Conakry, 28 octobre 2025 — La République de Guinée a officiellement lancé le programme Simandou 2040, feuille de route destinée à structurer la transformation économique du pays autour du développement du gisement de fer de Simandou et de ses infrastructures ferroviaires et portuaires associées. Le document stratégique a été remis au chef de l’État, le général Mamadi Doumbouya, par Djiba Diakité, directeur de cabinet de la Présidence et président du Comité stratégique Simandou, au cours d’une cérémonie organisée au Palais Mohammed V de Conakry. Cette initiative s’inscrit dans le prolongement de la décision du Conseil des ministres du 30 mai 2024, qui avait demandé l’élaboration d’un cadre de développement s’appuyant sur les leviers économiques, industriels et logistiques du projet Simandou.
Selon les autorités, les conditions institutionnelles, juridiques et financières du projet ont été consolidées au cours des derniers mois. Parmi les étapes structurantes figurent la sécurisation du montage intégré mines-rail-port, la création de la Compagnie du TransGuinéen (CTG) dotée d’une participation publique de 15 %, la mise en place d’un plan de contenu local renseignant des obligations d’emploi national et de sous-traitance locale, et l’obtention d’une notation souveraine B+ avec perspective stable permettant au pays de préparer sa réintégration progressive sur les marchés internationaux de capitaux. La période a également été marquée par la création du Fonds souverain de Guinée et le lancement de « La Guinèfé », initiative de nation branding destinée à repositionner l’image économique du pays.
Le programme repose sur la transformation de la rente naturelle en productivité, capital humain et industrialisation. Les autorités fixent des objectifs ambitieux en matière d’infrastructures : 2 900 kilomètres d’autoroutes, 2 500 kilomètres de lignes ferroviaires et un taux de couverture numérique visant 95 % à l’horizon 2040. Ce cadrage long terme s’accompagne d’engagements sur la modernisation de l’administration, la discipline budgétaire, la lutte contre la corruption et la professionnalisation des forces de sécurité — conditions jugées nécessaires pour ancrer la crédibilité de l’économie et favoriser l’investissement privé.
Le volet financier du programme prévoit un investissement total de 200 milliards de dollars sur quinze ans, dont 65 milliards sur la période 2025-2030, avec une contribution attendue du secteur privé à hauteur de 70 %. Une Delivery Unit rattachée à la Présidence sera chargée du suivi, de la coordination et du contrôle de l’exécution afin de garantir la transparence de l’allocation financière et la mesure des résultats.
Simandou, considéré comme l’un des plus grands projets miniers au monde en développement, constitue l’ossature de cette stratégie. Son exploitation doit s’accompagner de la construction du port en eau profonde de Morebaya et de la mise en service du corridor ferroviaire transnational reliant la région forestière guinéenne au littoral. L’enjeu central consiste à faire de ce projet minier un vecteur d’intégration économique, de montée en gamme productive et de diversification, dans un contexte où la Guinée entend réduire sa dépendance aux exportations de matières premières brutes et améliorer la redistribution de la richesse nationale.
La phase opérationnelle, attendue dès 2026 avec l’accélération des chantiers ferroviaires et portuaires, constituera un test pour la capacité de l’État à absorber des volumes d’investissements inédits, tout en assurant la stabilité réglementaire, la rigueur financière et la montée en compétence de la main-d’œuvre locale. Par son ampleur financière, son horizon temporel et son articulation institutionnelle, Simandou 2040 apparaît comme la matrice économique du cycle post-transition guinéen. Sa réussite dépendra de sa capacité à exécuter ses engagements et à transformer cet atout minier en véritable levier de développement durable et inclusif.

