À l’occasion de la 2ᵉ édition du West Africa Sustainable Finance & Investment Forum (WASFIF 2025), le Directeur général de la BRVM, Dr Edoh Kossi Amenounvé, a livré une analyse sur les leviers du financement de la croissance en Afrique, autour du thème : « La finance durable en Afrique, quels leviers pour l’accélération du développement ? ». Selon lui, l’Afrique fait face à un double impératif : verdir son économie tout en renforçant sa capacité de financement interne, afin que le changement climatique ne devienne pas une catastrophe économique durable.
Le DG de la BRVM a rappelé que les besoins de financement du continent ont été multipliés par quatre en vingt ans, sans que la part de l’Afrique dans les investissements directs étrangers n’augmente significativement.
Cependant, il observe une progression des deux principaux piliers du financement local : le secteur bancaire, dont le total bilan des 30 premières banques a quadruplé, et les marchés de capitaux, dont la capitalisation a doublé grâce à la création de nouvelles bourses et au développement du marché de la dette. « La dynamique du financement de nos économies doit désormais reposer sur le financement local », a-t-il insisté.
Avec une croissance moyenne de 4,1 %, les économies africaines demeurent résilientes, mais loin du seuil des 16 % sur 15 à 20 ans nécessaire pour sortir durablement du sous-développement. À cela s’ajoutent des défis multiples : disparités entre pays, pression démographique, urbanisation accélérée et impératifs climatiques.
La finance durable comme catalyseur de transformation
Pour Dr Amenounvé, la finance durable dans ses trois dimensions, solidaire, responsable et verte représente un outil incontournable pour soutenir une croissance inclusive et respectueuse de l’environnement. Toutefois, il prévient : « Même la finance durable ne suffira pas si elle n’évolue pas avec les mutations de la finance digitale. » Il appelle ainsi à une approche intégrée, combinant innovation financière, transparence réglementaire et mobilisation de l’épargne locale à travers la digitalisation.
Le patron de la BRVM plaide pour donner davantage de moyens aux asset managers africains, afin qu’ils deviennent de véritables acteurs du financement durable. Il souligne également l’importance d’une réglementation adaptée, garantissant la transparence des opérations et la création d’un écosystème d’investisseurs d’impact locaux capables d’accompagner les projets verts et inclusifs.
En somme, Dr Amenounvé a lancé un appel à l’action : « Si nous créons un environnement réglementaire favorable, si nous promouvons les investisseurs d’impact et mobilisons l’épargne locale grâce à la finance digitale, alors la finance durable pourra réellement accélérer la croissance, transformer nos économies et garantir une richesse mieux partagée. »

