Paiement numérique et inclusion financière : enjeux de souveraineté monétaire en Afrique de l’Ouest. C’est autour de ce thème central que s’est ouvert, le 10 décembre 2025 à Dakar, le Salon Monétique National, un rendez-vous majeur organisé par le Comité Monétique National (CMN), l’Association Professionnelle des Banques et Établissements Financiers du Sénégal (APBEF) et le Groupement Interbancaire Monétique de l’Union Monétaire Ouest Africaine (GIM-UMOA). L’événement réunit banques, fintechs, opérateurs de paiement, régulateurs, institutions publiques et grand public autour des enjeux stratégiques de la digitalisation financière, dans un contexte où la maîtrise des systèmes de paiement devient un impératif de souveraineté pour les économies ouest-africaines.
Dès l’ouverture, le Directeur général du GIM-UEMOA, Minayegnan Coulibaly, a posé le débat : « Plus de 80 % des paiements dans notre région sont encore effectués en espèces, alors même que le paiement numérique croît de 20 % par an ». Rappelant que le GIM-UEMOA joue depuis plus de deux décennies un rôle structurant dans le développement monétique régional, il a insisté sur la nécessité d’accélérer l’interopérabilité : définir nos propres normes, bâtir nos rails de paiement inclusifs, et réduire une dépendance technologique encore trop forte vis-à-vis de l’étranger.
Abondant dans le même sens, Khady BOYE HANNE, Administrateur Directeur Général de BGFIBank Sénégal et Présidente de l’APBEFS, a souligné que ce Salon reflète la vision du Comité Monétique National, dont près de 80 % des membres relèvent de l’APBEF. Évoquant les technologies émergentes — blockchain, paiement par QR code, tokenisation — elle a appelé à la mise en place d’un cadre commun pour affronter les défis du moment, notamment la cybersécurité et la montée en puissance des paiements instantanés.
Le Directeur national de la BCEAO pour le Sénégal, François SENE, a pour sa part rappelé que le taux de bancarisation stricto sensu s’établit à 24 %, contre 64 % si l’on inclut les services de mobile money. Saluant la mise en œuvre progressive du système de paiements instantanés piloté par la Banque centrale, il estime que les perspectives de transformation financière restent largement favorables pour le Sénégal et la sous-région.
Pour Bamba Diop, Directeur des institutions de microfinance au ministère des Finances et du Budget, la monétique « n’est plus une alternative, c’est le cœur battant de l’inclusion financière ». Il prévient toutefois que cette croissance rapide pose un défi majeur : la confiance. D’où le rôle essentiel joué par l’Observatoire de la qualité des services financiers et par le médiateur auprès des banques, qu’il représente.
Au terme d’une cérémonie d’ouverture dense en analyses, en perspectives et en engagements, le Salon Monétique National se poursuit jusqu’à demain. Panels thématiques, démonstrations technologiques et un large espace de networking animé par un centre d’exposition réunissant tout l’écosystème : la rencontre ambitionne de tracer les futures lignes directrices d’une souveraineté monétaire renforcée par un paiement numérique ouvert, inclusif et totalement interopérable.

