de la région sud-américaine de l’Amazonie ont créé, à l’issue d’un sommet tenu du 8 au 9 août à Belém dans la zone amazonienne du Brésil, une « alliance » contre la déforestation. Cette rencontre constitue pour les Etats membre un tournant décisif dans la mise en œuvre du programme de lutte contre la déforestation. Une décision saluée par les populations autochtones.
Présentée comme un « tournant » par le président brésilien, Lula, cette réunion n’a pourtant pas fixé d’objectif concret. Dans une déclaration commune, le Brésil, la Bolivie, la Colombie, l’Équateur, le Guyana, le Pérou, le Suriname et le Venezuela ont formé une « Alliance amazonienne de combat contre la déforestation ».
L’alliance « a pour but de promouvoir la coopération régionale dans le combat contre la déforestation, pour éviter que l’Amazonie n’atteigne le point de non-retour ». Si ce point de non-retour était atteint, l’Amazonie émettrait plus de carbone qu’elle n’en absorberait, ce qui aggraverait le réchauffement de la planète.
Une « alliance », mais pas d’objectifs concrets
Mais contrairement aux attentes des organisations de défense de l’environnement, cette déclaration commune publiée à l’issue du premier des deux jours du sommet ne présente aucun objectif commun pour éradiquer totalement la déforestation, comme le Brésil a promis de le faire d’ici 2030. Ce document-fleuve en 113 points pose de façon détaillée les jalons d’une coopération entre les huit pays membres de l’Organisation du traité de coopération amazonienne (OTCA).
Le président colombien appelle à des actes concrets
Si le président brésilien a déclaré qu’« il n’a jamais été aussi urgent de reprendre et d’étendre notre coopération », son homologue colombien Gustavo Petro a pour sa part appelé à ce que ces paroles se traduisent en actes concrets au plus vite. « Si nous sommes au bord de l’extinction, si c’est lors de cette décennie qu’il faut prendre des décisions, que sommes-nous en train de faire, à part des discours ? ».
Et de rappeler également que la « déforestation zéro » serait « insuffisante ». « La science nous a montré que même si on recouvre le monde entier d’arbres, ça ne suffira pas à absorber les émissions de CO2 (…). Il faut abandonner les énergies fossiles », a-t-il dit.
Outre les pays d’Amérique Latine, deux dirigeants africains du bassin du Congo, deuxième massif forestier au monde, étaient conviés à cette réunion. Il s’agit de Félix Tshisekedi de la RDC et Denis Sassou Nguesso son voisin de l’autre rive.
Le premier a martelé dans son allocution à la tribune de ce sommet, que la RDC revêt un rôle clé dans la lutte contre le changement climatique, en ce qu’elle représente, tout comme les pays de l’espace amazonien, l’un des poumons de la planète et l’un des pays solution face aux enjeux climatiques.
Pour le numéro un de la RDC, ce sommet élargi vient agrémenter et mettre en lumière le pas décisif marqué par la République Fédérative du Brésil, la République d’Indonésie et la République Démocratique du Congo qui, à travers l’adoption d’une approche globale et collaborative ont abouti, le 14 novembre 2022, à Bali, à la Déclaration conjointe sur la Coopération autour de la forêt tropicale et l’action climatique, « BIC » en sigle, entre les trois pays précités.
Cette Alliance trilatérale pour la Coopération sur les forêts tropicales et l’action climatique se veut un cadre de concertation, de partage d’expériences, d’échanges et d’actions sur les questions cruciales relatives à la forêt et à la biodiversité. À ce titre, elle pourra formuler des propositions concertées.
L’Indonésie, la République du Congo et le Congo-Brazzaville, qui abritent de vastes forêts tropicales dans d’autres continents, notamment celles ayant trait aux marchés de crédit carbone ont rehaussé de leurs présences en prenant part lors des débats, car le prochain sommet des trois grands massifs forestiers à savoir l’Amazonie, le bassin du Congo et le Bornéo tiendront un sommet dans les prochains jours à Kinshasa.