Casablanca, 3 novembre 2025 — En ouvrant la cinquième édition de l’Africa Financial Industry Summit (AFIS), placée sous le haut patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Makhtar Diop, directeur général de la SFI, a lancé un appel appuyé à la mobilisation du capital africain face au défi démographique du continent. « Plus de 300 millions de jeunes Africains arriveront sur le marché du travail dans la prochaine décennie », a-t-il averti, appelant régulateurs, gouvernements, financiers et investisseurs à agir collectivement pour transformer cette pression sociale en dividende économique. Citant l’épargne locale, les marchés régionaux et l’investissement international comme leviers prioritaires, l’ancien ministre sénégalais a souligné que « mobiliser le capital africain n’est pas seulement un impératif économique, c’est une nécessité sociale majeure ».
Makhtar Diop a articulé l’action du Groupe de la Banque mondiale autour d’une boussole unique : la création d’emplois, avec trois piliers structurants : investissement dans les infrastructures et le capital humain, réformes pour améliorer l’environnement d’affaires, et mobilisation accrue du secteur privé. Il a rappelé les ambitions opérationnelles du groupe, citant notamment l’initiative Mission 300 menée avec la BAD pour fournir l’accès à l’électricité à 300 millions d’Africains d’ici 2030, et le lancement d’AgriConnect destiné à faire de l’agriculture à petite échelle un moteur de croissance et d’emplois. Le président de la Banque mondiale, Ajay Banga, vise par ailleurs à doubler les engagements annuels dans l’agrobusiness pour atteindre 9 milliards de dollars d’ici 2030.
Sur le volet réglementaire, Diop a mis en avant le programme J-CAP, qui a permis de préparer 55 réformes législatives et réglementaires dans 20 pays et de mobiliser 17 milliards de dollars d’investissements privés, dont plus de 7 milliards en Afrique. Côté financement, il a annoncé l’évolution du modèle de la SFI vers une logique « originate-to-distribute », afin de créer des marchés et attirer davantage de capitaux grâce à la titrisation, aux garanties et au financement en monnaie locale, jugé essentiel pour renforcer la résilience des PME et soutenir l’industrialisation.
« Les institutions financières doivent proposer des produits adaptés, les régulateurs favoriser l’innovation sans sacrifier la stabilité, et les investisseurs reconnaître pleinement le potentiel africain », a-t-il déclaré, rappelant que la jeunesse du continent attend des perspectives concrètes. L’Afrique, selon lui, peut désormais « passer d’un continent d’opportunités à un continent d’investissements » à condition d’agir avec urgence, coordination et ambition. « Notre responsabilité collective est d’ouvrir des voies vers la prospérité. Le moment est venu de basculer dans l’action », a conclu Makhtar Diop sous les applaudissements, donnant le ton d’un sommet résolument tourné vers la mobilisation du capital africain et l’accélération des marchés financiers du continent.

