Nommé en janvier 2025 dans un contexte de fortes tensions sur la dette congolaise, Christian Yoka a réussi son pari. Retour sur les marchés financiers après plus de vingt ans d’absence et, surtout, retour de la confiance, tant sur le marché financier régional que sur le marché de la dette, là où seuls les fondamentaux font foi. Dans cette tribune, il appelle au Congo et à la sous-région à traduire le redressement économique en reconnaissance financière.
Au Congo et dans la sous-région, traduire le redressement économique en reconnaissance financière
Le Congo progresse. Ses performances budgétaires le prouvent, même si les tensions de financement rappellent chaque jour combien le chemin reste exigeant. Ce décalage, loin de décourager, doit nourrir notre volonté d’agir. Nous avons renoué avec la stabilité budgétaire, la discipline financière et une gouvernance économique exigeante. Nos comptes sont solides, nos excédents confirmés, nos engagements tenus. Pourtant, une contradiction persiste : celle d’un pays économiquement solide, mais financièrement contraint.
Ce paradoxe n’est pas propre à notre pays. Il touche plus largement les économies émergentes qui peinent à mobiliser les financements nécessaires à leur développement.
La succession de chocs exogènes qui ont affecté l’ensemble des économies mondiales, et en particulier les pays en développement, a nécessité un appui plus important de la puissance publique. Ces efforts ont été principalement financés par les systèmes bancaires domestiques, se retrouvant aujourd’hui fortement contraints, à un moment où l’aide au développement est également en retrait.
Vers un cercle vertueux
Pendant trop longtemps, l’insuffisance d’accès aux marchés de capitaux internationaux a alimenté un cercle vicieux : les banques de la sous-région ont consacré une part croissante de leur bilan au financement des États, au détriment de l’économie réelle et de la croissance de demain. Nous voulons en sortir. C’est le sens de notre politique : créer les conditions d’un financement équilibré, où la stabilité budgétaire de l’État ne se fait pas au détriment de l’activité économique et de la prospérité partagée.
Pour en sortir, nous avons engagé un effort collectif : maintenir notre trajectoire budgétaire excédentaire, mobiliser méthodiquement tout financement concessionnel disponible, et préserver la soutenabilité du système financier sous-régional. C’est un travail patient, exigeant, mais nécessaire pour engager le pays sur une dynamique vertueuse.
La tâche reste ardue. Si nous sommes parvenus à renforcer nos fondamentaux, la confiance reste à construire. Notre longue absence sur les marchés de capitaux internationaux se traduit par un déficit de perception de la part des principaux acteurs de la finance mondiale. Notre cap est donc clair : traduire le redressement économique en reconnaissance financière.
Des actions concrètes pour restaurer la confiance
Ce travail est en cours. Nous avons approfondi le dialogue avec les agences de notation de crédit, réaffirmé nos priorités macroéconomiques et calibré une stratégie de financement à la mesure de nos ambitions.
Notre objectif n’est pas seulement de mobiliser des financements, mais de restaurer la confiance – celle des investisseurs internationaux et de nos partenaires du développement.
Un nouvel élan à travers une opération de gestion proactive de la dette
C’est dans ce cadre que nous avons lancé une opération de gestion active de la dette. Celle-ci s’est traduite par l’émission en novembre, puis en décembre 2025, pour un total de 930 millions de dollars américains, d’une obligation internationale dont les fonds sont alloués au refinancement de lignes de dette domestique existantes.
Cette opération est nécessaire, puisqu’elle répond à un objectif concret de soutien aux conditions de liquidité, en offrant un bol d’air aux banques de la sous-région. Elle est également maîtrisée, puisqu’elle maintient le ratio d’endettement de l’État constant, tout en diminuant le montant des échéances de remboursement à court terme.
Son succès illustre l’intérêt accordé par les investisseurs internationaux au profil de crédit de la République du Congo. Il traduit aussi la crédibilité de notre approche : agir avec méthode, dans le respect des équilibres, et sans compromettre la viabilité des finances publiques. C’est une démarche de responsabilité, mais aussi de confiance : en notre trajectoire, en nos institutions financières, en la stabilité de notre économie.
Cette opération marque enfin une étape structurante : elle ouvre un cycle vertueux d’amélioration durable de l’accès au financement, d’assainissement du système financier sous-régional, et de renforcement de la stabilité macroéconomique.
Notre responsabilité, aujourd’hui, est de poursuivre dans cette voie : celle d’un pays rigoureux dans sa gestion, ambitieux dans sa vision, et pleinement engagé au service de la prospérité partagée et durable.

