La Mauritanie a tenu, les 8 et 9 décembre 2025, ses États généraux de l’assurance, un événement stratégique organisé en partenariat avec FINACTU et placé sous la supervision de la Banque Centrale de Mauritanie (BCM), qui assure depuis septembre 2025 la régulation du secteur. Ce transfert de supervision, assorti d’une volonté affirmée de refonder le marché, marque l’ouverture d’un vaste chantier de transformation visant à redonner à l’assurance la place qu’elle mérite dans le système financier national.
Pendant deux jours, compagnies d’assurances, intermédiaires, professions judiciaires, forces de sécurité, institutions financières, partenaires techniques et acteurs de l’écosystème se sont réunis autour d’ateliers, de panels d’experts internationaux et de sessions de concertation. Ces échanges ont permis de dresser un diagnostic lucide d’un secteur encore insuffisamment développé malgré une dynamique positive initiée depuis 2020, principalement portée par la branche Non-Vie.
Les discussions ont mis en évidence plusieurs causes structurelles limitant le développement du marché : une sous-capitalisation notable, liée à un capital minimum fixé à 30 millions MRU (soit 750 000 USD.) , nettement inférieur aux standards régionaux ; une fragmentation excessive du secteur, qui compte 17 compagnies pour moins de 5 millions d’habitants, dont 10 focalisées sur l’Automobile ; et un déficit global de compétences techniques et de culture assurantielle.
Malgré ces fragilités, les travaux ont confirmé un potentiel de croissance considérable : le marché pourrait tripler à court terme et jusqu’à être multiplié par neuf dans l’hypothèse de réformes ambitieuses et cohérentes.
Les États généraux ont également permis d’avancer sur trois piliers structurants de la réforme engagée : la co-construction d’un contrat-programme entre la BCM et les compagnies d’assurance, l’élaboration participative d’un nouveau Code des assurances, et la modernisation du dispositif de contrôle et de supervision. Les six ateliers de la deuxième journée ont permis de consolider un consensus autour d’une stratégie nationale ambitieuse d’assainissement et de développement du secteur, structurée en trois axes et huit objectifs.
Le premier axe vise à poser les bases d’un secteur assaini et crédible, en renforçant les capacités de supervision, en rétablissant la solvabilité des compagnies et en encadrant la distribution.
Le deuxième axe s’attache à instaurer une discipline durable de « zéro tolérance », notamment à travers l’application stricte des règles prudentielles, le renforcement de la déclaration et de l’indemnisation des sinistres, et l’effectivité des assurances obligatoires.
Le troisième axe porte sur la modernisation et le développement du marché, par la promotion de nouveaux produits — tels que l’assurance agricole, la micro-assurance ou le Takaful — et par un renforcement durable des compétences techniques des acteurs.
À l’issue des travaux, un contrat-programme a été officiellement signé entre la Banque Centrale de Mauritanie et l’Association Professionnelle des Assureurs de Mauritanie (APAM), sous la présidence de Son Excellence Madame Aminata Kané, Vice-Gouverneure de la BCM. Les deux institutions se sont engagées à mettre en œuvre les recommandations formulées et à assumer pleinement leur part de responsabilité dans l’exécution des réformes. «Ces journées de consultation ont constitué une étape importante pour diagnostiquer la réalité du secteur des assurances et définir les contours d’une réforme globale à la hauteur des défis et des opportunités existants », a ainsi déclaré Aminata Kane.
La vice gouverneure de la BCM estime que la feuille de route permettra d’accélérer la modernisation, d’améliorer la gouvernance, de renforcer la confiance et d’améliorer la qualité des services.
Un optimisme partagé par la présidente de l’Association professionnelle des assureurs mauritaniens, Ezza mint Memma, pour qui ces journées de consultation ont permis d’établir une vision commune et objective de la réalité du secteur des assurances en Mauritanie.
Finactu, partenaire technique de référence
Le partenariat avec FINACTU constitue un appui clé dans la structuration de ces États généraux. Dans son allocution, Madame Géraldine Mermoux, Directrice générale associée de FINACTU, a salué la démarche engagée et rappelé l’expérience du cabinet dans l’accompagnement de pays tels que le Maroc ou la Tunisie dans leurs réformes assurantielles. Elle a souligné que le succès de telles transformations repose sur trois convictions fortes : l’importance de l’assainissement pour restaurer la confiance, la nécessité de solutions adaptées aux réalités nationales — notamment en matière d’assurance agricole, de micro-assurance, de Takaful et de digitalisation — et l’exigence d’une mobilisation collective de l’ensemble des acteurs publics et privés.
Ces États généraux marquent ainsi un tournant décisif pour le secteur mauritanien de l’assurance, qui s’engage sur une trajectoire de professionnalisation, de modernisation et de crédibilisation. Les réformes annoncées ambitionnent de structurer un marché plus discipliné, plus transparent et davantage orienté vers les besoins des citoyens et des entreprises, à même de contribuer durablement à la stabilité financière et au développement économique du pays.

