La Guinée franchit un seuil institutionnel clé dans le pilotage de son agenda de transformation avec la création d’une Delivery Unit dédiée au Programme Simandou 2040. Rattachée directement à la Présidence de la République, cette unité d’exécution et de pilotage de la performance acte un changement de méthode : moins d’annonces, plus de résultats mesurables.
Pensé comme une vision économique à quinze ans, Simandou 2040 dépasse le strict cadre du mégaprojet minier. Il ambitionne de convertir la rente du fer en levier de transformation structurelle, via un corridor industriel intégré, des infrastructures lourdes (rail, routes, énergie), des zones économiques spécialisées et une montée en gamme du capital humain et numérique. Le cap est clair : faire des ressources naturelles un actif productif et durable, et non une simple ligne budgétaire.
La Delivery Unit se positionne comme l’outil central de cette ambition. Sa mission : orchestrer l’exécution, lever les goulets d’étranglement administratifs, synchroniser ministères et agences, suivre les jalons, arbitrer rapidement. En clair, réduire l’écart – chronique dans la sous-région – entre stratégie affichée et mise en œuvre effective. Le rattachement au sommet de l’État vise à court-circuiter les lenteurs décisionnelles et à imposer une culture de la performance et de la redevabilité.
Au-delà du suivi opérationnel, l’unité joue un rôle stratégique dans l’alignement budgétaire et financier du programme. Elle doit veiller à la cohérence entre priorités, allocations et résultats, tout en soutenant des mécanismes de financement de long terme, notamment via le fonds souverain guinéen appelé à capter et lisser les revenus du projet Simandou. L’enjeu est double : crédibiliser la trajectoire macrofiscale et rassurer investisseurs et partenaires internationaux.
Alors que l’exploitation de Simandou entre dans sa phase concrète, la création de cette Delivery Unit apparaît comme un test grandeur nature de la capacité de l’État guinéen à gouverner par les résultats. Si l’outil tient ses promesses – discipline d’exécution, transparence, arbitrage rapide – Simandou 2040 pourrait devenir bien plus qu’un projet minier : un cas d’école de transformation économique pilotée, observé de près en Afrique de l’Ouest.

