En marge de la 2ᵉ édition du West Africa Sustainable Finance & Investment Forum (WASFIF 2025), placée sous le thème « La finance verte, instrument de financement des économies de l’Union », Olivier Buyoya, directeur régional Afrique de l’Ouest de la Société Financière Internationale (IFC), a livré une présentation sur le thème « Finance durable : historique, futur, défis et opportunités ». Une occasion pour le Burundais de dresser un panorama de l’évolution de la finance durable à l’échelle mondiale et régionale, soulignant la transition engagée depuis les premiers fonds d’investissement socialement responsables des années 1980 jusqu’à l’ère des obligations vertes et sociales post-Accord de Paris.
Selon M. Buyoya, la finance mondiale ne se limite plus à financer la croissance : elle vise désormais à générer de la valeur à long terme et à promouvoir un modèle économique plus responsable.
En 2024, les émissions d’obligations vertes, sociales et durables ont en effet atteint un niveau record de 8 000 milliards de dollars, illustrant ce changement de paradigme.
Mais les besoins restent colossaux : d’ici 2030, le financement climatique mondial devrait dépasser 6 000 milliards de dollars par an, alors que seuls 1 500 milliards ont été mobilisés en 2024. L’Afrique, à elle seule, n’a capté que 44 milliards de dollars sur un besoin estimé à 190 milliards. « Plus de 80 % du financement climatique actuel provient encore du secteur public », a-t-il rappelé, plaidant pour une implication accrue du secteur privé.
L’expert de la SFI a identifié trois priorités majeures pour accélérer la transition : crédibilité et comparabilité des données ESG, afin de renforcer la transparence et la confiance des investisseurs, inclusion financière, notamment des PME, des femmes et des jeunes, encore largement sous-financés malgré leur potentiel économique, et innovation technologique, grâce à l’IA et au big data, qui permettent de mieux évaluer les risques climatiques et de lutter contre le greenwashing.
Des avancées en Afrique de l’Ouest
La région ouest-africaine enregistre déjà des progrès en ce sens. En Côte d’Ivoire, l’émission d’une obligation souveraine de durabilité de 1,1 milliard de dollars en 2024 n’est pas passée inaperçue, tandis qu’au Sénégal, les efforts se concentrent sur l’énergie verte, la foresterie et l’agriculture durable, avec l’appui de la SFI. La BOAD a ouvert la voie en 2021 avec le premier Sustainability Bond africain de 750 millions d’euros. La BIDC et la BOA Sénégal ont suivi avec des émissions locales d’obligations vertes et sociales, confirmant la crédibilité du marché régional.
Pour consolider ces acquis, Olivier Buyoya a lancé un appel à l’action autour de trois axes, notamment, renforcer la transparence et la divulgation des données liées au climat, structurer le marché des obligations durables pour le rendre plus accessible et attractif, également mobiliser davantage les capitaux privés, condition essentielle pour combler le déficit de financement.
« Les besoins pour une transition durable dépassent largement les ressources publiques. Il faut mobiliser les investisseurs nationaux et régionaux pour bâtir une finance plus inclusive et résiliente », a-t-il conclu.
Le message d’Olivier Buyoya est clair : la finance durable n’est plus une option, mais une nécessité stratégique pour les économies de l’Afrique de l’Ouest. Entre innovation, inclusion et transparence, la région dispose aujourd’hui d’atouts majeurs pour transformer les défis climatiques en opportunités de développement et de création d’emplois.

 
		 
									 
					
